Si le lancement du e-Commerce en Algérie est inévitable, s'y préparer dès maintenant est une nécessité, selon Michel Perrinet, le PDG de la société «Octave.biz», éditeur de solutions pour les métiers de la vente à distance. Il faut gagner la "confiance numérique" des clients et bénéficier de l'apport des réseaux sociaux pour réussir une activité de vente en ligne, nous explique-t-il dans un entretien réalisé lors du dernier Salon Med-IT d'Alger. C'est la première participation de la société «Octave.biz» au Med-IT d'Alger ? Oui, c'est la première fois que nous prenons part au Salon Med-IT d'Alger. Nous venons d'ouvrir un bureau d'Octave.biz en Algérie pour accompagner les distributeurs algériens à aller vers le e-Commerce. Nous les accompagnons aussi bien sur les conseils en stratégie Web que sur les outils et la formation qui va avec pour maitriser cet univers du e-Commerce. La particularité de l'Algérie est de ne pas disposer de services e-Commerce. Comment comptez-vous travailler alors ? Effectivement, l'Algérie n'a pas encore de e-Commerce, mais il y existe un terrain favorable : le développement de l'Internet et la présence de communautés assez actives au niveau des réseaux sociaux. On est certain que c'est un marché plein d'avenir. Il y a encore quelques points de blocage, mais finalement on peut aussi apporter des réponses qui soient de l'ordre de la vente par correspondance avec un site contre un paiement différé (chèque, virement ) ou d'autres moyens comme les cartes prépayées qui permettent de contourner le blocage de l'e-paiement. En attendant, ça permet aux distributeurs de se préparer au e-Commerce lorsqu'il sera autorisé. Il est intéressant de se positionner relativement tôt pour tirer partie d'un marché qui va inévitablement s'ouvrir. Notre métier c'est d'accompagner ces distributeurs à se placer sur ce marché et de les aider à êtres autonomes ensuite avec des conseils et des outils. Qu'entendez-vous par outils ? Il y a le site Web de vente en ligne, il y a aussi des logiciels dont un éditeur de logiciel de gestion qui fabrique un ERP dédié à la vente à distance, avec la facturation, la gestion des stocks, et la logistique. Ce sont autant d'éléments essentiels pour assurer la promesse qu'on fait à nos clients. Parce qu'en fait, tout le e-Commerce va se baser sur la confiance des utilisateurs. Et pour avoir cette confiance, il faut un nom et une existence légale du fournisseur de service, sécuriser le e-paiement, mais aussi avoir des outils qui permettent d'assurer la promesse de service. Ne pas proposer à la vente des produits qui ne sont plus en stock, de garantir de pouvoir livrer dans tel ou tel endroit du pays, d'informer qu'on est entrain de préparer la commande, et de rassurer le consommateur tout au long de la chaine de vente. C'est sur ces outils qu'on gagnera la confiance numérique. Est-ce que vous assurez le volet sécurité des sites e-Commerce ? Au niveau sécurité, on entend le paiement sécurisé mais également la sécurité des données et du site Web. En général, nous travaillons avec des opérateurs dédiés au paiement électronique, comme les banques et des solutions naissantes tel que ePay.dz qui vont permettre un paiement en ligne. C'est encore dans les cartons. Et j'attends avec impatience que tous les acteurs qui sont en lice vont permettre de nous interfacer avec des systèmes opérationnels. Pour l'instant, on est entrain d'étudier tous les dialogues et les échanges informatiques qu'il faut mettre en place, en attendant que ça se débloque. Vous avez d'autres clients que ePay.dz ? Oui, on est interfacé avec ePay.dz, et on a préparé des solutions de sites Web pour des commerçants qui attendent le bon moment pour mettre en ligne, mais pour l'instant ils nous demandent d'êtres discrets. Sans nul doute que ça va s'ouvrir d'ici le printemps prochain. Ces commerçants sont dans quels secteurs ? En général, nous sommes pertinents dans la distribution de produits manufacturés, donc les biens d'équipements et ceux qui sont proches de la vente par correspondance s'intéressent forcément à cette solution pour contacter leurs clients. Comment s'assurer de bien réussir une activité de e-Commerce ? Il faut une bonne préparation. Il ne faut pas négliger la préparation avant de se lancer, parce qu'on n'a pas le droit à l'erreur. Il faut sécuriser sa promesse client, c'est à dire avoir toutes les briques logicielles, infrastructures, techniques et humaines pour éviter les couacs dans toute la chaine qui permet d'aboutir à un client livré et satisfait. Et il faut ensuite faire de la visibilité, du marketing, de la communication, et ça c'est un métier qui, sur Internet, peut se passer par le biais des réseaux sociaux et autres moyens de référencement. Existe-t-il des particularités culturelles à prendre en charge d'un pays à un autre ou d'une région à une autre ? Les fondamentaux sont les mêmes. Il s'agit de répondre à un besoin d'un consommateur en lui apportant satisfaction. C'est le B.A. BA du commerce. C'est valable dans tous les pays. La spécificité, c'est d'intégrer les faiblesses logistiques en Algérie dans la livraison. C'est de prendre en compte la géographie du pays. On ne peut pas livrer partout, pas encore. Que peuvent apporter les réseaux sociaux à une activité e-Commerce ? Si vous faites une erreur qui conduit à des clients insatisfaits non livrés, les réseaux sociaux vont se charger de vous descendre. Le meilleur garant de la confiance numérique c'est bien ces réseaux sociaux qui ont un contre-pouvoir efficace et utile pour que les commerçants soient sérieux. L'inverse est vrai aussi. Lorsqu'un distributeur fait un bon service, ça peut vite se savoir à travers les réseaux sociaux qui sont un vrai vecteur de qualité. Autrement dit, l'association entre le e-Commerce et les réseaux sociaux est un cercle vertueux, gagnant-gagnant, qui devrait alimenter la confiance numérique.