Les appels à une intervention militaire internationale pour débarrasser le nord du Mali des groupes dissidents touaregs et d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) se sont multipliés ces derniers jours, alors que la situation sur le terrain se complique avec des accrochages entre groupes armés. Après l'Union africaine qui compte saisir le Conseil de sécurité de l'ONU pour une intervention militaire au nord du Mali, c'est au tour de la France de se prononcer clairement pour une telle éventualité, notamment contre les groupes terroristes qui se sont emparés des villes comme Gao, Tombouctou ou Kidal. Hier lundi, en recevant le président nigérien, François Hollande a exprimé publiquement le point de vue de la France quant aux dangers pour la sécurité régionale et internationale de la présence des groupes d'Aqmi et des dissidents touaregs, dont ceux du MNLA, au Nord du pays, qui échappe depuis le mois d'avril dernier au pouvoir central à Bamako. «Il y a une menace d'installation de groupes terroristes au nord du Mali (...), il y a une intervention extérieure qui déstabilise le Mali et qui installe des groupes dont la vocation est une intervention qui va bien au-delà du Mali, en Afrique et peut-être au-delà», a déclaré M. Hollande après un entretien avec le président nigérien Mahamadou Issoufou. Pour lui, 'cette menace existe'', mais il nuance vite en estimant que 'c'est aux Africains de la conjurer, à eux de décider. La CEDEAO en est à la fois l'instrument juridique et l'instrument éventuellement militaire». Oubliant de faire référence à l'Union africaine, il a encore affirmé que c'est «aux Africains de saisir le Conseil de sécurité (de l'ONU). Nous, nous appuierons la résolution qui sera présentée par la CEDEAO. Si une intervention est décidée, c'est aux Africains de la mener, la France comme d'autres puissances se mettant au service des Nations unies», confirmant ainsi son accord à un soutien logistique français contre les groupes armés au nord du Mali. Selon des sources maliennes, les groupes terroristes recrutés par Aqmi seraient notamment composés d'Afghans et de Pakistanais, présents dans la région depuis peu. Le président nigérien a confirmé les informations faisant état de la présence de «jihadistes afghans, pakistanais, en tout cas étrangers au Mali qui entraîneraient des groupes terroristes». «Je confirme cette information (...), la situation est préoccupante, il s'agit d'une menace non seulement pour la sous-région mais aussi pour le monde», a précisé M. Issoufou, plaidant pour une «réponse internationale». Il a également confirmé que les pays africains (CEDEAO et/ou Union africaine) se préparaient à saisir le Conseil de sécurité de l'ONU d'un projet de résolution sur la situation dans le nord du Mali. Après les accrochages armés de jeudi dernier à Kidal entre les partisans du MNLA et d'Ansar Eddine, deux groupes armés touaregs qui revendiquent séparément l'indépendance de l'Azawed, les dirigeants du MNLA ont encore épaissi la crise en annonçant, vendredi, la création d'un conseil transitoire de l'Etat malien au nord du pays, quelques semaines après l'échec d'un projet de fusion avec le groupe Ansar Eddine d'Yiag Ag Ghali, lui-même affilié à Aqmi. Mais, dimanche, le Mouvement national de libération de l'Azawad a affirmé accepter la médiation de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) pour une sortie de crise au Mali. «Le MNLA se met à la disposition de la CEDEAO et de la communauté internationale pour trouver une sortie honorable à la crise au Mali», a déclaré Ibrahim Ag Mohamed Assadeth, membre du Conseil de transition de l'Azawad (CTA), à l'issue d'une rencontre, samedi, avec le président burkinabé Blaise Compaoré, médiateur ouest-africain pour la crise au Mali.