Le président burkinabé, Blaise Compaoré, et cinq autres chefs d'Etat de la région ont retrouvé, hier, à Ouagadougou les «forces vives» du Mali afin d'installer un gouvernement d'union à Bamako apte à affronter la crise au Nord tenu par les «terroristes». Le hic est que la réunion s'est ouverte en l'absence des autorités maliennes de transition. En effet, ni le président de transition Dioncounda Traoré ni le Premier ministre Cheick Modibo Diarra, aux relations notoirement tendues avec la Cédéao, n'ont fait le déplacement. Les autorités intérimaires maliennes, installées après le putsch du 22 mars qui a précipité la chute du Nord aux mains de groupes armés, sont seulement représentées à cette rencontre pourtant présentée comme décisive par la ministre de l'Intégration africaine, Rokia Traoré. Une délégation de représentants du nord du pays a aussi quitté la salle peu avant la cérémonie d'ouverture, sans qu'il soit possible dans l'immédiat d'en connaître la raison. Avant d'attendre la fin des débats, le constat immédiat suffit pour dire que l'initiative de la Cédéao est un échec cuisant. Le refus des différents acteurs de la crise malienne d'assister à la rencontre de Ouagadougou montre aussi que la Cédéao ne pèse pas beaucoup sur l'échiquier régional et que son plan de sortie de crise ne fait pas l'unanimité. Prenant la parole, le chef de l'Etat burkinabé, médiateur pour la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), a énuméré les objectifs assignés au sommet de la Cédéao. «La réflexion sur la formation d'un gouvernement consensuel au Mali, la sécurisation des institutions» et la «protection» du président intérimaire «constituent des objectifs majeurs», a-t-il déclaré, jugeant «précaire et fragile» la situation institutionnelle à Bamako. M. Compaoré a également appelé à des «dispositions urgentes» pour «faire face au péril terroriste» au Nord, où la situation humanitaire connaît une «dégradation continue». «Nous ne pouvons tolérer la partition de ce pays frère qu'est le Mali», a affirmé, pour sa part, le chef de l'Etat ivoirien, Alassane Ouattara, président en exercice de la Cédéao. Selon lui, «un retour rapide à Bamako du président intérimaire», déjà réclamé par la Cédéao fin juin, et un «gouvernement de large union nationale, avec un agenda et un cadre précis et sécurisé» pour la transition d'un an, doivent contribuer à «ressouder la nation malienne pour un retour programmé et réussi vers la démocratie et l'intégrité territoriale du Mali». Des représentants de la classe politique, des communautés religieuses et des syndicats, notamment, sont présents à Ouagadougou. Mais le Mouvement populaire du 22 mars (MP 22), qui a appuyé le coup d'Etat militaire, a refusé de venir à cette réunion «de plus». Au Nord, les islamistes et le MNLA sont les maîtres du jeu. L'option d'une intervention armée régionale pour restaurer l'intégrité territoriale du pays est sur la table, mais cette opération complexe, lourde et coûteuse, à laquelle s'oppose l'Algérie, tarde à recueillir l'onction de l'ONU. Surtout que personne n'est désireux de payer la note de frais. Dans une résolution adoptée jeudi, le Conseil de sécurité a, certes, soutenu «pleinement» les efforts de la Cédéao. Celui-ci semble toutefois favoriser, dans l'immédiat, un règlement politique à la crise.