La porte d'une sortie politique à la crise syrienne reste ouverte, a estimé samedi le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, à l'issue d'un entretien avec l'émissaire international, l'Algérien Lakhdar Brahimi. Cette déclaration intervient dans une conjoncture devenue difficile pour le président Bachar Al Assad, dont les troupes subissent des revers importants sur le terrain. Samedi, la Russie a confirmé qu'elle reste attachée à une solution politique pour résoudre le conflit en Syrie. Même si le président Al Assad n'est pas prêt à quitter le pouvoir, selon le propre aveu de Moscou, celle-ci reste attachée à une solution politique de la crise. Sergueï Lavrov a indiqué qu'il était d'accord avec M. Brahimi pour dire que «les chances d'atteindre une solution politique existaient toujours» pour mettre fin au conflit. Il a souligné qu'il était impossible de persuader le président Assad de quitter le pouvoir. M. Assad «a dit à maintes reprises, en public comme en privé, qu'il n'avait l'intention d'aller nulle part, qu'il resterait à son poste jusqu'au bout (...). Il n'est pas possible de changer cette position», a déclaré M. Lavrov. Le président Vladimir Poutine avait déclaré la semaine dernière que la famille Assad était «au pouvoir depuis 40 ans» et que des changements étaient «sans aucun doute nécessaires». La diplomatie russe a appelé, pour sa part, cette semaine à «des initiatives énergiques et déterminées pour faire cesser le bain de sang» en Syrie et a multiplié les contacts ces derniers jours. «La communauté internationale pourrait aider à stabiliser le dialogue en Syrie lorsqu'il aura été engagé, y compris en favorisant le retour des observateurs de l'ONU en Syrie et en contribuant à augmenter leur nombre de manière significative afin qu'ils puissent superviser un accord de cessez-le-feu», a affirmé le chef de la diplomatie russe, selon l'agence Ria Novosti. «Les dispositions de cet accord sont encore à élaborer», a indiqué M. Lavrov, soulignant que ce document était «absolument prioritaire» pour Moscou. De son côté, M. Lakhdar Brahimi, a souligné que la Syrie est actuellement confrontée au choix «entre l'enfer et une solution politique». «S'il faut choisir entre l'enfer et une solution politique, nous devons tous travailler sans relâche en vue d'une solution politique», a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse à l'issue d'entretiens avec le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov. Pour autant, M. Brahimi a prévenu que même un changement de régime en Syrie n'aboutirait «pas obligatoirement» à un règlement du conflit, estimant que la Syrie risquait de devenir une deuxième Somalie. M. Brahimi a également évoqué devant la presse à Moscou la possibilité d'amendements aux accords de Genève sur la Syrie. Si les accords de Genève sont une base opportune pour régler la crise en Syrie, certains amendements pourraient être nécessaires, a-t-il souligné. «Les accords de Genève constituent un énorme acquis qui résulte du travail de Kofi Annan avec le soutien de Sergueï Lavrov, d'Hillary Clinton et d'autres membres du Groupe d'action sur la Syrie. Il est possible qu'on y apporte certains amendements, je tiens toutefois à souligner que ces accords constituent une excellente base pour poursuivre le processus politique», a déclaré M.Brahimi, cité par l'agence russe Ria Novosti. Le 30 juin dernier à Genève, le Groupe d'action sur la Syrie, comprenant les ministres des Affaires étrangères des cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU, de la Turquie et de pays de la Ligue arabe, avait élaboré les principes de règlement de la crise syrienne. Ces principes prévoient la création d'un gouvernement de transition réunissant toutes les parties en conflit. Dans le nord du pays, les combats se poursuivaient aux abords de l'aéroport militaire de Menagh, près d'Alep, dans lequel la rébellion est parvenue à pénétrer jeudi après des mois de siège. Dans la nuit, plusieurs localités de la province d'Alep ont été bombardées et de nombreuses roquettes se sont abattues sur différents quartiers de la ville, où des combats ont repris, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH). Les troupes syriennes ont bombardé des localités des provinces de Hama (centre) et de Deraa (sud).