Les ministres des Affaires étrangères de l'Union du Maghreb Arabe (UMA) se réunissent demain à Alger pour examiner les questions de sécurité dans un contexte régional marqué par les graves effets collatéraux de la crise libyenne sur le Sahel et notamment le Mali. Le ministre délégué algérien chargé des Affaires maghrébines et africaines Abdelkader Messahel a souligné qu'il s'agissait d'une réunion sans précédent et c'est bien le cas. «L'Algérie avait pris l'initiative d'appeler à la tenue de cette réunion, qui est la première de ce genre au niveau maghrébin, pour traiter des questions de sécurité», a-t-il indiqué en relevant que la décision avait été prise par le Conseil des ministres de l'organisation lors de leur réunion du 18 février à Rabat. L'objet précis de la rencontre reste assez imprécis et en tout cas ne mentionne pas les graves problèmes posés au nord du Mali par la débandade de l'armée malienne et l'emprise des groupes djihadistes. Les travaux, précédés d'une réunion d'experts «porteront sur l'examen des menaces à la sécurité du Maghreb, leur évaluation et la définition des grands axes de coopération dans ce domaine». A priori, on se trouve dans une formulation suffisamment large pour l'inclusion de la situation au Sahel. Même dans la définition étroite des «pays du champ», ce sont trois pays (Libye, Algérie, Mauritanie) de l'UMA sur cinq qui sont directement concernés. Même si les sujets sécuritaires intermaghrébins ne manquent pas, il sera difficile d'occulter la situation malienne qui s'est déjà internationalisée avec, en outre, des appels à une intervention militaire étrangère. CONTRIBUER A LA SECURITE DU MAGHREB ET DU CONTINENT AFRICAIN Le ministre mauritanien des Affaires étrangères, Hamadi Ould Baba Ould Hamadi, a de facto donné une vision globalisante des questions de sécurité qui seront examinées par les ministres des Affaires étrangères. Et qui précèdent le sommet de Tabarka en Tunisie qui doit avoir lieu, s'il n'y a pas de contretemps, en octobre prochain. Ould Hamadi a indiqué que la réunion sera «l'occasion d'examiner la question sécuritaire dans la région et d'en identifier les obstacles» et aussi «d'assurer une contribution des pays de l'UMA à la sécurité dans leur région et dans le continent africain tout entier». Dans un style plus codé, Abdelkader Messahel a indiqué que cette réunion, décidée en février dernier à Rabat, à l'initiative de l'Algérie, sortira avec «une vision nouvelle sur la sécurité dans la région». Les problèmes sécuritaires des pays de la région sont aisément identifiables : terrorisme, banditisme, trafic, drogue. A la réunion des ministres des Affaires étrangères à Rabat destinée à relancer l'UMA, la coopération antiterroriste et l'intégration économique ont été les principaux thèmes de discussions. Le ministre algérien des Affaires étrangères, Mourad Medelci, avait indiqué que la réunion d'Alger aurait pour but de définir les «objectifs pour la stabilité de la région et la lutte contre le terrorisme et le crime organisé». Il avait indiqué que les cinq ministres s'étaient entendus «pour examiner, à l'avenir, cette question de façon organisée, sérieuse, cohérente et durable». MEDELCI : «SANS SECURITE NOUS NE POUVONS RIEN FAIRE !» «Sans assurer la sécurité nous ne pouvons rien faire» avait martelé Medelci à l'issue de cette réunion destinée à rouvrir des perspectives pour l'Uma. «Nous devons nous mobiliser pour assurer la stabilité du Maghreb arabe en menant une lutte contre tous les fléaux, notamment contre le crime organisé transfrontalier» et contre tous les dangers qui menacent la région. La question avait été posée sur l'absence du Maroc dans la coordination des pays du Sahel et Medelci avait répondu qu'il n'y avait pas de «réticences politiques» mais des «situations qui diffèrent de zone en zone». Il avait expliqué que la logique qui a prévalu sur la question de la sécurité dans cette région était «bâtie sur le fait que les pays qui sont directement riverains aujourd'hui du Sahara ont décidé de travailler ensemble pour lutter contre le terrorisme». Il reste que l'évolution de la situation au Mali avec des frontières libyennes plus poreuses que jamais ont changé la donne. Quand trois pays de l'UMA sur cinq se trouvent en première ligne avec les complications sahéliennes, cela devient clairement un problème pour l'ensemble du Maghreb. En tout cas, c'est une question que les ministres des Affaires étrangères réunis demain à Alger ne peuvent pas ne pas aborder.