Pour taper fort, ceux qui prennent en charge la question de la forêt de Canastel ont suspendu une grande banderole où on peut lire «50ème anniversaire de l'indépendance : un arbre pour chaque chahid» Le reboisement de la partie de la forêt de Canastel destinée à recevoir des villas pour particuliers a pris une tournure conviviale et pédagogique ce samedi. En effet, les habitants de cette station balnéaire d'antan, ainsi que les membres de certaines associations soucieuses de l'environnement, ont offert un moment de détente aux enfants de Canastel et ceux d'autres quartiers limitrophes, notamment d'Al Akid Lotfi. Au moins une cinquantaine de gosses ont été conviés à un échange amusant avec un clown. L'utilité de l'arbre et la protection de l'environnement ont été au centre des discussions entre le clown et son jeune public. Par la suite, ces mêmes enfants ont bénéficié d'une petite balade sur le train «Bou youyou». Rappelons que ce train, dont le nom se réfère à celui qui assurait le lien entre Oran et Hammam Bouhdjar à l'époque coloniale, est très prisé par les enfants et même les familles durant les soirées de Ramadhan. Mais au-delà, les bambins, de différents âges et de milieux, ont assisté à l'entreprise de plantation d'arbres assumée par les adultes, dont des parents à eux. Une leçon que retiendront certains d'entre eux. D'un autre côté, ce second «samedi environnemental de Canastel» a été aussi une occasion pour de simples citoyens de se rencontrer et de débattre des problèmes de la cité. Ainsi, un cadre de la Conservation des forêts, rencontré sur les lieux, a expliqué «le vide légal» qui permet le piétinement du domaine forestier. L'on apprendra qu'uniquement la commune d'Oran qui n'est pas cadastrée au niveau de toute la wilaya. Ce qui fait que les poches de forêt pas encore englouties par le béton armé n'ont pas encore été versées au domaine forestier. Il citera comme exemple le cas de la forêt de Canastel et celle du quartier Si Hassan (Les Planteurs) surplombant la ville d'Oran. Par ailleurs, il indiquera que le fait que le patrimoine forestier relève de trois départements ministériels, en l'occurrence l'Intérieur, l'Agriculture et l'Environnement, dilue les responsabilités et facilite les dépassements. Cette découverte inexpliquée soulève les interrogations et suscite les inquiétudes. Loin des tables de discussion, des citoyens, joignant l'utile à l'agréable, ont continué l'opération de plantation des arbres. Cette opération semble drainer de plus en plus de monde. De nouveaux visages, jeunes pour la plupart, ont été remarqués aujourd'hui. En tenue de sport, ces jeunes sont venus se dépenser physiquement tout en participant à une œuvre qu'ils estiment utile. Visiblement, l'invasion de notre cadre de vie par le béton inquiète de plus en plus. Et ce qu'on nomme désormais l'affaire de Canastel, puisque sur place on nous a affirmé l'envoi à Oran d'une commission d'inspection par Amara Benyounès, ministre de l'Environnement et de la Ville, a participé à la cristallisation de cette prise de conscience.