La mobilisation s'organise dans le quartier de Canastel pour «protéger la forêt urbaine» contre ceux qu'on qualifie sans ambages de «barons du béton». En première ligne de front de cette mobilisation, les membres de l'Association des résidents de Canastel (ARC) mais aussi de simples citoyens, des sympathisants de la cause écologique et des membres associatifs engagés dans la protection de l'environnement. Un grand rassemblement «pacifique et festif» est prévu samedi prochain au niveau de la forêt pour dénoncer le récent abattage d'arbres perpétré au niveau de ce poumon de la ville. Une large opération de plantation d'arbres y est également prévue pour remplacer la végétation décimée «sur plusieurs hectares» par les engins de travaux publics. Pourquoi cette nouvelle levée de boucliers ? Selon les membres de l'Association des résidents de Canastel, les habitants du quartier ont découvert avec effroi, mercredi dernier, l'abattage par des engins de travaux publics d'arbres centenaires sur plusieurs hectares. Le site en question est appelé forêt de Canastel n°2, et se trouve à proximité d'une caserne militaire non loin du complexe omnisports. Le site en question, comme l'expliquent si bien les membres de l'association, est prisée par les amateurs de footing et d'activités sportives qui viennent de toute la ville. Une fois sur les lieux du «massacre», les résidents du quartier découvrent que le terrain ciblé par les engins a fait l'objet d'une attribution par les services de la wilaya au profit de 27 promoteurs immobiliers. Une attribution qualifiée par l'ARC de «complètement illégale car le terrain est protégée par la loi (un décret présidentiel) vu qu'il relève du patrimoine forestier.» La brigade de gendarmerie de Canastel est tout de suite saisie par les habitants du quartier, qui apprennent sur place que les 27 promoteurs disposent de documents officiels autorisant l'urbanisation du site sous forme de promotions immobilières. Une fois la consternation passée, les habitants du quartier passent à l'action et interdisent l'abattage des arbres. Devant cette tension, le secrétaire général de la wilaya s'est déplacé sur les lieux pour écouter les contestataires. Nouveau coup de théâtre hier, le wali d'Oran ordonne l'interruption des travaux et nomme une commission d'enquête pour rouvrir le dossier. C'est ce que nous ont confié hier les responsables de l'ARC qui affirment avoir sollicité une audience du wali d'Oran pour lui soumettre leurs arguments. Les mêmes sources rappellent que la forêt de Canastel fait l'objet depuis plusieurs années de nombreuses convoitises. Il y a le terrain dit du 20 Août qui est squatté depuis 5 ans mais il y a aussi le terrain forestier du POS des 28 lots attribués en 1999 à des particuliers. Mis à part une seule personne qui y a construit une maison individuelle pour la revendre ensuite, le terrain est resté vierge. Une instruction du wali d'Oran datant de 2006 sommant les différents instances de l'exécutif à veiller à la protection du site forestier contre toute atteinte a mis fin aux ambitions des bénéficiaires de ces lots. Mais depuis mercredi dernier, nouveau rebondissement, certains acquéreurs de lots reviennent à la charge pour ériger des clôtures dans leur terrains respectifs car jouissant de permis de construire signés le 10 juillet dernier par un vice-président de l'APC d'Oran. Une démarche qui recèle, selon les mêmes sources, «des anomalies criardes, qu'il est facile de vérifier.» Pour les mêmes sources, la programmation la semaine dernière par l'APC d'Oran, lors de sa 4e session ordinaire, d'une délibération portant adoption du POS de Canastel n'est pas fortuite car elle pourrait servir à légaliser une situation qui est à la base illégale. Les résidents du quartier de Canastel estiment cependant que «la balle est actuellement entre les mains des pouvoirs publics qu'ils disent avoir saisis, en envoyant des correspondances détaillées vers la Présidence de la République, les ministères de l'Intérieur et des Collectivités locales et de l'Habitat et la Direction générale des Forêts (DGF).