De Béchar, à Biskra en passant par Laghouat sur le versant sud de l'atlas saharien, s'étend une vaste contrée d'eau souterraine, allant jusqu'à l'extrême sud, à la limite de Reggane, In-Salah, In-Amenas et enjambant une bonne partie de la Libye et le sud de la Tunisie. Une eau emmagasinée dans les entrailles de la terre depuis des millions d'années Le mot Sahara évoque, étendues désertiques, pauvre en eau et aride, du fait qu'il est peu arrosé, par de faibles précipitations pluviométriques, dont les nappes d'eau de surface sont rares. En fait, l'aquifère du Sahara septentrional, qui s'étend sur plus de un million de kilomètres carrés sous l'Algérie, la Tunisie et la Libye, recélant environ 31 000 milliards de mètres cubes d'eau, dont les 2/3 se trouvent en Algérie. Plus de 20 000 milliards de mètres cubes se trouvent enfermé à l'intérieur des frontières algériennes. Par un simple calcul empirique sur la base d'une consommation annuelle de 10 milliards de mètres cubes par an, nos besoins en eau seront couverts sur 2000 ans. Selon, le chercheur français en hydraulique souterraine, Jean Margat, les nappes aquifères du Sahara septentrional est un réservoir fossile. Il s'est constitué il y a plus de 10 000 ans, lorsque la région était soumise à un climat plus humide. Pendant des dizaines de milliers d'années, les pluies se sont infiltrées dans le sous-sol et accumulées dans différentes couches géologiques. C'est ainsi que se sont formées les deux réserves principales de l'aquifère : le «continental intercalaire », la plus profonde et la plus vaste, et le complexe terminal, dit-il ? [fig. 1]. La première s'étend à plusieurs centaines de mètres de profondeur (son toit se trouve entre 50 et 2 300 mètres sous la surface selon les endroits) sur 600 000 kilomètres carrés dans des grès et des argiles vieux de 100 à 150 millions d'années. Environ 20 000 milliards de mètres cubes d'eau y sont piégés dans cette première couche. Au-dessus, les sables et calcaires du complexe terminal, formés il y a 30 à 80 millions d'années, en renferment dans la deuxième couche 11 000 milliards de mètres cubes supplémentaires, au total 31 000 milliards de mètres cubes. Selon monsieur Abdelmalek Sellal ex ministre des Ressources en eau qui a déclaré lors d'une visite en Oranie, que ces réserves en eau potable du Sahara sont estimées, selon de récentes études, à 40.000 milliards de mètres cubes, tout en confirmant le chiffre de 20 000 milliards de mètres cubes annoncés par monsieur Jean Margat. Bref, c'est cette importante confirmation qui nous intéresse, afin de pouvoir penser à valoriser cette ressource dans un futur proche et à un moment opportun ou le ministre de l'énergie et des mines Youcef Youcefi est à la rechercher d'autres ressources énergiques de substitution du pétrole. A l'aide de l'énergie solaire en très forte abondance au Sahara d'où on peut soutirer une quantité illimitée d'électricité pour la continuité de notre développement social et économique. A l'aide de canalisations de grands diamètres, l'eau puisée de la nappe phréatique est refoulée par de gigantesques pompes, jusqu'aux barrages aménagés sur des reliefs. De ces barrages l'eau s'écoulera par gravité pour faire fonctionner des turbines hydrauliques pour produire de l'électricité et en même temps irriguer d'immenses plaines aménagées en basse altitude, par cette eau après son utilisation. Voilà, des projets enviables dont on aurait du penser il y'a longtemps ? Conscientes de la fragilité du système et des problèmes transfrontaliers qui vont se poser, l'Algérie, la Tunisie et la Libye on mit un mécanisme de gestion et de surveillance transfrontalier, qui fonctionne très mal. Plus de 11 000 puits ont été forés et pas moins de 2,5 milliards de mètres cubes d'eau sont pompés annuellement sauvagement par la Libye et la Tunisie. La responsabilité incombe à l'Observatoire du Sahara et du Sahel (OSS), organisme international œuvrant dans le cadre de la lutte contre la désertification et la pauvreté en Afrique. Basé à Tunis, cet observatoire est sensé gérer le comportement de la nappe aquifère et de rationner l'exploitation de cette richesse. On se demande pourquoi cet observatoire est installé en Tunisie, et pourquoi pas en Algérie ou au Sud algérien étant donné que le sous-sol de notre Sahara recèle les 2/3 de cette richesse ?. L'objectif de ce laboratoire, c'était de collecter les mesures faites au niveau des forages et des puits (hauteur du niveau, quantité d'eau pompée, teneur en sels, etc.), les intégrer dans un modèle numérique simulant l'évolution de l'aquifère afin de contrôler en temps réel les prélèvements et de lancer d'éventuelles alertes en cas de pompage. Ce travail nous semble très insuffisant, pour la constitution d'un dossier primaire pour un éventuel besoin, dans les responsables algériens décide de mettre en valeur sérieusement cet énorme potentiel de priori économique. En 1984, la Libye avait lancé un ambitieux projet pour la réalisation d'un grand fleuve artificiel pour acheminer l'eau de ce gisement vers les régions du Nord à l'insu de ses voisins l'Algérie et la Tunisie. Le rythme d'extraction est anarchique, il est actuellement si élevé que, dans moins de cinquante ans, la Libye devra diviser par dix ses approvisionnements en eau souterraine, préviennent les experts. Comme nous pourrons le constater sur la