L'ouverture de la 6ème session ordinaire du conseil national du Rassemblement national démocratique (RND), jeudi, à Zeralda, a été marquée par des perturbations dans la salle de réunions, couronnées par des bagarres à l'extérieur de la salle. Le discours d'ouverture des travaux du chef du parti Ahmed Ouyahia a été interrompu, à deux reprises, par les opposants issus de son propre parti. Belkacem Mellah a coupé carrément la parole d'Ahmed Ouyahia, en évoquant l'article 50 du règlement intérieur et les statuts du parti qui donnent le droit au conseil national de retirer sa confiance au bureau politique pour en élire un nouveau. Après avoir été interrompu une deuxième fois, par Nouria Hafsi qui a voulu lire un communiqué au nom des opposants qui se sont constitués en «Front de sauvegarde» du RND, Ahmed Ouyahia a réagi. Il a affiché clairement sa position : «Vous avez le droit de lire le communiqué et de s'exprimer librement sur la situation interne du parti lors des débats, à huis clos» en promettant à ses opposants «un débat démocratique et un espace libre d'expressions» Les deux membres en question ont quitté la salle en refusant d'assister aux travaux. «On se retire, ce conseil est illégitime, 50 personnes dans la salle ont travaillé pour d'autres partis politiques, lors des élections du 10 mai», accuse Nouria Hafsi. Cette dernière a tenté de lire le communiqué. Mais peine perdue, la voix de Nouria Hafsi a été vite étouffée par des voix masculines graves, qui scandaient «Ouyahia, c'est notre chef». Il faut le dire, la colère est montée d'un cran lorsque Nouria Hafsi a tenté d'élever un peu plus la voix. La situation a dégénéré. De violents affrontements ont opposé un nombre important de partisans d'Ahmed Ouyahia et de Sedik Chihab contre un petit groupe d'opposants. Si Nouria Hafsi a été écartée, un des contestataires a été roué de coups. Les choses se sont accentuées avec l'arrivée du «renfort». Quatre jeunes hommes musclés en survêtement bleu sont venus faire de la démonstration devant un petit groupe de contestataires. N'ayant pas trouvé d'adversaires, ils se sont occupés de la presse en intimidant et en menaçant les photographes et les cameramens. «Si tu me prends en photo, tu verras», dit l'un d'eux. Nouria Hafsi a pointé du doigt la «gestion catastrophique» du parti. Elle accuse le chef et la direction du parti d'avoir favorisé «la cooptation, l'exclusion et l'absence de débats». Pour elle, «le parti est aujourd'hui dans le coma en raison de l'exclusion et la marginalisation d'une centaine de ses cadres et de ses militants». Les contestataires réclament la tenue d'un congrès extraordinaire avant les élections locales pour désigner une nouvelle direction. Pour sa part, Ahmed Ouyahia a tiré à boulets rouges sur les constestaires, lors de son discours d'ouverture. «Les égoïsmes individuels ont pris le pas sur l'unité des rangs, et cela n'a pas manqué d'influer négativement sur nos résultats aux élections du 10 mai», a-t-il affirmé en précisant «notre parti a reculé dans 15 wilayas». Les partisans d'Ouyahia ont affirmé devant la presse que les motivations des contestataires sont connues. «Ils refusent le déclassement, certains vont perdre leur place en tant que SG dans les bureaux de wilaya du parti, notamment dans les 15 wilayas qui ont connu un déclin lors des législatives».