Autorisé à tenir son congrès constitutif, le parti TAJ fondé par Amar Ghoul a pour la circonstance décidé de frapper fort en réunissant deux mille délégués auxquels se joindront le premier jour des assises d'autres milliers d'encartés venant de toutes les wilayas du pays. En faisant le pari de réussir cette gageure pour sa formation qui commence à peine à se structurer, le ministre des Travaux publics veut administrer la preuve que son initiative a bénéficié de l'engouement populaire. En remplissant la salle Harcha, il escompte que l'opération fera boule de neige en convainquant l'opinion que son nouveau parti répond à une demande qui s'exprime parmi les citoyens dont l'engagement partisan n'a pas trouvé le cadre où se donner libre cours dans les formations politiques déjà présentes sur la scène nationale. Qu'elle dissipera surtout la prévention exprimée par beaucoup que le TAJ est une création inspirée et souterrainement téléguidée par les cercles du pouvoir. Dès ses premières sorties annonçant par lui la création du nouveau parti, Amar Ghoul a affiché l'ambition de ratisser large en assignant au TAJ la mission de constituer un creuset qui fusionnera les volontés citoyennes acquises au dépassement des positionnements idéologiques et doctrinaux causes que les autres partis ont échoué à se doter d'un ancrage en mesure d'en faire des acteurs politiques susceptibles de s'imposer au pouvoir. Toute référence gardée, l'initiative d'Amar Ghoul a quelques points de ressemblance avec celle lancée en France par François Bayrou qui avec son Modem s'est piqué d'entraîner les Français à en finir avec le clivage gauche-droite qui constitue la réalité du champ politique français depuis des décennies. Pour l'homme politique français, le résultat s'est avéré désastreux. Son Modem a fait illusion à son lancement pour ensuite se rétrécir au point pratiquement de se réduire à un club de réflexion sans prise sur les enjeux électoraux dans l'Hexagone. Le départ du TAJ s'est fait de manière tonitruante. La question est de savoir s'il tiendra la distance. Quoique le staff qui entoure Amar Ghoul à la tête de la machine qu'il a mise en branle se défende d'avoir lancé une opération « ramasse tout », des figures grenouillent déjà pour être aux premières loges dans les instances dirigeantes de la formation. Adeptes du nomadisme politique et opportunistes tous crins, ces figures ne se sont engagées derrière le ministre des Travaux publics que parce qu'elles y voient une opération qui procède d'une reconfiguration du champ politico-partisan dans laquelle le TAJ est appelé à avoir une place prometteuse parce que ainsi voulu par ceux qui en tirent les ficelles. Le départ a beau s'annoncer prometteur pour le TAJ, il n'est pas sûr pourtant qu'il réalise les belles promesses et engagements que Ghoul déclare vouloir matérialiser à travers lui. Au-delà du risque que constitue pour lui de se révéler un simple point de chute pour des ambitions opportunistes n'ayant pu se concrétiser ou ayant été contrecarrées ailleurs, le TAJ encourt également celui de se discréditer comme l'ont été tous les partis qui ont cru porteuse la politique « d'un pied dans le pouvoir et l'autre dans l'opposition ». Amar Ghoul sait parfaitement ce que cela a coûté à son parti originel le MSP. Il pense être plus subtil sur cette voie que ne l'a été Boudjerra Soltani. Sauf qu'il est des développements et des événements pouvant intervenir sur la scène politique nationale qui mettront au pied du mur le politique qui s'adonne à ce grand écart et l'obligeront à se révéler pour ce qu'il est fondamentalement.