Le score électoral réalisé le 10 mai par le RND lui permet de conserver son statut de seconde formation politique du pays en ordre d'importance derrière le FLN, «son frère ennemi». Sauf qu'il maintient sa position en étant toutefois très largement surclassé par l'ex-parti unique avec lequel il a espéré faire au moins jeu égal, sinon le surpasser en termes de sièges. Cet espoir déçu n'a pas en apparence suscité de la frustration dans ses rangs, du moins à en croire son porte-parole, qui a signé au lendemain du scrutin un communiqué faisant état de la «satisfaction» du RND quant au score électoral qui est le sien. En réalité, c'est la consternation qui règne au RND au constat qu'avec ses 71 députés face aux 221 engrangés par le FLN, il n'aura plus qu'un rôle «d'utilité» dans la majorité présidentielle, alors qu'il a ambitionné d'en devenir le «pôle animateur déterminant». Avec les partis islamistes, le RND est finalement le grand perdant de la compétition électorale. Sa défaite, il ne peut pas pourtant la contester comme le font les premiers. Sauf à remettre en cause, comme eux, la transparence et la régularité des élections. C'est donc en formation affaiblie que celle d'Ouyahia est sortie des urnes. Elle devra, forcée et contrainte, se contenter de jouer les seconds rôles aux côtés de l'ex-parti unique et se contenter de ce que les arbitrages du Président lui octroieront en termes de portefeuilles ministériels dans le prochain exécutif gouvernemental. Si la formation de celui-ci devait obéir à la logique «démocratique», Ouyahia n'a pas l'espérance de conserver son poste de Premier ministre. Il se colporte par les milieux acquis à la thèse des quotas arbitrairement distribués que le score humiliant attribué au RND signifie qu'il a été décidé en haut lieu la mise hors jeu de son chef du processus préparatoire à la succession présidentielle de 2014. Sinon, comment comprendre le camouflet électoral prémédité dans ce cas qui lui a été infligé ? C'est aussi l'indice que la majorité présidentielle que le pouvoir a voulu faire sortir des urnes ne ferme pas la porte au courant islamiste. Fermeture dont le RND a fait miroiter la perspective en menant une campagne électorale axée sur la dénonciation sans nuance de la «dangerosité» de ce courant politique pour la stabilité et le développement du pays. Le silence observé par Ouyahia après la proclamation des résultats du scrutin tranche avec les réactions des autres chefs de formation qui ont, comme Belkhadem, salué leur «victoire» électorale ou, comme la majorité, élevé de tonitruantes protestations contre la «manipulation» du suffrage universel. Même si Ouyahia partage très probablement l'avis de ces derniers sur les résultats du scrutin, il est dans une situation et imprégné d'une culture politique qui lui interdisent de contester ces résultats, dès lors qu'ils sont la traduction d'un consensus s'étant réalisé au sommet de l'Etat entre ses centres de pouvoir. Dans la bataille l'opposant à Belkhadem dans la perspective de 2014, Ouyahia vient d'être sérieusement handicapé par la tournure qu'ont eue les élections législatives pour son parti.