fig.1, la partie algérienne est délimitée par un anticlinal affleurant la surface du sol, créant une limite naturelle pour préserver notre eau. En cas de pompage exagéré par la Libye et/ou la Tunisie, la partie algérienne est protégée naturellement contre le pillage à moins que la physique des écoulements des eaux souterraines, nous réserve des surprises ?. LE SOLEIL Des capteurs solaires sur un vingtième de la surface du Sahara fourniraient assez d'électricité pour approvisionner le monde entier. Le problème, c'est d'arriver à exporter cette énergie propre à un coût raisonnable. Dans la quête et la recherche de nouvelles sources d'énergie durables et renouvelables comme source de remplacement des énergies fossiles en voie de disparition, et afin de satisfaire notre futur énergétique, toutes les voies sont explorables ; le ciel, la terre et la mer sont devenus des espaces de réflexion autour de la valorisation énergétique. Des idées fleurissent un peu partout dues au déclin «caché» de nos réserves pétro-gazières : le gaz de schiste, le charbon de Kénadza, construction de centrales solaires etc. Parmi toute cette panoplie de recours, la plus pérenne et la plus favorite des énergies, c'est bien le solaire. Des champs de capteurs solaires cylindro-paraboliques implantés sur 1/20 de la surface du Sahara suffiraient pour couvrir la consommation mondiale d'électricité qui est d'environ 18.000 Twh/an (18 000 000 Gwh/an) à titre d'exemple l'Algérie produit 10 Twh/an par ses centrales à flamme (fonctionnant au gaz naturel), un gâchis pour notre économie pétrolière. Le Sahara compte 1 ,5 millions de Kilomètres carrés, il suffirait d'une surface de 30 Kilomètres carrés, plantée de panneaux solaires pour satisfaire la consommation nationale en électricité. D'où une grande économie en gaz naturel, de gas-oil et gaz non-conventionnel dans le cas ou ce dernier sortira sauf de sa polémique. Alors, encore si l'Etat algérien arrive à adopter l'électricité «carburant national», nous économiserons l'importation des 42 millions de tonnes /an au prix fort en devise ou par le «troc» d'une quantité équivalente en gaz de schiste, comme le prédit monsieur le ministre de l'énergie. Un faux calcul qui est basé que sur des suppositions ? LE PLAN «DESERTEC» Le TREC (Trans-Mediterranean Renewable Energy Cooperation), en collaboration avec le centre aérospatiale allemand (DLR) ont menés l'étude du «Projet DESERTEC» dans le but d'évaluer la faisabilité d'un concept visant à produire de l'électricité et de l'eau douce au moyen de centrales solaires à concentration implantées dans le Sahara. L'idée est de produire de l'eau douce par des procédés de dessalement de l'eau de mer (par distillation ou osmose inverse) qui utilisent une part de l'électricité ou de la chaleur produite par l'installation solaire. Le projet vise, d'une part, à donner des perspectives de développement pour ces pays du Sahara et d'autre part à exporter une part de l'électricité produite pour satisfaire la demande européenne en énergie verte. Comme souvent, le coût d'un tel projet est le principal frein à son accomplissement. Le transport de l'électricité sur de longues distances devra se faire en courant continu haute tension mais le coût de cette technologie reste très élevé ? Sauf pour l'Algérie ou les débouchés sont sur place, ses besoins en électricité d'ici 2020 seront de l'ordre de 22 000 MW, l'équivalence de 22 centrales du type installée à Tilghemt (Hassi-R'mel). Le prix du KW d'électricité produite sera le moins élevé par rapport à nos voisins, étant donné qu'il y aurait un couplage hybride, utilisant le gaz naturel pendant les heures creuses ou l'ensoleillement est au minima, chose que nos voisins n'ont aucun autre moyen de faire autant. Le procédé hybride est une combinaison de procédés relayés pour produire en continu de l'électricité par une source chaude et par le solaire. Il est tout à fait remarquable que ce modèle de production rentre dans le cadre parfait de la sécurité des approvisionnements en énergie. Pour l'Algérie, le projet «Désertec» ne pourra pas être discuté sans la prise en charge de l'exploitation de la nappe aquifère du Sahara et ses besoins spécifiques en électricité solaire. Aussi, la distribution en nombre des centrales solaires entre pays voisins (Algérie, Maroc, Tunisie, Libye) doit être équitables, afin d'éviter toute polémique injustifiable, pouvant amener à des conflits entre voisins. L'Algérie aura besoin beaucoup plus de centrales que ses voisins, afin de subvenir à ses besoins grandissant en énergie électrique, nécessaire à son développement durable. Elle aura donc, besoins de beaucoup plus d'énergie électrique pour l'exploitation à grande échelle de cette nappe phréatique, qui rentre indéniablement dans le cadre du NEPAD, pour le développement de l'Afrique. CONCLUSION Le Sahara algérien présente de véritables oasis d'énergie du fait d'un ensoleillement direct fort, c'est le pays le plus ensoleillé du monde en nombre de jour et quasi-permanent (3000-3500 heures d'ensoleillement par an contre 1500 h à Paris). D'autre part, les technologies solaires -photovoltaïque et solaire à concentration- ont atteint aujourd'hui une maturité suffisante pour envisager le déploiement de grandes fermes solaires sur les sites répertoriés comme étant les plus favorables. * Ingénieur d'Etat en Engineering pétrolier