L'organisation internationale de défense des droits de l'homme « Amnesty International », basée à Londres, a réagi ce vendredi, contre l'arrestation, le 2 janvier dernier, de plusieurs chômeurs et membres de la section de Ouargla du Comité national pour la défense des droits des chômeurs (CNDDC) dont son coordinateur national Tahar Belabès. L'ONG dénonce « la répression des militants des droits sociaux et économiques » en Algérie tout en rappelant les événements de Ouargla et en notant que la justice a de plus en plus recours à des accusations comme « l'incitation à un rassemblement » passible de cinq ans d'emprisonnement. Rappelons que le CNDDC a dénoncé ces arrestations « arbitraires » pour « troubles à l'ordre public et incitation à attroupement », alors que les responsables du comité local considèrent quant à eux que ces rassemblements pacifiques des chômeurs de la région de Ouargla sont dus essentiellement à « la politique d'exclusion et de ségrégation prônée par les responsables en charge du secteur à l'encontre des enfants de cette région ». Parmi leurs revendications, un travail décent pour toutes et tous, une allocation de chômage à hauteur de 50% du SNMG tout en exigeant d'associer les comités des chômeurs dans les offres d'emploi. Pour Philip Luther, directeur d'Amnesty International pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord, « les autorités ne doivent pas détenir ou poursuivre des manifestants pacifiques ». Il dénoncera également les tentatives d'intimidation des militants et des chômeurs qui manifestent contre le chômage en soulignant la hausse des cas de « harcèlement judiciaire des militants en Algérie ». Evoquant la levée de l'état d'urgence en 2011, en vigueur depuis 1992, M. Luther dira que « les restrictions sur les droits à la liberté de réunion et d'expression sont toujours en place ». Dans son rapport 2012 sur l'Algérie, Amnesty International a épinglé le pouvoir en place, qui a « maintenu des restrictions sévères sur la liberté d'expression, d'association et de réunion ainsi que sur les pratiques religieuses». Le rapport évoquera aussi le recours à une force excessive des forces de sécurité pour disperser certaines manifestations et réprimer des émeutes. Sur ce dernier point, référence est faite aux protestations de masse en janvier, parfois accompagnées d'émeutes, des manifestations ont eu lieu tout au long de l'année pour dénoncer la hausse du coût de la vie, et notamment du prix des denrées alimentaires, ainsi que le chômage, les mauvaises conditions de logement, la corruption des autorités et la violence des forces de sécurité. Aucune mesure n'a été prise pour lutter contre l'impunité dont bénéficiaient les responsables d'atteintes graves aux droits humains commises par le passé peut-on encore lire dans ce rapport qui accable chaque année l'Algérie rendue coupable de ne pas œuvrer pour asseoir les droits de l'homme même si le gouvernement a autorisé les rapporteurs spéciaux des Nations unies sur la liberté d'expression et le logement à se rendre en Algérie mais, « comme les années précédentes, il n'a adressé aucune invitation au rapporteur spécial sur la torture ni au Groupe de travail sur les disparitions forcées ou involontaires, qui sollicitaient pourtant de longue date, l'autorisation de se rendre dans le pays ». Le rapport de l'ONG a pointé un doigt sur la restriction de la liberté d'expression et l'interdiction des rassemblements publics non autorisés. Après la levée de l'état d'urgence le 24 février 2011, les manifestations sont devenues légales dans tout le pays, hormis dans la capitale, sous réserve de l'obtention préalable d'une autorisation souvent refusée.