Selon le P-DG de Sonelgaz, Noureddine Bouterfa, qui s'exprimait hier sur les ondes de la radio nationale, les facteurs, qui ont été à l'origine des perturbations électriques pendant l'été dernier -notamment dans le sud-est algérien où plusieurs émeutes ont été enregistrées-, ont été levés. «La zone a souffert d'un problème d'interconnexion de réseau qui a été réglé à la fin de l'été», a-t-il expliqué en affirmant que, grâce aux renforcement des capacités opérés ou prévus, la région sud-est «aura une meilleure alimentation» en 2013. Détaillant les mesures prises ou à prendre pour renforcer l'interconnexion du Sud-Est dans le cadre du programme d'urgence lancé pour la période 2012-2017, visant à assurer la couverture des besoins du marché algérien en électricité, Noureddine Bouterfa a évoqué la mise en service des lignes de transport électrique entre M'sila et Biskra, entre Barika (wilaya de Batna) et Tolga (wilaya de Biskra). Il a également cité les renforcements prévus à Hassi Messaoud, où il est question d'installer des groupes de 100 mégawatts, El-Oued où l'on s'apprête à mettre en place quatre turbines de gaz de 100 MW et la mise en fonction du premier groupe de la centrale électrique de Koudiat Draouch, dans la wilaya de Tarf pour faire face aux demandes des pointes de l'été. «Sauf incidents majeurs que nul ne peut prévoir, il n'y a plus d'inquiétude à avoir», a-t-il tenté de rassurer, en estimant que «ce qui s'est passé l'année dernière est exceptionnel», et «on ne peut pas prendre en compte des événements exceptionnels dans une planification». Pour autant, il reconnaît que ces renforcements auraient pu être installés plus tôt et les perturbations évitées n'étaient-ce les difficultés rencontrées comme celles d'accéder au foncier ou de convaincre les citoyens sur la nécessité de faire passer les lignes. Le montant des investissements du plan d'urgence consenti ? «D'ici l'été 2013, ce montant doit tourner autour du milliard de dollars», a-t-il encore évalué en rappelant qu'en matière de sécurité énergétique, la production seule ne suffit pas, le transport et la distribution étant également essentiels. «Si nous arrivons à mettre en œuvre le programme du renforcement du réseau de distribution, on doit réaliser 6.000 postes de distribution d'ici l'été prochain, la situation en 2013 sera différente». LES ENERGIES RENOUVELABLES, CE N'EST PAS POUR DEMAIN Au chapitre des énergies renouvelables, le P-DG de Sonelgaz a tenu à préciser que, tant que la technologie n'est pas éprouvée, le programme solaire n'est pas destiné à satisfaire les besoins en cas de perturbations. «La demande doit être soutenue par les énergies classiques et le solaire va venir en appoint ou en complément». La couverture continuera donc d'être assurée par les moyens classiques, du moins jusqu'à 2016 avec la réalisation annoncée de la centrale d'El-Oued. M. Bouterfa affirme que le programme des énergies renouvelables suit son chemin et que beaucoup de choses ont été faites «même si cela ne se voit pas encore». «La centrale pilote de panneaux photovoltaïques de Ghardaïa est en réalisation, la centrale éolienne d'Adrar sera achevée en fin d'année ou début 2013, l'usine de fabrication des panneaux photovoltaïques de Rouiba est en construction », a-t-il notamment cité en préconisant la patience. «En matière d'énergie, on ne voit qu'au bout de 5 années minimum». Le responsable admet, tout de même, qu'il reste encore beaucoup de questions à régler, particulièrement celles relatives à la recherche et développement, au partenariat, au transport, au stockage du solaire thermique, énergie qui représente plus de 7.500 mégawatts sur les 12.000 projetés (2.500 éoliennes et 2.000 photovoltaïques, ndr) à l'horizon 2030. «Sans stockage, il n'y a pas de solaire et aujourd'hui, la réflexion est engagée sur la technologie la plus sûre entre le sodium et la céramique», a-t-il insisté. D'où le retard pris dans la concrétisation du programme qui fait craindre aux spécialistes et observateurs que l'Algérie ne sera pas au rendez-vous de 2030. Sur des changements possibles de tarification, le P-DG de Sonelgaz a répondu que cela était du ressort du gouvernement. «Si vous me demandez mon avis de manager, je serais ravi qu'il y ait augmentation», a-t-il affirmé. Alors que Algeria Energy Forum, rencontre internationale axée sur les opportunités d'investissement dans le secteur algérien de l'énergie et les possibilités de développement des gaz de schiste, se tient depuis hier à Alger, Noureddine Bouterfa a réitéré la disponibilité de l'Algérie à installer des centrales dont la production serait destinée à l'extérieur «pour autant que les demandeurs se manifestent et que les financements soient disponibles». Pour rappel, le programme national de développement des énergies renouvelables est soutenu par un investissement de 60 milliards de dollars et vise à augmenter progressivement la production locale en électricité jusqu'à satisfaire 40% de la demande locale et répondre à une partie de la demande européenne en énergie solaire.