Au Mali, le retour progressif à un ordre constitutionnel avec la prochaine formation d'un gouvernement d'union nationale se met doucement en place. La communauté internationale, et plusieurs pays africains, dont l'Algérie, travaillent pour remettre de l'ordre dans les affaires de ce pays sahélien, dont le Nord est pratiquement «occupé» par l'opposition, alliée aux groupes terroristes d'Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Hier mardi, le Premier ministre de transition Cheick Modibo Diarra a présenté, à Ouagadougou, au médiateur et président burkinabé Blaise Compaoré, la feuille de route pour le retour à la constitutionnalité du pays, la fin de la crise politique et la reconquête des territoires et villes du Nord, aux mains de la rébellion et des groupes d'Aqmi. A la veille de son départ pour la capitale burkinabé, Cheick Modibo Diarra avait annoncé lundi soir l'ouverture de «concertations nationales dans les jours à venir» pour un gouvernement d'union. Il a surtout affirmé que le Mali «se prépare à toutes les options» pour reconquérir le nord du pays occupé par les islamistes. «Dans les jours à venir, un forum d'échange des forces vives sera organisé et un organe consultatif comprenant toutes les forces vives de la nation sera créé» en vue de la «formation d'un gouvernement d'union nationale», a déclaré M. Diarra à la télévision nationale. «Le Mali se prépare à toutes les options», a-t-il ajouté concernant une possible intervention militaire dans le nord. Et, sur l'option militaire dans cette région, il a déclaré qu'il attendait «des propositions de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (CEDEAO)» après le séjour à Bamako d'une mission technique militaire de l'organisation régionale qui est prête à envoyer quelque 3.000 hommes au Mali. «Les experts militaires de la CEDEAO sont en ce moment en train de travailler avec l'armée malienne pour faire une espèce d'audit de cette armée. Et donc, en fonction des résultats de l'audit, il va falloir que nous puissions écrire des requêtes très précises pour les Nations unies, l'Union africaine et la CEDEAO», a souligné le Premier ministre malien à Ouagadougou après son entretien avec le président Compaoré avec lequel il a discuté des modalités de mise en oeuvre de la «feuille de route» censée mettre fin à la crise politique qui mine le pays. «Je viens voir le médiateur, non seulement pour lui remettre, comme cela a été demandé, une feuille de route, mais aussi m'entretenir avec lui sur tous les points de recommandations» du sommet ouest-africain du 7 juillet à Ouagadougou sur le Mali, a-t-il déclaré. Et, après un entretien de deux heures au palais présidentiel avec M. Compaoré, M. Diarra a confirmé avoir discuté avec le médiateur de la «feuille de route de la période de transition» d'un an, mais aussi de la prochaine «formation d'un gouvernement d'union nationale», sans donner davantage de précisions. Plusieurs pays sont, par ailleurs, au chevet du Mali, coupé en deux avec la prise des grandes villes du nord (Gao, Tombouctou et Kidal) par les groupes de la rébellion touareg, le MNLA et le mouvement islamiste Ansar Eddine, affilié à Aqmi. Si le MNLA semble avoir abandonné sa principale revendication, l'autonomie de l'Azawed (Nord du Mali en targui), Ansar Eddine veut toujours imposer la Charia dans la région, mais ne revendique pas, quant à lui, une sécession du nord. C'est là-dessus que vont en fait se concentrer les efforts de la communauté internationale, dont l'Algérie, pays voisin, pour arriver à dénouer la crise malienne par la voie du dialogue et la négociation. L'option militaire, celle d'une intervention qui doit être avalisée par l'ONU pour rétablir l'ordre dans le nord du Mali, n'est pas pour le moment à l'ordre du jour. Cela a été d'ailleurs confirmé par Alger et Paris au détour de la visite du chef de la diplomatie française Laurent Fabius à Alger dimanche.