En accordant à la Palestine le statut en son sein d'Etat observateur, l'ONU a mis fin à la supercherie de l'inexistence d'une nation palestinienne aux frontières internationalement reconnues sur laquelle s'appuie Israël pour justifier son occupation et la poursuite de la colonisation juive en territoires palestiniens. La demande introduite par Mahmoud Abbas a été approuvée par 138 Etats membres de l'ONU contre 9 dont Israël et les Etats-Unis qui ont voté contre. Certes, le nouveau statut dont bénéficie la Palestine dans l'enceinte onusienne est inférieur à celui d'Etat membre que le président Mahmoud Abbas a sollicité auprès du Conseil de sécurité en 2011 mais auquel les Etats-Unis ont mis leur veto. Il permet néanmoins à la Palestine de postuler à l'appartenance aux organismes sous tutelle de l'ONU et surtout aux autorités palestiniennes de saisir la Cour internationale des violations dont Israël est coupable à l'endroit de leur peuple. C'est cette possibilité pouvant jouer désormais contre lui que l'Etat sioniste a tenté de contrer en engageant sa diplomatie et sa propagande dans le combat pour dissuader l'assemblée générale de l'ONU d'entériner l'initiative de l'Autorité palestinienne. Le vote onusien favorable aux Palestiniens renseigne éloquemment sur l'isolement international d'Israël. Même parmi les Etats européens qui ont longtemps accepté de couvrir la supercherie sur laquelle Israël fondait sa politique à l'égard des Palestiniens, une majorité d'entre eux a voté favorablement sur la demande de Mahmoud Abbas. Signifiant ainsi à Tel Aviv qu'il ne peut plus persister dans le déni de l'existence de l'Etat palestinien, désormais une réalité qui lui impose de mettre fin à l'occupation et à la colonisation du territoire de cet Etat, ou sinon s'exposer à être accusé d'enfreindre la légalité internationale des injustices qu'Israël commet contre eux. Il n'est que le début de la longue marche qui leur reste à accomplir pour que leur Etat national occupe sa véritable place dans le concert régional et international des nations. Il leur octroie néanmoins plus de capacités à résister à l'ennemi sioniste, dont il a signifié l'isolement international. Israël a échoué à faire avorter l'initiative palestinienne, preuve s'il en est de son isolement, mais ne renonce pas pour autant à faire durer le statu quo qui lui a permis presque d'obtenir de la communauté internationale l'abandon du principe de deux Etats comme solution au conflit palestino-israélien. La réaction du gouvernement Netanyahu à ce vote est éclairante sur ses intentions. Ce gouvernement va pratiquer des rétorsions économiques et financières impitoyables à l'égard des Palestiniens en vue de les convaincre que leur victoire diplomatique n'est d'aucune incidence sur la réalité du terrain entre eux et les Israéliens. Il va surtout s'activer à attiser les divergences et rivalités interpalestiniennes en jouant machiavéliquement le Hamas contre le Fatah et inversement. En lui offrant les opportunités pour ce jeu, les Palestiniens créditeront alors l'autre supercherie sur laquelle se fonde la politique d'Israël, à savoir que l'Etat sioniste, même s'il accepte finalement de négocier le principe de la création de l'Etat palestinien, ne trouve pas d'interlocuteurs palestiniens crédibles dont la parole engage le peuple palestinien dans son ensemble. Aux Palestiniens donc de transformer leur succès diplomatique de jeudi en une arme pour leur cause nationale. En ressoudant d'abord et avant tout leur unité nationale et en s'entendant sur une stratégie de résistance face à l'ennemi commun.