Contrairement à Ban Kimoon qui avait appelé le régime de Damas à décréter un cessez-le-feu unilatéral et demandé aux forces de l'opposition de le respecter, le médiateur international Lakhdar Brahimi a lui proposé aux deux belligérants d'observer une trêve durant la grande fête religieuse de l'Aïd El-Adha, sans poser de préalable ni à l'un ni à l'autre. Sans accepter formellement sa proposition, le gouvernement de Damas lui a fait savoir qu'il est prêt à l'étudier tandis que l'opposition a conditionné son éventuel accord à la cessation immédiate par l'armée régulière des bombardements et pilonnages des localités et positions qu'occupent ses combattants. Exigence à laquelle ne voudra pas souscrire le régime syrien qui a vu que le précédent cessez-le-feu unilatéral qu'il avait décrété avait été exploité par l'opposition pour lancer de meurtrières offensives contre ses troupes. Il n'y a pas donc apparemment que peu d'espoir que la trêve proposée par Lakhdar Brahimi se concrétise. A moins que son appel ait été approuvé par les puissances régionales impliquées dans le conflit par leur soutien à l'un ou l'autre des belligérants syriens et qu'elles se soient engagées à convaincre leurs protégés à accepter sa trêve. Ce qui peut être plausible au vu que le médiateur international a lancé son appel à la trêve après avoir effectué une tournée régionale qui l'a conduit successivement à Ryadh et Doha, deux capitales arabes qui soutiennent et arment l'opposition, à Téhéran l'allié stratégique du régime de Damas, mais aussi en Turquie et en Irak, deux Etats tout aussi impliqués et concernés par le conflit syrien. L'idée d'une trêve pouvant se transformer en cessez-le-feu généralisé en Syrie semble faire son chemin au constat par la communauté internationale que le bain de sang dans le pays est devenu insupportable sans que l'un des camps qui s'affrontent soit en mesure de l'emporter sur l'autre. L'arrêt des combats est possible à la condition que la communauté internationale s'entende sur un plan politique de traitement et de résolution de la crise syrienne et que les soutiens étrangers des deux camps usent de leur influence pour les y rallier. Cette perspective, le régime et l'opposition l'ont à l'esprit et c'est son anticipation qui est à l'origine de la dureté de leurs affrontements. Le régime comme l'opposition veulent aborder l'éventualité d'un cessez-le-feu et de négociation en position de force. C'est l'enjeu des batailles sanglantes qu'ils se livrent au nord du pays et dans de grandes agglomérations comme Damas, Alep, ou Idleb. Chacun voulant prendre leur contrôle et démontrer ainsi qu'il est le « maître du jeu » dans le conflit et pour sa solution. L'appel à la trêve lancé par Lakhdar Brahimi ne doit pas échouer et c'est la responsabilité des puissances étrangères mêlées au conflit de jeter en sa faveur dans la balance le poids de leur influence sur les belligérants. Sauront-elles, veulent-elles faire œuvre de pragmatisme qui est que la guerre qu'elles se livrent par « procuration » en Syrie a dépassé le seuil du gérable et menace désormais et la stabilité régionale qu'elles disent vouloir et la paix mondiale qui ne résistera pas à l'évolution militariste du conflit syrien.