Les feux de forêts ont causé des dégâts considérables cet été. 31.000 hectares de massif forestier sont partis en fumée, et plus de 10.000 hectares de maquis et 6.700 hectares des broussailles ont été ravagés par les flammes. La canicule précoce qui a sévi à la fin du mois de juillet et qui a persisté en ce mois d'août, a sa part de responsabilité. Mais, bien moins que l'insouciance et l'incivisme de l'homme. Le facteur humain n'est pas du tout à négliger, nous explique le lieutenant Bernaoui Nassim, de la Direction générale de la Protection civile (DGPC). Ce dernier précise «il y a eu des feux qui ont été déclenchés de nuit, période durant laquelle l'intensité des feux baisse en l'absence de soleil». Qui est le premier responsable ? Le lieutenant Bernaoui a démenti catégoriquement le fait que les feux des forêts soient volontairement provoqués dans le cadre de la lutte antiterroriste. «Nous sommes souvent sollicités par la Défense nationale pour lutter contre les feux de forêts et le plus souvent, ils nous apportent leur aide pour maîtriser les sinistres rapidement», déclare notre interlocuteur. Et d'ajouter «je ne vois pas pourquoi l'armée provoquerait des incendies pour solliciter ensuite la Protection civile afin de sauver les forêts, c'est inconcevable», estime-t-il. Pour Bernaoui, l'accusé principal, c'est la canicule. «Nous avons connu cet été une forte chaleur qui a asséché pendant plus d'un mois les espaces forestiers, favorisant les départs de feu entre 10 heures du matin et 14 heures. Et la présence d'ordures dans le milieu forestier (mégots de cigarette, le verre, etc.) est un facteur qui favorise les incendies», a-t-il souligné. Un autre facteur non moins important, c'est la proximité des espaces agricoles des espaces forestiers. «Certains éleveurs allument des feux sur leur terre pour se débarrasser des mauvaises herbes, mais avec l'effet de la chaleur, les sinistres s'étendent aux espaces forestiers, provoquant parfois d'importants incendies» nous explique le lieutenant. Il ajoute que «les éleveurs ne réalisent pas le danger qu'il y a en allumant le feu en période sèche». Selon le lieutenant Bernaoui, «les feux sont parfois causés par des engins agricoles défectueux dans les champs. Ces engins sont à l'origine de feux après un court-circuit qui s'étendent des champs aux forêts avoisinantes». Pour le lieutenant Bernaoui, les 31.000 hectares de forêts et les 10.000 de maquis dévastés par les feux (du 1er juin au 22 août) sont une véritable perte pour notre pays. «Il y a eu multiplication des feux et des dégâts importants par rapport aux années précédentes» a-t-il souligné. Il insiste cependant pour dire que notre pays n'a pas connu de crise, si on compare avec d'autres contrées du pourtour méditerranéen. «L'Espagne a connu, l'an dernier, des feux dévastateurs qui ont ravagé 150.000 hectares de forêts en une semaine» a-t-il dit. Notre interlocuteur n'a pas nié tout de même que les feux de forêts ont été très importants cette année, notamment dans certaines wilayas telles que Jijel, Tizi-Ouzou, Bejaia et Tissemsilt. Il a précisé que durant la dernière quinzaine du mois de Ramadhan, la Protection civile a enregistré une moyenne de 50 à 60 sinistres par jour, avec un pic de 100 feux durant les deux jours de l'Aïd. «Actuellement, on est à 20 feux par jour avec la possibilité que ces feux diminuent dès la semaine prochaine, si on prend en compte des prévisions météorologiques qui avancent une baisse de chaleur dans les prochains jours», préconise le responsable de la Protection civile. En attendant la lutte aérienne contre les incendies prévue à partir de l'année prochaine, avec la mise en service de quatre hélicoptères, les services de la Protection civile appellent les citoyens à plus de vigilance et de civisme. Il regrette, en outre, que les feux de forêts sont tardivement signalés par des citoyens qui croient que la Protection civile est déjà au courant.