L'exploration des gisements providentiels de gaz de schiste pourrait assurer la disponibilité de l'énergie, faire baisser le prix des carburants et absorber le chômage. Ce sont là les principaux arguments utilisés par le lobby pro-gaz de schiste pour induire le public en erreur. En réalité, les nouveaux gisements de gaz représentent de réelles mines d'or pour les multinationales, c'est pourquoi elles nous cachent beaucoup de choses. LE DESASTRE ECOLOGIQUE Le gaz de schiste est un gaz naturel enfoui dans la roche de schiste se trouvant à environ 2000 mètres de profondeur. Ce gaz existe un peu partout sur la planète. Il est extrait grâce à la technique de fracturation hydraulique. Tout d'abord un puits est foré verticalement. Ensuite, on progresse horizontalement sur plusieurs centaines de mètres dans la roche imperméable. Une charge d'explosives doit être placée dans le forage horizontal puis détonée pour créer des brèches. Afin de libérer le gaz piégé dans les fissures, un liquide de fracturation composé d'eau, de sable et d'une multitude de produits chimiques sera envoyé à haute pression dans le puits. La technique de fracturation hydraulique a des conséquences désastreuses sur l'environnement. Il faut savoir que seule la moitié du liquide injecté remonte avec le gaz libéré. L'autre moitié reste dans la couche de schiste et peut ainsi polluer la nappe phréatique, le phénomène a déjà été observé en Louisiane. De plus, cette technique consomme une réserve d'eau que n'auront plus les générations futures, chaque puits requiert à peu prés 8 millions de litres d'eau. Les dégâts occasionnés par l'exploitation du gaz de schiste sont spectaculaires. En Louisiane, le Docteur Wilma Subra de « University of Louisiana » a constaté que les déchets générés par les forages gaziers sont à l'origine de plusieurs problèmes de santé. En effet, après la fracturation de la roche, le liquide de fracturation remonté est stocké dans des bassins de rétention à l'air libre, car pour le moment on ne sait pas comment le traiter. Par conséquent, les produits hautement toxiques comme l'ethylbenzène s'évaporent progressivement et peuvent cause le cancer. Il est désolant de ne pas admettre les nombreux résultats scientifiques de l'évaluation des impacts environnementaux liés à l'exploitation de gaz de schiste. Rappelons-nous une affaire similaire. L'histoire de l'amiante doit nous servir de leçon. L'usage de cette matière n'a été interdit en France qu'en 1997, alors que sa toxicité a été prouvée une dizaine d'année plutôt. L'interdiction a été prononcée trop tard, car l'amiante a fait un grand nombre de victimes. Dans le débat sur le gaz de schiste, drôlement, certains défenseurs de l'effet de serre comme monsieur Al Gore, l'ex-vice-président américain n'ont pas réagi beaucoup sur les gaz à effet de serre dégagés lors de la séparation gaz libéré/liquide injecté. Nous avons tout compris, lorsque les intérêts des multinationales sont en jeu, la protection de l'environnement devient secondaire. C'est tout à fait contraire au principe du développement durable selon lequel il faut répondre aux besoins des générations actuelles sans compromettre ceux des générations futures. LE MYTHE DE LA CROISSANCE ECONOMIQUE L'exploitation de gaz de schiste représente-t-elle un argument solide aux politiciens américains pour affirmer la renaissance industrielle de l'Amérique ? Aujourd'hui, les chiffres témoignent un taux de chômage très élevé aux Etats-Unis. D'après le gérant du groupe Platinium Gestion, Olivier Delamarche, le taux de chômage réel aux Etats-Unis est de 20%. Le spécialiste financier affirme que depuis le début de la crise économique, les Américains suppriment dans les statistiques un certain nombre de la population active, 1,5 millions de personnes auraient disparu des statistiques. D'autre part, un bon nombre de gens font du travail partiel (moins de dix heures par mois) qui ne leur rapporte pas grand-chose. Le come back de l'Amérique grâce à l'exploitation du gaz de schiste est-il un mythe ou une réalité ? Pour trouver la réponse de cette question, le magazine économique suisse « Bilan » a mené dernièrement une enquête à l'Etat de l'Ohio où se trouve un important gisement de gaz. Selon la rédactrice en chef adjointe du magazine, Myret Zaki, la renaissance n'a jamais été industrielle manufacturière créatrice d'emplois. Les usines de gaz ont largement misé sur l'automatisation et emploient finalement très peu de monde. On pourrait dire qu'en raison du coût très bas du gaz aux Etats-Unis, des industries de part le monde envisageraient de se relocaliser en Amérique afin de réduire leur facture énergétique. L'analyste économique du magazine « Bilan » apporte l'objection suivante : « Les coûts de l'énergie ne représentent que 2 % des couts de production manufacturières. Ce n'est donc pas suffisant pour qu'une multinationale envisage de se relocaliser aux Etats-Unis ». Concrètement, depuis 2008, l'exploitation de gaz de schiste n'a crée que 60 milles emplois, en échange elle a généré des désastres écologiques. A présent, l'administration étasunienne envisage de créer 600 milles emploi manufacturiers d'ici 2020. Les observateurs les plus avisés de la société américaine savent très bien que l'Amérique manufacturière a perdu 4 millions d'emplois ces dernières années. Apparemment l'Amérique ne retrouvera jamais le nombre d'emplois qu'elle a perdus. Mais alors est-ce la fin du rêve américain qui commence à se dessiner ? * Universitaire