Hormis le FLN et le RND, naturellement satisfaits par les résultats électoraux dont ils ont été gratifiés, les autres partis ont fait entendre un concert d'imprécations contre la supposée fraude généralisée opérée à leur détriment dans le scrutin du 10 mai. Les plus véhéments dans la dénonciation sont les partis islamistes, qui s'estiment avoir été frustrés d'une victoire que tout annonçait. Le Parti des travailleurs et le FNA n'ont pas été en reste. Tous déclarent ne pas vouloir s'en tenir à la protestation verbale contre ce que Louisa Hanoun a qualifié de «hold-up électoral exprimant un mépris intolérable à l'égard du peuple, de son intelligence». Les trois leaders de «l'alliance verte», grande perdante du scrutin, ont, semble-t-il, engagé des contacts et des tractations avec d'autres états-majors partisans en vue de constituer un front anti-fraude. Sans attendre que ce front se constitue, Boudjerra Solt ani a laissé entendre que «l'alliance verte», à laquelle appartient son parti le MSP, envisage de retirer ses députés de la nouvelle assemblée nationale sortie des urnes dans les conditions qu'elle dénonce. Le chef du FNA, Moussa Touati, a pour sa part annoncé qu'il saisit aujourd'hui le Conseil constitutionnel afin de faire «invalider le scrutin législatif» et qu'en tout état de cause, sa formation ne restera pas silencieuse car victime de «procédés frauduleux de l'administration». Tout en ayant dénoncé des dépassements et des pratiques frauduleuses qu'aurait constatés ses représentant en certains bureaux de vote, le FFS se tient apparemment à l'écart du mouvement de protestation que tentent d'animer les formations déçues. Dans un communiqué signé par son premier secrétaire Ali Laskri, la formation de Hocine Aït Ahmed a déclaré «avoir prix acte des résultats de ce scrutin et y répondra politiquement». C'est le seul parti, en dehors du FLN et du RND, qui s'estime «avoir atteint son objectif quant à sa participation aux législatives du 10 mai 2012». Considérant que sa participation était «bien tactique» et avait pour «objectif la remobilisation politique de la population, le FFS proclame avoir atteint cet objectif, «même si le nombre de sièges obtenus ne reflète pas correctement la percée du parti au niveau national». Reste à savoir si les partis protestataires parviendront à s'entendre en vue d'actions unitaires anti-fraude et s'ils sont en mesure de mobiliser l'opinion autour de celles-ci. Ce qui s'annonce difficile à réaliser pour des formations ayant constaté que leur audience et leur capital sympathie auprès des citoyens ne sont pas franchement élevés. S'il est vrai que la forte abstention électorale qui s'est encore vérifiée dans le scrutin du 10 mai dénote la défiance citoyenne à l'égard du pouvoir en place, elle est en même temps révélatrice du discrédit dont sont frappés les partis ayant participé à la compétition électorale et appelé à un vote massif pour la circonstance. Il est a prévoir que si «protesta» il y aura en quelque forme que ce soit de la part des formations frustrées par les résultats électoraux, elle se passera dans l'indifférence de la grande majorité dés citoyens, mais aussi de celle de la communauté internationale. Laquelle a estimé par les voix de ses principaux acteurs que les élections législatives organisées en Algérie ont constitué «une avancée encourageante vers plus de démocratie dans le pays». Un satisfecit qui «autorise» le pouvoir à ignorer la fièvre contestatrice partisane provoquée par les résultats du scrutin. Toute la question est de savoir ce que ce pouvoir va faire de sa «victoire». Faire avancer le processus des réformes fondées sur le respect des droits de l'homme et sur des principes démocratiques, ainsi que lui demandent les principaux partenaires étrangers de l'Algérie, ou persister dans le verrouillage politique auquel il s'est adonné depuis plus d'une décennie, avec pour conséquence l'impasse dans laquelle le pays a été fourvoyé.