Dans une sortie calculée dans le Financial Times' et Le Figaro', à un moment où il envisage d'investir dans Telecom Italia' et dans Vivendi', le milliardaire égyptien Naguib Sawiris a exprimé son dépit de la «jalousie» et des manœuvres politiques en Algérie qui ont entravé son «rêve» de faire d'Orascom un acteur mondial majeur dans les Télécoms. Et ce dépit, Naguib Sawiris, qui a gagné de l'argent et une réputation, entend le faire payer à l'Algérie, pour la coquette somme de 5 milliards de dollars. Ce chiffre est la nouveauté dans les récriminations habituelles de Naguib Sawiris. Après des articles assez flagorneurs parus ces derniers jours dans la presse occidentale, le milliardaire égyptien est passé aux « choses sérieuses » en annonçant que son groupe, Weather Investments, basé au Luxembourg a saisi le CIRDI (Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements qui relève de la Banque mondiale) d'une plainte contre l'Algérie. En fait, la plainte remonte déjà à avril 2012, le CIRDI laisse la possibilité d'un règlement à l'amiable pour une durée de six mois. En l'absence d'un accord, la procédure d'arbitrage a été enregistrée vendredi dernier. Le ministre algérien des finances, Karim Djoudi n'a pas tort de relever que le recours à l'arbitrage international par Naguib Sawiris pour demander 5 milliards de dollars, en dommages et intérêts, ne « constitue pas une nouvelle démarche puisqu'elle date de près d'une année ». Mais la nouveauté est que cette démarche est désormais enrôlée par le CIRDI. »En matière commerciale, lorsquil n'y a pas d'accord sur une décision, les opérateurs ont la possibilité d'engager des demandes d'arbitrage», a indiqué Karim Djoudi qui a souligné que les discussions avec Vimplecom pour l'estimation et l'achat de 51% d'OTA se poursuivaient. UN HEROS «JALOUSE» Weather Investment prétend que le gouvernement algérien a mené une campagne de « harcèlement » et de « mauvais traitement » contre OTA (Djezzy). Se présentant comme un homme d'affaires qui a pratiquement rendu service à l'Algérie en investissant en 2001, la somme de 737 millions de dollars dans un pays « en guerre » où « personne ne voulait investir », le milliardaire égyptien se donne même l'allure d'un héros téméraire car tous le monde lui disait « qu'il était fou » d'investir en Algérie. Ses ennuis en Algérie, ils ne sont dus qu'à une « pure jalousie » et à des « considérations politiques ». Bref, lui était en train de construire son grand « rêve » de faire d'Orascom le « premier grand opérateur arabe global » mais le gouvernement algérien l'a fait échouer. Dans ce qui apparaît clairement comme un début de campagne contre le gouvernement, Sawiris affirme que la saisine de l'arbitrage est « un mauvais développement non seulement pour nous, mais pour tous les investisseurs étrangers en Algérie ». Le gouvernement algérien l'aurait ainsi « contraint » à vendre l'entreprise « à bas prix » alors qu'il voulait la garder. Le Financial Times' cite Emmanuel Gaillard, responsable du groupe d'arbitrage international chez Shearman & Sterling, le cabinet qui représente les intérêts du gouvernement algérien, qui confirme que Weather Investment a bien engagé une procédure d'arbitrage. « Nous avons l'intention de défendre l'affaire avec vigueur » et « nous pensons que le demandeur n'a pas de preuves » de ce qu'il avance. Emmanuel Gaillard estime que Weather Investment n'a pas qualité pour engager des poursuites en raison de sa « structure opaque » et de « son statut d'actionnaire minoritaire indirect dans OTA ». Naguib Sawiris est en effet devenu un actionnaire minoritaire dans Vilmplecom depuis la cession de son groupe. Même si une « juridiction est trouvée, nous ne voyons aucune matière pour une violation de traité », a indiqué Emmanuel Gaillard.