ALGER - Le président palestinien Mahmoud Abbas est attendu mardi au siège de l'Unesco à Paris, où sera hissé le drapeau palestinien, un mois après l'admission de la Palestine comme Etat à part entière à l'agence onusienne. "C'est une cérémonie symbolique qui a lieu à chaque adhésion d'un nouveau membre", a indiqué l'organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture. Les drapeaux sont hissés à l'extérieur de l'agence lors des grandes occasions, conseils exécutifs ou conférence générale de l'agence. La Palestine est devenue depuis novembre dernier le 195ème Etat membre de l'Unesco après un vote écrasant de la Conférence générale de l'agence à Paris, où seuls 14 Etats s'y étaient opposés. Le flottement du drapeau palestinien pour la première fois au siège de l'Unesco a une portée diplomatique pour les Palestiniens qui restent déterminés à faire aboutir la demande d'adhésion de leur Etat à l'Organisation des Nations unies (ONU), introduite par le président Abbas en septembre dernier. "Le président Abbas veut montrer l'importance qu'il attache à l'Unesco", a souligné lundi un diplomate palestinien. L'admission de la Palestine à l'Unesco est maintenant effective après la signature fin novembre de l'Acte constitutif de l'agence déposé dans les archives du gouvernement britannique à Londres. Les Etats-Unis s'étaient ouvertement opposés à cette admission. Au lendemain du vote, ils ont mis à exécution leur menace de suspendre leur financement de l'Unesco. Deux lois américaines interdisent en effet à la Maison Blanche de financer une agence des Nations unies qui accepte la Palestine comme Etat. La décision américaine prive l'Unesco de 22% de son budget, soit un trou de 65 millions de dollars dès 2011, puis de 143 millions de dollars sur les années 2012-2013. Forts de ce succès diplomatique, les dirigeants palestiniens ont exprimé leur détermination à faire aboutir la demande d'adhésion de leur Etat à l'Onu. Remise en septembre par le président Abbas au secrétaire général Ban Ki-moon, la demande d'adhésion avait été validée le même mois par le comité des adhésions du Conseil de sécurité. La demande palestinienne a besoin de neuf voix sur les 15 nécessaires pour sa validation par le Conseil de sécurité. Le secrétaire général du Comité exécutif de l'Organisation de libération de la Palestine (OLP), Yasser Abed Rabbo, avait affirmé le mois dernier que huit Etats membres du Conseil de sécurité "voteront en faveur de la demande palestinienne", ajoutant que les autres pays membres n'ont pas encore affiché leur position, à l'exception des Etats-Unis farouchement opposés à cette requête. Le président Abbas a réaffirmé le 5 décembre que les démarches se poursuivaient au Conseil de sécurité. Après la cérémonie à l'Unesco, M. Abbas aura d'ailleurs un entretien avec le président français Nicolas Sarkozy avant de poursuivre une tournée européenne à Londres et Ankara. Une alternative serait de demander un vote à l'Assemblée générale de l'ONU où les Palestiniens sont assurés de trouver une large majorité. Mais cette solution ne leur apporterait qu'un statut amélioré de "pays non-membre observateur". La tournée de M. Abbas intervient au moment où Israël intensifie sa politique de colonisation des territoires palestiniens occupés, notamment en Cijordanie et à El-Qods occupée. Les autorités israéliennes viennent ainsi d'approuver un nouveau plan de construction de ces 40 logements et d'une ferme dans une colonie près de la ville de Beitlehem dans le sud de la Cisjordanie occupée. Israël prépare aussi un nouveau programme visant la réalisation de 400 constructions près d'Al-Dahicha, du village de Al-Khader et près de Beitlehem, ont indiqué des sources palestiniennes. Saëb Erakat, membre du Comité exécutif de l'OLP, avait annoncé la semaine dernière que la direction palestinienne a décidé, face à l'accélération des activités de colonisation israéliennes, de "commencer à préparer une résolution au Conseil de sécurité pour faire cesser ces pratiques", entravant une solution à deux Etats. Israël a multiplié ces derniers mois les annonces de construction de logements dans les colonies, pourtant condamnées par la communauté internationale qui juge illégales ces activités, à l'origine du blocage du processus de paix, au point mort depuis plus d'un an. L'ONU avait déjà été saisie sur la question des colonies. Un projet de résolution arabe jugeant illégale la colonisation et demandant son arrêt avait été mis en échec, le 18 février dernier, par un veto américain. Les 14 autres membres du Conseil de sécurité, dont les Européens, avaient voté en faveur de la résolution.