Le FLN et le RND prétendent tous deux être ancrés dans le camp nationaliste et républicain. C'est donc a priori sur l'électorat de ce courant qu'ils comptent pour les élections législatives. Sauf que sous la houlette de Belkhadem, l'ex-parti unique ambitionne de mordre sur la frange de cet électorat en sympathie avec celui des islamistes. Depuis son intronisation à la tête du FLN, Belkhadem n'a nullement fait mystère de cette intention et a multiplié les signaux en direction de l'électorat islamiste. Le dernier a consisté à affirmer que le FLN n'écarte pas l'éventualité de faire alliance avec les islamistes au cas où il n'aurait que la majorité relative aux prochaines élections législatives. Ce qui sera fort probablement le cas, étant donné que la multiplication des formations qui vont être en lice au prochain scrutin et le mode électoral de la proportionnelle feront qu'il sera quasi impossible à un parti d'avoir la majorité absolue. A priori donc, il y a éventualité que le FLN et le RND ne siègeront plus du même côté de l'hémicycle dans la prochaine Assemblée nationale. Contrairement à ceux de Belkhadem, les messages préélectoraux envoyés par Ahmed Ouyahia, le patron du RND, sous-entendent nettement que la campagne électorale de sa formation se fera exclusivement en direction de l'électorat républicain et démocrate. Ouyahia a lui aussi évoqué la possibilité d'une alliance électorale pour le RND, mais avec des acteurs politiques du camp républicain et démocrate. Il ne faut pas pour autant trop vite tirer la conclusion que le FLN et le RND sont en train de prendre le large l'un par rapport à l'autre. L'un comme l'autre sont sous tutelle du pouvoir et tous deux à l'œuvre pour empêcher que la reconfiguration politique qui sortira des urnes du prochain scrutin se fasse au détriment de ce pouvoir. Le FLN et le RND donnent l'impression d'être dans des stratégies électorales antagonistes. En réalité, ils sont dans une répartition complémentaire des rôles. Comme c'est l'évidence qu'il y a une bipolarisation politique en Algérie, avec, d'un côté, des partis islamistes ou supposés tels, et de l'autre, ceux se déclarant réfractaires aux références à la religion dans l'exercice de la politique, il nous apparaît que le FLN et le RND ont été programmés pour être les pivots de ces deux courants, afin que celui d'entre ces pivots qui arrivera au pouvoir par les urnes ne formule pas de programme de gouvernance à l'opposé de celui qui a été soutenu et appliqué par l'Alliance présidentielle. Le FLN s'est ostensiblement «islamisé » avec Belkhadem à sa tête. Le RND, qui a pourtant approuvé et soutenu toutes les mesures que le camp républicain et démocrate a fustigées comme ayant réhabilité l'islamisme politique et lui offrent l'opportunité de revenir peut-être en force sur l'échiquier politique, fait lui dans la posture contraire en donnant à entendre qu'il ne renie pas avoir été «éradicateur » et fier de l'avoir été. Aux deux courants politiques qui se disputent les voix électorales algériennes, le FLN et le RND proposent en somme de se ranger derrière eux en fonction de leurs préférences doctrinales. Une prétention qu'a décelée le troisième contractant de l'Alliance présidentielle, le MSP, qui a claqué la porte de celle-ci parce que convaincu que les marionnettistes qui tirent les ficelles de cette alliance ont convenu de ne lui octroyer que le rôle de cinquième roue de la charrette dans les deux cas de configuration politique qu'ils pensent voir être dessinés par les résultats du prochain scrutin.