La crise qui secoue le Front de libération nationale (FLN) ne connaîtra pas de sitôt son épilogue. Alors que les contestataires du secrétaire général du parti continuent d'exiger son départ, Abdelaziz Belkhadem continue de son côté de s'accrocher à sa place, en affirmant, contre vents et marées, que seule une décision du comité central (CC) peut le destituer. «Tous les problèmes du parti seront évoqués lors de la réunion du comité central le 31 janvier», a déclaré hier au Quotidien d'Oran le responsable de communication du FLN, Kassa Aïssi qui n'a pas voulu trop s'étaler sur le sujet. Le patron du FLN ne semble pas trop s'inspirer de la décision de son compagnon dans l'alliance présidentielle, Ahmed Ouyahia qui a pris de court tout le monde en quittant précipitamment le RND le week-end dernier. Boudjemaa Haïchour, l'un des plus farouches opposants de Belkhadem, a pourtant qualifié de «très courageuse» la démission de l'ancien Premier ministre. «C'est un homme sage et un gentleman qui a fait preuve d'une intelligence sans pair pour éviter des affrontements au sein de la même famille politique», nous a déclaré l'ancien ministre de la Poste et des TIC, et non moins membre du CC, Boudjemaa Haïchour. Ce dernier affirme que le SG du FLN, contrairement à Ouyahia, a tout fait pour provoquer de la confrontation à l'intérieur du FLN. «Nous continuerons à militer pour la destitution de Belkhadem et toutes les actions allant dans ce sens nous les soutenons», nous a déclaré Haïchour en soulignant qu'il est temps d'arrêter «d'introniser les secrétaires généraux du FLN». Plus loin, Haïchour soutient même que tous ceux qui ont soutenu Belkhadem pour se maintenir à son poste doivent également partir en énumérant une quinzaine de membres du bureau politique (BP). UN «TRIBUNAL» POUR JUGER BELKHADEM Le mouvement de redressement et de l'authenticité du FLN, conduit notamment par M Abada, Salah Goujil et Rachid Boukarzaza, s'est réuni hier à Draria, au sud-ouest d'Alger, pour demander encore une fois le départ de M Belkhadem. La réunion a servi également à expliquer aux militants présents les raisons qui ont conduit le mouvement de redressement à écrire directement au chef de l'Etat afin qu'il use de ses prérogatives en sa qualité de président d'honneur du parti, pour destituer Belkhadem de son poste. Mais la nouveauté réside en fait dans l'installation hier par les redresseurs d'un «tribunal politique» pour juger le SG du FLN de diverses accusations. Constitué de juristes et d'avocats, le «tribunal politique» présidé par sept juges et un procureur qui a représenté la partie civile (les redresseurs) a, au terme de l'audience, condamné Belkhadem pour notamment «tyrannie, trahison des partisans, déprédation de la confiance, agression verbale et physique, abus de confiance ». Le jugement de Belkhadem a eu lieu en présence des coordinateurs des wilayas, des membres du comité central ainsi que les cadres du FLN, nous a affirmé l'ancien ministre de la Communication, Rachid Boukarzaza. Ce dernier interrogé justement sur l'intention du SG du FLN de s'en remettre au CC lors de sa réunion du 31 janvier prochain, soutient qu'il ne croit plus aux promesses de Belkhadem. «Il n'a plus de crédibilité et il a un double langage», nous a déclaré Boukarzaza qui rappelle entre autres ce qu'il qualifie de «faux bond» de Belkhadem en juin de l'année dernière quand il a été approché par un comité de sages et n'a pas respecté sa promesse. Rachid Boukarzaza affirme que Abdelaziz Belkhadem ne peut pas être sincère et la meilleure preuve, ajoute-t-il, c'est qu'il prépare en catimini un congrès extraordinaire pour éliminer ses opposants. Les redresseurs ont par ailleurs dressé un véritable réquisitoire contre Belkhadem. Dans un communiqué transmis à notre rédaction, le mouvement de redressement et d'authenticité du FLN accuse sans ambages le SG du FLN d'avoir usé de la violence et truqué les résultats de la réunion du comité central du 15 juin 2012. Les redresseurs remettent même en cause le 9ème congrès ordinaire du FLN qui a vu le renouvellement des instances du FLN. Pour ce qui est des échéances électorales écoulées (législatives, locales, sénatoriales), le mouvement de redressement reproche au secrétaire général d'avoir agi seul dans le choix des candidats en procédant à l'exclusion du comité central. Le communiqué fait même état du remplacement par Belkhadem des militants sincères par d'autres qui ont un «passé douteux».