L'arrestation, il y a trois jours, à Ouargla de Tahar Belabès, président du comité national pour la défense des droits des chômeurs, continue de susciter des réactions. Dans un communiqué rendu public hier, Amnesty International s'est dite préoccupée par l'utilisation croissante par les autorités algériennes de chefs d'inculpation tels que la «provocation d'attroupement», qui peut être punie par une peine de prison allant jusqu'à cinq ans. «Cela dénote d'un harcèlement judiciaire et des mesures d'intimidation croissants à l'égard de ces militants.», indique l'ONG qui fera remarquer que «malgré, la levée de l'état d'urgence en Algérie en 2011, les libertés d'expression et de réunions pacifiques continuent d'être restreintes.» Par ailleurs, Amnesty International a appelé les autorités algériennes à abroger ou modifier la loi no 91-19 de 1991 régissant l'exercice du droit à la liberté de réunion pacifique. Le rapporteur spécial de l'ONU sur la promotion et la protection du droit à la liberté d'opinion et d'expression a également appelé les autorités algériennes à modifier cette loi de manière à instituer un régime de notification pour les manifestations publiques au lieu du régime d'autorisation en vigueur. Pour sa part, le président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'Homme (Cncppdh), Farouk Ksentini exprime que «La mise en garde à vue de Tahar Belabès depuis plus de 48 heures est illégale, il n'a commis aucun crime pour être arrêté plus de 48 heures. C'est une garde à vue prolongée et exagérée, je ne peux que regretter un tel geste.» Et d'ajouter que «Si les jeunes de Ouargla sont sortis, c'est pour exprimer leurs revendications, chose qui est légitime et normale.» Pour Me Ksentini, «la vie est difficile, la vie est chère, et les jeunes souffrent de beaucoup de problèmes, et sortir manifester pacifiquement est un droit...» témoigne-t-il. Selon maître Boudjemaâ Ghechir, Président de la Ligue algérienne des droits de l'homme: «Le pouvoir algérien étouffe les libertés publiques. Il utilise toujours les mêmes moyens pour opprimer et interdire les manifestations pacifiques et les marches» affirme-t-il. Notre interlocuteur ajoute que «Malheureusement, les libertés d'expression et de réunion pacifiques continuent d'être restreintes. Le pouvoir algérien paralyse et bloque les syndicalistes et les militants des droits de l'homme. Tahar Belabès est un exemple de la répression à l'encontre des militants.» conclut le président de la Laddh.