Le 23 septembre, Mahmoud Abbas, le président de l'Autorité palestinienne (AP) et chef du Fatah, va se présenter devant le Conseil de sécurité de l'Organisation des Nations unies (ONU) pour demander officiellement l'adhésion de son pays à cette institution. Un dossier cernant les contours de cette demande a été finalisé, il y a quelques jours, par les responsables de l'AP, qui se disent prêts à assurer la gestion de leur futur Etat dont les limites devraient être celles des frontières de 1967. Pas moins de 124 pays sur 195 au total ont donné leur accord pour la reconnaissance de l'adhésion palestinienne. L'un des anciens négociateurs palestiniens, Saëb Erakat, a affirmé cette semaine s'attendre au vote de 150 Etats en faveur de la Palestine. Si les deux tiers des membres de l'ONU votent pour l'adhésion de la Palestine, le veto américain n'aura pas d'effet, mais rien n'est gagné pour l'instant. Les deux parties, aussi bien les Palestiniens que les Israéliens, se sont lancées dans une rude bataille diplomatique qui s'intensifie à mesure que le jour historique approche. Les Israéliens comptent énormément sur le veto de l'un des membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU, dont les Etats-Unis qui exercent une énorme pression sur l'Autorité palestinienne qui semble déterminée à aller jusqu'au bout de son choix. Washington estime que les négociations de paix devraient se poursuivre entre Tel-Aviv et Ramallah avant toute proclamation de la création d'un Etat palestinien. Les Américains sont allés jusqu'à menacer de revoir leur aide à la Palestine si Mahmoud Abbas persistait à aller vers la proclamation unilatérale de la création d'un Etat palestinien libre et indépendant. De son côté, l'Autorité palestinienne a appelé les responsables américains à exercer plutôt leur pression sur l'Etat hébreu qui poursuit en toute impunité sa colonisation en Cisjordanie et à El Qods-Est occupées. D'ailleurs, Tel-Aviv a récemment délivré de nouvelles autorisations pour l'implantation de nouvelles colonies en territoires palestiniens occupés, dans le cadre de sa politique de judaïsation de la ville sainte. En dehors des réactions internationales, dont celle de son allié américain, aucune sanction n'a été adoptée à l'encontre de l'occupant israélien. Comme les crimes qu'il a commis à Ghaza, durant l'hiver 2008-2009, l'occupant israélien ne s'est jamais inquiété ni pour ses projets d'expansion coloniale ni pour les violations quotidiennes des droits des Palestiniens qu'il chasse les uns après les autres de leurs terres. Les Palestiniens ont donc raison d'aller vers l'ONU pour mettre fin à cette occupation qui n'a que trop duré et qui avance comme un désert de sable sur le territoire de ce qui sera le futur Etat palestinien. Les Israéliens ont redoublé de violence en allant même jusqu'à dénoncer les pays qui reconnaissent officiellement l'existence d'un Etat palestinien indépendant, aux frontières de 1967. Le week-end dernier, deux pays sud-américains ont annoncé reconnaître l'Etat palestinien. Il s'agit du Honduras et du Salvador qui se sont joints donc à leur voisin sud-américain, suscitant l'ire des Israéliens qui, pourtant, s'attendaient à cela. Mais que peut changer l'adhésion de la Palestine à l'ONU ? «Une reconnaissance internationale de notre Etat, sur la base des frontières de 1967, en fera un Etat sous occupation. Cela va changer la formule juridique de notre situation», a déclaré le président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, lors d'un entretien conjoint avec le quotidien jordanien Al-Doustour et le quotidien du Qatar Al-Watan, repris par les médias occidentaux. «L'ONU sera notre référence. Israël, bien sûr, poursuivra sa pression pour nous empêcher de croître», a-t-il ajouté. «Les choses deviendront plus claires dans les prochains jours. Nous voulons aller aux Nations unies car les portes des négociations ont été fermées. Si elles rouvrent, nous les accepterons», a tenu à rappeler Mahmoud Abbas qui, en tant que président du Fatah aussi, avait signé un accord de réconciliation avec son frère ennemi le Hamas de Mahmoud Machaal. Cet accord de réconciliation devra durer jusqu'à même après la réunion de l'ONU du 23 septembre prochain pour enlever à Israël tous les arguments fallacieux qu'il utilise pour discréditer les Palestiniens aux yeux d'une communauté internationale souvent passive devant ses violations des droits des hommes dans la région. Si les Israéliens sont hyperactifs pour bloquer le projet palestinien à l'ONU, c'est parce que «le statut de membre à part entière (…) peut constituer une occasion pour alléger le blocus contre la bande de Ghaza», a noté le Rapport d'évaluation stratégique, élaboré par Wael Saad, pour le compte du centre al-Zaytuna. Des analystes affirment qu'une adhésion de la Palestine à l'ONU obligera de facto les Israéliens à retirer leurs troupes du sol palestinien, ce qui mettra ainsi fin à la situation d'occupation militaire dans laquelle se trouve actuellement soumise une majeure partie de la Palestine, a précisé une mise au point du site français Médiapart aux voix qui tentent de dissuader les Européens de voter en faveur des Palestiniens. «Le retrait des colonies et des implantations sauvages mettra aussi fin à l'atteinte aux droits des peuples à disposer de leurs biens et de leurs ressources. Le mur de l'apartheid, construit par Israël grâce à l'argent des Américains afin d'isoler les villages palestiniens les uns des autres, sera tout simplement détruit conformément à l'avis rendu par la Cour internationale de justice», rappelle le site d'information français. Enfin l'adhésion de la Palestine à l'ONU signifie également son adhésion «aux instruments internationaux, comme le Statut de Rome reconnaissant la juridiction de la CPI pour protéger les Palestiniens des crimes de guerre et crimes contre l'humanité dont ils pourraient être victimes (fini de prendre Ghaza pour un champ de tirs du Tsahal en toute impunité)», ont riposté les responsables du média électronique français. C'est pour toutes ces raisons que les Israéliens sont déterminés à saper tous les efforts des Palestiniens à se doter d'un véritable Etat, libre, autonome et souverain. L. M.