A en croire les déclarations faites hier du ministre de l'Industrie, de la PME et de la Promotion de l'investissement, M. Mohamed Benmeradi, les derniers doutes sur la volonté du groupe automobile français Renault d'installer une usine en Algérie sont désormais levés. M. Benmeradi, qui a été beaucoup critiqué sur la manière de gérer le dossier Renault, donne en effet un rendez-vous pour les jours qui viennent pour la création d'une société mixte avec le constructeur automobile français Renault pour la réalisation d'une usine de fabrication de véhicules en Algérie. Ce sera pour la mi-septembre, a-t-il indiqué. Avec la création de la société mixte, on sort enfin de la sphère des intentions avec une multiplication des annonces contradictoires au cours d'un processus de négociations qui dure depuis plus de deux ans. Benmeradi a indiqué, hier, que la «commission chargée du dossier se réunit aujourd'hui même pour finaliser l'accord afin d'aboutir vers la mi-septembre à la création de la société mixte». L'annonce n'a rien d'une surprise. En juin dernier (cf Le Quotidien d'Oran du 23 juin dernier), Benmeradi avait annoncé que la société mixte serait créée en automne. «Les équipes travaillent depuis le 25 mai dernier sur la finalisation du pacte des actionnaires, qui sera probablement prêt début août, et on prévoit la création de la société en septembre ou octobre prochains», avait-il déclaré donnant ainsi une sorte de limite à la fin du feuilleton de la négociation Renault. «La fin du feuilleton à l'automne ?» avait-on titré. Il semble que la réponse soit désormais affirmative. Entre-temps, la question de l'implantation, à Oran (Tlélat) et non à Bellara, comme le souhaitait les autorités algériennes, a été tranchée. UN «ACQUIS» La répartition des parts au sein de la société mixte se fera en conformité avec la règle du 51/49%. La partie algérienne composée de la SNVI (Société nationale des véhicules industriels) et du FNI (Fonds national d'investissement) disposera de 51% tandis que Renault aura les 49% restants. Selon le ministre, le début de fabrication de véhicules Renault «made in Algeria» aura lieu dans les «les 14 mois qui suivent la création de la joint-venture et non pas dans les 18 mois suivants, comme initialement prévu''. Pour rappel, les deux parties ont signé un accord le 25 mai dernier qui prévoit la production de 75.000 voitures par an, avant d'atteindre progressivement 150.000 unités. La partie algérienne indique qu'une partie de la production sera destinée à l'exportation. Le taux d'intégration de départ sera de 20 à 25% avant de monter en cadence pour atteindre les 60% avec l'intégration des segments pneumatique et vitrage. L'usine sera installée dans la zone industrielle d'Oued Tlelat, près d'Oran, qui s'étend sur une superficie de 150 hectares. Le wali d'Oran, M. Abdelmalek Boudiaf, s'était félicité dans des déclarations à la presse sur le choix d'Oran qui constitue, selon lui, un «acquis» pour l'ensemble de la région, en raison de son impact économique avec l'émergence d'un réseau de sous-traitance. LA QUESTION DE L'EXPORTATION Une équipe technique de Renault, accompagnée de responsables du ministère de l'Industrie et de la PME, avait d'ailleurs visité des infrastructures, notamment les ports d'Oran et d'Arzew. Il y a un accord sur le fait que l'usine est destinée «principalement» à satisfaire le marché algérien. Mais les responsables français ont tendance à dire que la production de la future usine est destinée «exclusivement» au marché local, excluant ainsi l'exportation. De passage à Alger, le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, avait jeté un froid en déclarant: «De ce que j'en sais, il est tourné vers le marché algérien. Il ne vient pas concurrencer l'industrie automobile en France. Si c'était le cas, je pense que l'Etat français dirait non» à ce projet. De son côté, Mohamed Benmeradi avait déclaré que «Même si le gros de la production est destiné au marché local, une partie des produits devra être, à terme, destinée à l'exportation. Pour cela, il faut aussi exiger que les véhicules soient fabriqués avec le label d'un grand constructeur». Exporter ou non est donc une question qui reste posée.