Jeudi, le MUJAO a annoncé avoir libéré trois des sept otages algériens enlevés le 25 avril par des éléments à lui au consulat d'Algérie de Gao dans le nord-est du Mali. Information que les autorités algériennes n'ont encore ni confirmée ni infirmée officiellement. Evidemment que leur mutisme suscite moult interrogations. Celle d'abord de savoir à quoi répond le geste du groupe armé islamiste qui a parlé la semaine dernière de rupture des négociations engagées avec lui pour la libération des otages algériens. Doit-on voir dans cette libération partielle le signe que ces négociations auraient repris et que le MUJAO a obtenu satisfaction sur certaines de ses revendications ? Si c'est le cas, l'on comprend que les autorités algériennes ressentent de la gêne à communiquer sur cette libération qui pour d'aucuns signifie que ces autorités ont finalement renoncé à s'en tenir au principe prôné et défendu par elles du refus de toute négociation avec les groupes terroristes et du payement de rançons dans le cas de prises d'otages. Il ne nous semble pas que l'Algérie ait en l'occurrence dérogé à ce principe. Le geste du MUJAO est plus probablement à décrypter comme visant à conforter les autorités algériennes à rester sur leur position d'opposition à l'intervention armée comme solution à la crise malienne. Les chefs de ce groupe armé islamiste ne sont pas sans être en effet informés que l'Algérie fait l'objet d'intenses pressions régionales et internationales visant à l'impliquer dans une opération de ce genre qui mettrait fin à la prise de contrôle du Nord-Mali par les groupes islamistes. Le moment choisi par le MUJAO pour annoncer la libération de trois des otages algériens se prête à cette interprétation. Il a coïncidé avec la tenue à Nouakchott de la réunion des chefs d'état-major des armés des pays du champ de la zone sahélienne avec pour ordre du jour la question de l'intervention armée au Nord-Mali. Il précède également la visite à Alger annoncée officiellement du ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius dont le pays plaide avec insistance pour cette intervention et l'implication de l'armée algérienne. Par son geste donc, le MUJAO apparaît comme voulant convaincre les autorités algériennes à le considérer comme faisant partie des protagonistes de la crise malienne avec qui il serait possible de rechercher une issue politique négociée à celle-ci. C'est peut-être cette unique reconnaissance que le MUJAO poserait comme exigence à la libération du reste des otages algériens. Et c'est peut-être elle aussi que les Algériens lui ont fait miroiter par l'intermédiaire des relais d'influence dont ils disposent au Nord-Mali. Il est en tout cas dans l'intérêt de l'Algérie de travailler à rendre impossible une coalition entre le MUJAO et Aqmi. En laissant entrevoir au premier qu'il peut prétendre faire partie de la solution à la crise malienne, ce dont Aqmi est exclue. Le geste du MUJAO de libération de trois de nos compatriotes détenus en otages par lui est de bon augure pour le sort des quatre autres qui le sont toujours. L'espoir et le souhait sont que leur calvaire ne s'éternise pas et qu'ils reviennent au plus vite au pays pour le soulagement de leurs familles et proches.