S'exprimant au sujet de la visite que devrait effectuer François Hollande au mois de décembre en Algérie, les ministres des Affaires étrangères et des Anciens combattants français souhaitent que cette visite soit l'occasion pour les responsables des deux pays de regarder l'histoire en face et tourner la page ensemble de la façon la plus juste, la plus transparente et la plus apaisée afin de dépasser les douleurs qui subsistent des deux côtés de la Méditerranée. Les deux ministres divergent autour du traité qui devrait éventuellement être signé entre les deux pays. Si Laurent Fabius souhaite un partenariat d'exception, Kader Arif propose, quant à lui, un traité d'amitié. «C'est un partenariat stratégique avec la France et non pas un traité d'amitié que souhaitent les Algériens», a déclaré Fabius. «Nos amis algériens ne souhaitent pas qu'on rentre dans ce type d'instrument juridique. Ils veulent un partenariat stratégique avec nous et c'est aussi notre approche», a-t-il affirmé sur une radio française. Laurent Fabius a par ailleurs réaffirmé que ce voyage du président Hollande ne donnerait pas lieu à une repentance de la France sur son passé colonial. «Les Algériens ne souhaitent absolument pas qu'on fasse un voyage tourné vers le passé», a-t-il affirmé. Ce n'est pas le cas pour le ministre délégué aux Anciens combattants, Kader Arif, qui a indiqué qu'il espérait que le traité franco-algérien portera le nom de «traité d'amitié ». Evoquant la reconnaissance par François Hollande des événements du 17 octobre 1961, il ajoute : «François Hollande a eu raison de rendre hommage aux victimes de cette répression sanglante. Nous avons mal à notre mémoire et il s'agit de regarder notre histoire de la façon la plus juste, la plus transparente et la plus apaisée afin de dépasser les douleurs qui subsistent des deux côtés de la Méditerranée.» Au sujet de la visite que devrait effectuer le président français en Algérie, Kader Arif, a déclaré qu'il ne faut pas être dans une course qui soit perçue comme une provocation et ravive les conflits. «Ce qui a été dit par François Hollande sur le 17 Octobre est sans repentance, sans auto-flagellation. Il faut qu'avec l'Algérie nous puissions tourner la page ensemble, ce qui signifie que les Algériens soient eux aussi capables de faire des gestes, ce qui ne pourra qu'avoir une incidence positive pour les Français d'origine algérienne ou les Algériens vivant en France. Chaque fois qu'on peut regarder l'Histoire en face, on se grandit.» Interrogé sur ce qu'il attend de la part des responsables algériens, Kader Arif a fait savoir qu'«il est inacceptable par exemple que nos compatriotes harkis ne puissent pas se rendre dans le pays de leurs ancêtres ou, pour ceux qui le souhaitent, y être enterrés. Nous avons abordé cette question avec nos amis algériens et nous avons compris qu'il y avait une volonté d'ouverture de leur part à ce sujet». Le ministre des Anciens combattants a ajouté qu'au sujet des archives, plusieurs mémorialistes «travaillent sur notre histoire commune. Mais on peut faire davantage. Cela doit faire partie d'une nouvelle étape car nous avons besoin de chaque côté de tourner la page». Il a indiqué que François Hollande partira en Algérie avec un grand sens des responsabilités. Il conclut : «Il ne s'agit pas uniquement de revenir dans un pays où il a gardé beaucoup d'amis, mais de discuter avec les Algériens d'une urgence de stabilité au Sahel, de faire redémarrer un espace d'échanges régional après l'échec de l'Union pour la Méditerranée, de signer un traité franco-algérien. J'espère qu'il portera le nom de traité d'amitié.»