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Pour une Algérie ni verte ni rouge mais blanche
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 10 - 05 - 2012

Nous ne voulons ni un vert d'un paradis erroné sur terre, ni un rouge d'un éternel enfer, mais juste une Algérie blanche et surtout souriante et franche.
En effet, notre vœu est de voir l'installation d'une nouvelle République qui répondra aux attentes d'un peuple fatigué par tant de promesses non tenues. Un peuple victime de son mutisme. Un peuple qui attend depuis un demi-siècle des changements qui n'ont jamais connu la route de la cité. Des attentes qui avaient poussé les jeunes vers le suicide en mer et les vieux vers un pessimisme noir. En effet, cela fait 50 ans d'indépendance, mais la majorité des citoyens n'ont toujours pas eu la chance de jouir de la tiédeur de la liberté. Après la lutte armée, les militaires étaient partagés et la guerre des clans avait départagé les amis et avait créé une haine dont le peuple tout seul a assumé les retombées. C'était le peuple qui voyait sous un silence de plomb la naissance des nouveaux riches. Des nouveaux maîtres sont venus pour assujettir leurs frères. C'était l'installation d'un nouveau régime qui n'était ni libéral ni socialiste et qui avait su brouiller toutes les pistes. Des lots de terrain étaient distribués pour les amis et des comptes en devises étaient ouverts à l'étranger. L'Algérie avait perdu ses titres de noblesse et elle était redevenue la Mecque des frimeurs. Les puits de gaz et de pétrole étaient sous la main d'hommes forts et les caisses de l'Etat alimentaient des gens aux esprits morts. Le temps coulait en silence et les cœurs des pauvres commençaient à perdre patience. Boumediène n'était plus de ce monde et son prédécesseur n'avait plus de pouvoir sur les nouveaux hommes du pouvoir. Ils étaient devenus une menace et Chadli Bendjedid ne savait pas quoi faire devant cette variété de piranhas qui dévoraient toutes les carcasses. Alors, il avait donné l'agrément à tous les partis politiques de l'époque. Une ouverture avant terme et avant une préparation convenable des mentalités. Une ouverture qui avait donné naissance à une opposition farouche au pouvoir et ni monsieur Ghozali ni monsieur Hamrouche, en ces temps-là, n'avaient pu trouver des solutions au conflit qui avait endeuillé toute l'Algérie. Le sang était versé et les esprits étaient renversés. L'Algérie venait de perdre sa paix et sa tranquillité. Nos caisses étaient vides, nos visages pâles et livides. Nos rues se vidaient à quatre heures et la mort rodait dans nos villes et douars. Nous étions redevenus un peuple sans culture du moment que nos morts n'avaient plus de sépulture. C'était le retour à l'ère des cavernes. Nos cœurs n'avaient goût à rien et nous étions une nation qui vit pour rien. Nous étions un peuple égaré et nul de nous ne savait où garer. Nous étions des têtes sans visage qui craignaient le trépas à chaque virage. Les mères pleuraient avec rage et les pères étaient dans des cages. Nous étions une nation perdue qui n'attendait rien, car tout était vendu. Les Occidentaux nous épiaient avec un air de curiosité et nos voisins de l'ouest voulaient voir chez nous plus d'atrocité.
Heureusement, des hommes braves étaient là, et l'Algérie avait pu renaître des cendres. Elle avait pu reprendre ses forces pour juste dire surtout à la France qu'elle ne lui pardonne jamais tous les méfaits atroces. Qu'elle n'oublie jamais les massacres du 8 mai 1945. L'Algérie lui restait un peu de force pour lui dire aussi qu'elle n'oublie jamais les affres de la famine et surtout de l'orgueil que la France affichait avant, après son départ et surtout pendant les années noires. L'Algérie voulait lui avouer qu'elle ne lui pardonne jamais tous les mensonges qu'elle divulguait juste pour faire endurer le mal.
Bien sûr, l'Algérie était rétablie et tous les notables du monde ne savaient pas quoi dire devant les miracles réalisés par une poignée de gens agréables. La colombe venait de battre le corbeau et le firmament reprenait sa couleur bleue. Les plaies étaient cicatrisées et les esprits n'avaient plus de mauvaises idées.
