L'intervention militaire au nord du Mali est en marche. Au niveau de l'Onu, les pays de la Cédéao font le forcing pour obtenir l'aval du Conseil de sécurité. Ils sont soutenus par la France, dont le président a appelé de New York à une «action urgente». Les groupes djihadistes qui tiennent les villes disent se préparer à la guerre. Tout en rejetant l'idée d'être en «première ligne» dans la reconquête du nord du Mali, la France est très active pour obtenir l'aval du Conseil de sécurité à une intervention militaire, officiellement demandée par le président malien. «Nous avons le devoir d'agir, d'agir ensemble et d'agir vite, car il y a urgence», a déclaré le président français, François Hollande. Paris est très active pour donner une impulsion à ce projet d'intervention à l'occasion de l'assemblée générale de l'Onu et surtout de la conférence sur le Sahel qui devait se dérouler, hier. La France, qui met en avant une «menace directe» d'Al Qaïda contre elle, indique qu'elle ne s'engagera pas directement, mais qu'elle «soutiendra toutes les initiatives permettant que les Africains eux-mêmes règlent cette question dans le cadre de la légalité internationale». Même si des informations font état de la présence de forces spéciales françaises dans la région, les officiels martèlent que le soutien apporté sera «politique», «logistique» et «matériel». Sur la question des otages français sur qui pèse une lourde menace - Aqmi s'est chargé de diffuser une vidéo de «rappel» -, le président français a définitivement tranché : «La nécessité de libérer nos otages ne doit pas passer par un renoncement à assurer l'intégrité du Mali. ( ) Les otages hélas sont retenus depuis plus de deux ans, avant même qu'il y ait eu l'occupation par des forces terroristes du Nord-Mali. Nous assurons nos obligations internationales de lutte contre le terrorisme». Le choix de la France est désormais affiché. Se contentera-t-elle d'apporter un «soutien politique et logistique» ? L'accord entre le Mali et la CEDEAO rend l'approbation de l'intervention militaire par l'Onu très probable. Mais les impératifs du terrain pourraient rendre les résolutions françaises de ne pas «être en première ligne» difficile à tenir. Il n'est même pas certains que les 3300 hommes promis par la CEDEAO puissent être réunis rapidement. PAS DE PARTICIPATION DE L'ALGERIE L'Algérie, quant à elle, malgré les incitations et les pressions, n'a pas dérogé à sa position de rejet de l'intervention militaire. Si celle-ci est approuvée par l'Onu - ce qui est très probable -, elle n'y participera pas. Hormis, probablement, un échange de renseignement qui existe déjà, l'essentiel de l'action de l'Algérie va consister à la très lourde tâche de sécurisation de ses frontières. A l'évidence, pour Alger, on n'a pas exploré les possibilités d'une recherche d'une solution politique «inclusive» qui permettrait de séparer le MNLA et Ançar Eddine des groupes djihadistes. Si le MNLA, vaincu et laminé, n'a pas d'autre choix que d'approuver l'intervention militaire, celle-ci aura pour effet de souder Ançar Eddine aux groupes djihadistes alors que la démarche préconisée par l'Algérie est de les découpler. C'est d'ailleurs déjà le discours qui est émis du nord du Mali où les différentes factions se présentent uniquement comme des «moudjahidines». Dans ce contexte, le président Abdelaziz Bouteflika a reçu, mardi, le ministre de la Défense nigérien, M. Mahamadou Karidiou. A l'issue de cette rencontre qui s'est déroulée en présence du ministre délégué auprès du ministre de la Défense nationale, M. Abdelmalek Guenaïzia a indiqué que les discussions ont permis de faire «un tour d'horizon sur l'actualité, notamment sur la crise au Mali». Il a évoqué une «identité de point de vue et nous avons estimé que pour régler cette crise il faut passer par le dialogue car il est très facile d'entrer dans la violence mais il est extrêmement difficile d'en sortir». Mais le propos du ministre de la Défense nigérien est assez élastique pour comporter une forme de soutien à l'intervention militaire. «Nous avons donc fait, moi-même et le Président Bouteflika, le tour de toutes les possibilités que nous pouvons utiliser pour sortir de la crise, étant entendu qu'il s'agit d'une crise qui est en train de faire du Mali le terreau du terrorisme international. Il faut donc aller vite pour empêcher que le Mali ne contamine les autres pays de la sous-région», a-t-il déclaré. L'intervention est en marche. La Conférence sur le Sahel, organisée à New York, pourrait lui donner le coup de starter même si les questions d'intendance ne permettront pas une intervention rapide.