La visite d'aujourd'hui du Président russe, Dmitri Medvedev, à Alger a pris une importance nouvelle. Après son rachat des actions de Djezzy, l'opérateur de téléphonie mobile russe, Vimpelcom, se place désormais sur la position du holding de Naguib Sawiris. Vu l'importance d'un telaccord, les Russes auraient obtenu en amont, l'approbation de l'Etat algérien avant de signer un accord d'une telle complication, note-t-on. D'après des observateurs, il fallait indubitablement l'approbation de l'Algérie pour que l'affaire soit viable. Bref, cette affaire qui a fait la chronique financière régionale et mondiale pendant plus d'une année est bel et bien tranchée. Toutefois, le PDG de Vimpelcom a déclaré avant-hier soir à Reuters que l'affaire Djezzy en Algérie est toujours en suspens. «Elle n'a pas été réglée», a-t-il dit. Hier matin, Mohamed Benmeradi, ministre de l'Industrie de la PME/PMI et de la promotion de l'investissement, a répondu que «tout changement dans l'actionnariat d'Orascom Telecom Holding (OTH) ne saurait remettre en cause les engagements déjà pris de céder Orascom Telecom Algérie (OTA) à l'Etat algérien». D'après un expert interrogé par TSA, «l'opération s'est déroulée deux étages au-dessus de Djezzy. Théoriquement, Djezzy n'a pas changé de mains. C'est le fonds qui détient sa maison mère Orascom Telecom qui a changé de mains». Dans le sens de cette fusion/acquisition, M. Benmeradi, a déclaré que «les négociations en cours entre l'Etat algérien et les propriétaires du groupe OTA n'étaient pas du tout remises en cause». Précisant dans la foulée, que «ce sont deux opérations distinctes. La première concerne une transaction entre deux holdings internationaux et la seconde a trait à une procédure de cession de droits d'une société de droit algérien officiellement engagée entre les deux parties suite à la décision de l'Etat algérien d'exercer son droit de préemption prévu par la législation nationale sur les cessions d'actions de la société OTA envisagée par la société mère». Djezzy, à quel prix ? Après avoir épuisé toutes les options de remplacement, Naguib Sawiris était obligé de vendre. L'option de Vimpelcom est, semble-t-il, la meilleure, dans une conjoncture pareille. Pour rappel, Sawiris avait espéré d'abord intégrer les actifs de sa société dans un géant de l'Europe occidentale, tel que Deutsche Telekom, écrivait Andrew Parker, rédacteur en chef du Financial Times. Mais les négociations n'aboutirent à rien. Le début d'année en cours, Sawiris avait également essayé de vendre Djezzy, ses actifs les plus rentables, à MTN, l'opérateur sud-africain, qui avait proposé 7,8 milliards de dollars. Mais l'Etat algérien a bloqué la transaction forçant encore une fois la main de l'entrepreneur égyptien. Avec une chute vertigineuse des actions à la bourse de Caire, causant un trou commercial monumental, et la tyrannie du statu qui sévissait sur les négociations avec l'Etat algérien, déterminé à ne pas céder le moindre pouce du terrain, Sawiris a cédé ses actions, avant que le holding familial sombre définitivement. Selon les experts, Mikhail Fridman, le milliardaire russe qui contrôle Vimpelcom, est un négociateur dur, comme la dureté des services secrets soviétiques qui ont enfanté tous ces nouveaux milliardaires. Son offre à Sawiris n'est pas du tout généreuse, note-t-on. D'après le «Financial Times», Weather Investments, société privée Sawiris, recevrait 7 milliards de dollars en numéraires et actions pour les actifs des télécommunications, y compris Djezzy et d'autres placements sur les marchés émergents ainsi que de Wind, troisième opérateur italien. Mais plusieurs banquiers disent que seul Djezzy est estimé à environ 7 milliards de dollars. Toutefois, Vimpelcom peut également accepter d'assumer jusqu'à 12 milliards de dollars de la dette d'Orascom, en grande partie comblée au cours de l'acquisition de Wind. D'après France Télécom qui avait annoncé mercredi dernier qu'elle payait 841 millions de dollars pour une participation de 40% dans Meditel Maroc, Djezzy pourrait dépasser les 12 milliards de dollars. Il faut savoir que le Maroc est le marché de référence de l'Algérie. Pourquoi un tel choix pour Vimplecom ? Pour Fridman et Alfa, la société mère, le plan a un inconvénient notable: elle donnerait à Orascom une participation de 20 % dans Vimpelcom, Alfa dilué dans 45 % et les 36 % du capital détenue par la société norvégienne Telenor. Toutefois, Fridman a de bonnes raisons d'aller de l'avant: Vimpelcom serait devenu le cinquième plus grand opérateur au monde par le nombre des abonnés - et de devenir l'une des rares sociétés russes en dehors du secteur des hydrocarbures pour établir une vraie présence mondiale. Et avec environ 37 % des actions, Alfa resterait la force dominante à Vimpelcom. Etre à la fois en Europe continentale, en Italie et dans les marchés émergents d'Afrique, est le rêve d'expansion de Vimplecom. L'option de rachat de Djezzy ne pouvait être qu'avantageuse. De son côté, Orascom Telecom fondera une nouvelle société pour gérer ses actifs en Egypte et en Corée du Nord, qui n'a pas été inclus dans la fusion entre sa société mère Weather Investments SPA et Russia's VimpelCom Ltd. Naguib Sawiris a déclaré hier à la chaîne d'informations d'Al Arabiya que la nouvelle société sera établie dans «quelques semaines et sera inscrite sur la Bourse de l'Egypte». Orascom attribuera à ses actionnaires des parts (actions) égales dans la nouvelle société, a précisé Sawiris. In fine, l'Algérie veut conserver les 51% de Djezzy et confiera les 49% restants à Vimpelcom qui assurera également le management. C'est la seule issue qui arrange tout le monde. Les négociations avec Dimitri Medvedev et le PDG de Vimplecom qui sera également présent, Aleksander V.Izosimov, iront à partir d'aujourd'hui dans ce sens, lors du Forum d'affaires algéro-russe.