« Traité d'amitié» ou «partenariat stratégique», les voies diplomatiques bilatérales semblent avoir tranché quant au devenir sémiotique entre les deux capitales. Au lendemain de la reconnaissance officielle de la «tragédie» du 17 octobre 1961, Paris est revenue sur ses relations avec son ancienne colonie, histoire de mettre un peu les points sur les «i». Laurent Fabius, l'avant-dernier des ministres du gouvernement Ayrault, à avoir visité Alger, a affirmé que l'Algérie ne «souhaite pas un traité d'amitié avec la France». Le ministre français des Affaires étrangères a déclaré, hier, que la France souhaite conclure un «partenariat stratégique» avec l'Algérie qui devrait être paraphé à l'occasion de la visite, en décembre prochain, de François Hollande en Algérie. Un souhait qui répondrait aux attentes d'Alger qui ne cherche pas, selon les propres termes du locataire du Quai d'Orsay, «à rentrer dans ce type d'instrument juridique». Ce «recadrage» vient à point nommé de l'autre côté de la Méditerranée après le communiqué «laconique» de Matignon sur les massacres du 17 octobre 1961 et les différentes lectures qui se sont succédé. Le déchaînement de la droite et de l'extrême droite et de la réaction jugée «molle» de la famille révolutionnaire ainsi que les commentaires partisans, ont certainement convoqué cette sortie médiatique de Laurent Fabius, un peu plus de deux mois après sa visite à Alger. Le patron du Quai d'Orsay avait évoqué, en juillet dernier, un « partenariat de grande dimension », entre les deux pays après son entrevue avec le chef de l'Etat algérien et cette vision a, apparemment aussi l'approbation de Paris. Donc, le fameux traité d'amitié cher à Jacques Chirac est bel est bien révolu et place au pragmatisme froid des affaires et des intérêts. En 2006, le ministre des Affaires étrangères algérien, Mohammed Bédjaoui, avait renvoyé à un futur lointain, l'initiative lancée en février 2003 par le président français Chirac. « Les conditions objectives et subjectives nécessaires à la signature du traité ne sont pas suffisamment propices aujourd'hui », avait-il indiqué. Et d'expliquer : « ce traité n'est pas un traité entre deux présidents mais entre deux peuples. Il faut préparer l'opinion pour emporter l'adhésion de l'ensemble des acteurs de nos sociétés. ». A la repentance pour expier les crimes du colonialisme devait se substituer une qualification plus soft, plus acceptée, du point de vue hexagonal, de la présence française en terre algérienne sur la base d'une déclaration commune. M. Fabius a, par ailleurs, réaffirmé que le voyage du président français ne saurait, en aucune manière, prétexte à une repentance de la France sur son passé colonial comme demandé par une partie de l'opinion algérienne. «Les Algériens ne souhaitent absolument pas qu'on fasse un voyage tourné vers le passé», a-t-il affirmé, faisant certainement référence à ces discussions de juillet et au discours à Sétif de Bouteflika où il avait évoqué la question mémorielle.