« La diplomatie digitale est pour nous un moyen nouveau et versatile de communication avec un vaste groupe de gens, de gouvernements, d'organisations de société civile, de journalistes mais surtout du grand public.» Les propos sont de l'ambassadeur du Royaume-Uni à Alger qui a reçu lundi soir dans sa résidence un nombre important de jeunes blogueurs, en présence de représentants d'institutions publiques, des universités, des médias et autres domaines culturels. La réception a compté, en outre, la présence de Hamish Cowell, responsable du département du Foreign Office chargé de l'Afrique du Nord. Le responsable britannique a tenu ainsi « à communiquer le travail de son ambassade dans le domaine des médias numériques en Algérie». C'est ce que le Foreign Office appelle «la diplomatie digitale» et à laquelle « il accorde de l'importance» en ces temps de bouleversements «virtuels». C'est sur fond d'un slogan subtil «Innovation is Great (Britain)» que l'ambassadeur a choisi de s'adresser aux « Facebookers» algériens. « Le ministère des Affaires étrangères et du Commonwealth utilise aussi la diplomatie digitale afin de former des réseaux de personnes qui partagent les mêmes opinions», a-t-il fait savoir. Heureux de voir la diplomatie s'exprimer par «le digital», l'ambassadeur déclare « communiquer déjà avec la presse algérienne de manière régulière ( ), et nous, en tant qu'ambassade, valorisons énormément cette relation qui va bien sûr continuer et s'approfondir ». Il recommande alors que « nous devons chercher constamment d'autres moyens afin de dialoguer avec les gens et communiquer les messages clés et les politiques ». L'ambassadeur britannique affirme partager avec les Algériens «des informations et des photos de mes visites en Algérie, des visites ministérielles à Alger, des informations générales sur le Royaume-Uni et des liens de mes articles dans la presse écrite ». LES BRITANNIQUES FONT DANS «LA DIPLOMATIE DIGITALE» Le diplomate estime que « Facebook est important pour nous, car il nous relie d'une façon directe avec un public nouveau, un public qui se sent à l'aise en ligne et qui préfère ce moyen de communication à d'autres formes traditionnelles de média ( ).» Il juge «primordial d'interagir avec notre public» parce qu'explique-t-il « nous voulons entendre ce qu'ils ont à nous dire, ce qu'ils pensent du Royaume-Uni et de ce qui se fait dans notre pays. Nous pensons que leur voix compte.» Roper fait savoir à son « public» qu'il a lancé à partir de lundi soir son compte Twitter (www.twitter. com/martynroper). L'ambassadeur a fait rire ses invités en notant qu'il s'était entendu avec son traducteur pour que le verbe «to tweet» devienne en français «twiter» (lire twité, ndlr). Il s'est même amusé à le conjuguer en français en déclarant : «hier, j'ai twité, demain je twiterai et la conjugaison devient de plus en plus difficile surtout au subjonctif (que je twitasse).» Il prend soin de ménager ses collègues français qui «vont sans doute hurler sur ce que la langue anglaise est en train de faire à leur langue », a-t-il lancé avec un grand sourire. Ainsi l'ambassadeur britannique aimerait-il «twiter» avec les Algériens parce qu'il affirme « pouvoir être une source d'information de haute qualité sur l'approche du Royaume-Uni en Algérie, sur les relations entre les deux pays». Il promet même de «garder les choses liées au travail et éviter d'écrire au sujet des fortunes et infortunes de Chelsea ! (un club qu'il supporte, ndlr).» LE MODE «INTERACTION» A L'ANGLAISE Alors il suggère à ceux qui vont «twiter» avec lui «si vous aimez ce que je dis, vous pouvez retwiter mes messages, ou me répondre directement, si vous n'aimez pas, alors dites-le moi ou supprimez mon message». Pour lui, « c'est ça la beauté des médias sociaux». Roper fait en outre savoir au public algérien qu'il peut accéder au site Internet de l'ambassade (http://ukinalgeria. fco.gov.uk), pour avoir «des informations sur la procédure des visas et découvrir les activités de l'ambassade et les dernières informations émanant de notre bureau de presse à Londres». Le diplomate britannique a aussi une page Facebook qui connaît, selon lui, «un grand succès avec 33 000 amis (classée ainsi 2ème parmi toutes les pages des ambassades britanniques dans le monde après celle du Pakistan)». Roper veut « promouvoir le concept d'interaction». Ses invités du monde numérique sont des blogueurs, certains gèrent des sites web ou des pages Facebook, pour d'autres des sites d'information. Ils veulent communiquer sur la politique, l'économie, la société, la culture. Un jeune invité parlait avec enthousiasme de son site sur la cuisine traditionnelle algérienne. « Je mets en ligne des recettes du terroir tout en expliquant les particularités et les spécificités de la cuisine algérienne, il faut que le monde sache que nous avons une excellente cuisine», nous a-t-il dit avec fierté. «Je pense qu'il faut les aider parce qu'ils n'ont pas les moyens alors qu'ils font de très belles choses», nous disait lundi soir l'ambassadeur à propos des jeunes « en ligne». Martyn Roper estime qu'il faut «aider la société civile parce qu'elle fait un travail important qui permet aux gens de penser, de lire et de réfléchir».