L'Alliance verte a été déçue lors des dernières législatives L'expérience de l'islamisme politique en Algérie est un véritable cas d'école qui inspirera encore une fois bien des pays. Amar Ghoul a été plébiscité tard dans la soirée de vendredi premier président de «Tajamoû Amel el Djazair» (TAJ- Rassemblement de l'espoir de l'Algérie), lors du congrès constitutif de cette nouvelle formation politique. Environ 350 membres du Conseil national ont été également élus. Avec la naissance officielle de cette nouvelle formation, la scène politique nationale doit désormais compter avec le TAJ. Fort d'une quarantaine de députés et d'une dizaine de sénateurs, le TAJ s'impose de fait comme étant la troisième force politique du pays. Il partagera ainsi le podium avec le FLN et le RND. M.Ghoul ne s'arrêtera pas en si bon chemin puisqu'il compte investir «avec force» les élections locales pour confirmer sa place sur la scène politique nationale. Cette ferveur du TAJ à gagner des sièges au niveau local pour mieux s'implanter et se rapprocher de la société ne se retrouve pas chez les autres partis islamistes dont la plupart ont décidé de boycotter le rendez-vous électoral du 29 novembre prochain. Ainsi, le président du FJD (Front pour la justice et la démocratie), de Sâad Abdallah Djaballah, a fait savoir que son parti boycottera les prochaines élections locales. Même son de cloche chez le FC (Front du changement) de Abdelmadjid Menasra qui a décliné, lui aussi, sa présence à ces élections. Le président du Front de l'Algérie nouvelle (FAN), Djamel Benabdeslam, n'est pas lui aussi enthousiaste puisque, tout comme Bouguerra Soltani du MSP, il fait durer le suspense. En réalité, c'est une autre débâcle que ces partis redoutent. Totalement déçus par les résultats des législatives du 10 mai dernier, les islamistes marquent le pas. Alors qu'ils se voyaient déjà au pouvoir comme cela a été le cas en Tunisie, au Maroc et en Egypte, les islamistes de l'Alliance pour l'Algérie verte (AAV) ont reçu une «fessée» électorale. Les trois partis, le MSP, Enahda et El Islah réunis, n'ont obtenu que 48 sièges, dans une Assemblée qui compte 462 députés. D'où cette crainte justifiée de l'urne. C'est la première fois, depuis l'ouverture démocratique en 1990, que des partis islamistes expriment cette peur face à une élection. Cela signiferait-il que quelque chose a changé au sein de la société algérienne depuis les premières élections locales pluralistes remportées par le FIS dissous, le 12 juin 1990? Face à cette frilosité des islamistes, la voie devient grande ouverte aux partis démocrates qui ont signé un retour en force après une longue éclipse: le parti d'Aït Ahmed, le RCD de Saïd Sadi ainsi que le MPA de Amara Benyounès. Du coup, c'est toute une nouvelle configuration du champ politique qui se dessinera à la faveur de ces élections locales. Il était temps que cette décantation politique arrive après plus de dix années de stagnation et «d'aridité» politique. Dans ce paysage renouvelé, seule la donne islamiste changera. Ce ne sera plus le MSP qui la conduira mais bel et bien le TAJ. Ce dernier viendra boucler le cycle de l'islamisme politique, incroyablement géré par les autorités algériennes, d'abord, sérieusement déstabilisées au début des années 1990, avec l'incursion dans le champ politique de l'islamisme radical, une première dans l'histoire du monde musulman et arabe. Ensuite, il y a eu, au milieu des années 1990, l'intégration progressive du MSP, parti du défunt Mahfoud Nahnah, dans les instances élues. Bercé au fil des ans par les douceurs des salons, le MSP s'est oublié dans les méandres du pouvoir. Il ne se rappellera de son projet d'un Etat islamique qu'au moment des révoltes arabes. Trop tard, le réveil a été tardif. L'islamisme version TAJ, est sur le point d'ouvrir un nouveau chapitre. Celui d'un islamisme light au sens propre du mot. C'est dire que l'expérience de l'islamisme politique en Algérie est un véritable cas d'école qui inspirera encore une fois bien des pays.