L'Algérie venait de tourner la page de la discorde pour laisser place à une nouvelle ère, où la justice devrait quitter les mains sombres pour n'obéir qu'aux textes et aux codes. Une ère où le citoyen retrouve tous ses droits sans crier fort et sans payer des pots-de-vin. Une Algérie qui sourit et qui guérit. Une Algérie qui lutte contre les crimes et qui défend toutes les victimes. Une Algérie qui cesse de préférer les intimes. Une Algérie qui applique les mêmes lois pour les pauvres et les fils des rois. Une Algérie qui change ses ministres. Une Algérie qui n'autorise chaque postulant à ne remplir que trois mandats aux postes de responsabilité. Une Algérie qui instaure une démocratie réelle en ouvrant les médias lourds et en programmant des débats auxquels participent tous les penseurs et non pas uniquement ceux qui sont au service du pouvoir en place. Des débats qui instaurent les vraies bases d'un Etat de droit qui dévorent toutes les crises et qui rassurent les parents sur l'avenir de leurs enfants. Des débats qui renforcent la confiance entre les tenants du pouvoir et les citoyens. Des débats qui cultivent les jeunes et qui versent l'espoir aux cœurs des vieux. Des débats fructueux, où les ministres répondraient aux questions de vrais journalistes en direct et non pas ceux que l'orpheline concocte derrière les rideaux. Des débats, où des vérités seraient dévoilées. C'est avec ce genre de comportement que tous les citoyens iraient voter sans les intimider avec les histoires de l'ogre. C'est avec la transparence dans la gestion des caisses de l'Etat que le citoyen cessera de jouer le sourd et il ira dire son mot. C'est en cessant de mentir sur les chiffres des revenus du gaz et du pétrole que le citoyen suivra les chaînes nationales et qu'il écoutera la voix des responsables tout en cessant de jouer l'indocile.
C'est en écoutant ses doléances et en essayant de lui rendre la vie agréable que le citoyen quitte son agressivité et fera tout pour décorer lui-même les rues de sa propre cité. Certes, il y a eu des réalisations, mais le citoyen se considère toujours comme un mort vivant ou un cadavre ambulant. Ce jeune qui n'a que des yeux pour voir les autres jouir de tous les plaisirs. Comment faire admettre à un adolescent que la vie n'est qu'un éternel combat et que la survie n'est que pour celui qui toujours se bat ? Ni les images ni les commentaires de ce qui se passe chez nos voisins n'arrivent à convaincre les jeunes et les vieux que le désordre ne mène qu'au chaos total.
Notre vœu est de voir le passage du flambeau des mains des moudjahidine aux mains des jeunes. Un passage qui marquera la naissance d'une nouvelle République qui sait faire plaisir à tous ses enfants. Une Algérie qui tuera ses ennemis non pas avec des armes, mais avec sa réussite à dépasser toutes les crises et surtout à éviter les drames. Notre aspiration est de voir une Algérie forte qui rassemble toutes les forces vives pour les inviter à la construction d'un nouveau pays où le citoyen aura tout le nécessaire pour une vie décente.
Pour finir, nous prions Celui qui ne dort pas une seconde, afin qu'Il sème son amour dans nos cœurs et que la haine quitte nos frontières. Nous voulons la paix pour juste la continuité des réformes. Une Algérie blanche qui stoppera toutes les forces étrangères qui sillonnent la Méditerranée et qui n'attendent que la moindre faute pour venir nous envahir et prendre nos richesses. Alors, réfléchissez bien avant le boycott des élections et sachez que la politique de la chaise vide ne mène que vers le suicide. Sachez aussi que cette vie n'est qu'un court passage et que l'homme sage est celui qui sait que la mort prendra tous les visages sans distinction d'âge. Sachez encore que nous aurions des comptes à rendre à Celui qui commande les deux mondes et que toute notre vie ne se résume rien qu'à quelques secondes. Donc, vivez heureux et videz vos têtes et vos cœurs de tous ces maux qui ont fait de vous des êtres tristes et malheureux. Sachez profiter de votre passage tout en vous préparant au grand voyage, là où nous partons tous un jour, mais sans nos bagages.


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