Les associations impliquées dans la sauvegarde, la réhabilitation et la mise en valeur du patrimoine font un état des lieux des plus alarmants, à l'issue de leur rencontre tenue en fin de semaine dernière au complexe des Andalouses d'Oran. Dans un document adopté à l'issue de ces travaux, intitulé «Appel d'Oran», une trentaine d'associations représentant une vingtaine de wilayas interpellent directement le président de la République sur cet état des lieux. D'abord le constat : «Notre patrimoine se trouve en danger de disparition» et «l'état d'abandon de ce patrimoine, livré aux actes de vandalisme et à tous les aléas, encourage des trafics de tous genres et la fuite de véritables trésors vers d'autres cieux». Aussi, lit-on dans ce même document, «une grande partie du patrimoine n'est pas répertoriée et encore moins gérée. La majorité des opérations de restauration entreprises, à travers le territoire national, se sont soldées par des échecs ou du moins par des résultats non conformes aux normes universellement admises en la matière». Les associations engagées sur cette question du patrimoine ne manquent pas de préciser, par ailleurs, que «ce constat partagé par tous les citoyens dévoués, à tous les niveaux de la société (universitaires, experts, élus, administratifs, journalistes, associatifs, simples citoyens ), a été fait et transmis aux responsables en charge des questions du patrimoine». Et d'ajouter : «La restauration est avant tout un acte hautement culturel et consensuel, et pas simplement un acte de maçonnerie traditionnelle» avant de se considérer «mobilisés et partie prenante de cette bataille pour la mémoire, l'Histoire et le patrimoine». Les rédacteurs du document appellent également le président de la République, à l'occasion du 50ème anniversaire de l'indépendance et à partir de cette ville, ouverte sur la Mer des civilisations, à ordonner l'organisation des Etats Généraux du Patrimoine dont l'objet sera la réflexion sur les règles d'identification, de sauvegarde et de restauration du patrimoine, ainsi que la pénalisation de tous les contrevenants. Le premier magistrat du pays est également sollicité pour promulguer la mise en place d'un observatoire du patrimoine, impliquant experts, journalistes et représentants de la société civile en charge des questions patrimoniales. Dans un deuxième document, les associations patrimoniales appellent à l'institution de journées du patrimoine algérien (JPA) qui pourraient constituer le point d'orgue du mois du patrimoine (18 avril - 18 mai). Aussi, et sur proposition de l'association Minerve de Tébessa, on compte créer une association nationale ou une fédération. La proposition sera étudiée par un comité formé d'associations de Tébessa, d'Oran, d'Aïn Témouchent, d'Annaba et de Tiaret, avec comme date pour la création de cette entité le mois du patrimoine 2013.