L'on constate d'élection en élection que les électeurs sont de plus en plus nombreux à zapper les scrutins. Les institutions élues ne sont plus de ce fait représentatives que de la minorité citoyenne qui continue à se rendre aux urnes. Il en résulte que les partis majoritaires dans ces institutions le sont parce que si leurs gisements électoraux ont irrécusablement fondu, ils restent pour des raisons multiples encore plus importants que ceux de leurs concurrents qui subissent eux aussi les conséquences de la désaffection citoyenne pour l'acte électoral. Le FLN et le RND qui prédominent électoralement et ne perdront pas probablement ce statut lors du scrutin de jeudi prochain, sont cependant confrontés à un rétrécissement de leur influence sur l'échiquier politique. Un constat que le pouvoir dont ces deux formations sont les représentations partisanes a fait et dont il a tiré la conclusion qu'il lui faut mettre sur pied de nouveaux relais politiques susceptibles de combler le vide que crée pour lui l'érosion accélérée de leurs potentiels électoraux. S'ils sont nombreux les nouveaux partis qui aspirent à devenir des alternatives au FLN et au RND en perte de vitesse, il en est deux qui manifestement ont les faveurs et plus du pouvoir. Ce sont le TAJ fondé par Amar Ghoul et le MPA créé par Amara Benyounès. Ces deux personnalités se défendent bien entendu d'avoir pris l'initiative de créer leur formation sur une instigation venue d'en haut des cercles dirigeants du pouvoir. C'est pourtant ainsi qu'elle est perçue dans l'opinion publique pour qui la naissance et le rapide développement du TAJ et du MPA ont des similitudes visibles avec ce qui s'est vu à l'apparition du RND. Ce qui fonde la conviction que de nombreux citoyens partagent à leur égard qu'ils sont destinés à avoir une place et un rôle d'importance dans la recomposition du champ politique national que le pouvoir veut réaliser. Le FLN décrépit et discrédité et le RND n'étant jamais parvenu à le supplanter dans la société, les concepteurs du plan de recomposition du champ politique ont en toute vraisemblance envisagé au vu de ce constat le lancement de formations partisanes de substitution tout aussi dépendantes de lui, mais présentant un «look» dans l'air du temps et de ce fait plus attractives que les deux «dinosaures» du courant officiel. Le TAJ et le MPA apparaissent comme les deux versants de ce courant politique officiel. Nationalistes, tous les deux s'en revendiquent, mais le premier en se prévalant «sans complexe» d'une coloration islamiste et le second de celle laïco-démocrate. Les deux fringants quinquagénaires qui dirigent les formations en question ont été de toute évidence distingués parce qu'ils «passent mieux» que Belkhadem et Ouyahia auprès de l'opinion citoyenne. Les deux usent d'un discours moderniste et s'emploient à convaincre qu'ils ont une vision politique qui ne s'oppose pas aux changements que désirent les citoyens, mais sans que ces changements n'interviennent dans la rupture radicale. C'est pourquoi s'ils prônent ces changements, ils n'ont pas décliné de faire partie du gouvernement aux côtés de ministres FLN et RND dont les partis sont allergiques à l'aspiration du changement. Depuis leur création, le TAJ et le MPA donnent à voir qu'ils sont dans une «irrésistible» ascension en terme d'ancrage dont il ne faut pas avoir la naïveté de croire qu'elle ne doit rien à des «coups de pouce» qui lui facilitent le terrain. A moyen terme, l'on se rendra compte que ces deux partis vont se faire leur «place au soleil» au détriment du FLN et du RND dont la mission politique est en train de prendre fin aux yeux des cercles du pouvoir.