Retour de manivelle ! Arrivé à la tête du FLN grâce à un mouvement de redressement mené en 2003 contre Ali Benflis, le secrétaire général du FLN, Abdelaziz Belkhadem, risque de connaître le même sort neuf ans après. Ses jours à la tête du parti semblent comptés. Il perd tous ses soutiens. Même ses «plus proches amis», qui avaient l'habitude de s'afficher à ses côtés lors de ses sorties publiques, se sont retournés contre lui. Ils le lâchent pour rejoindre les 220 contestataires du comité central (CC) qui se sont rassemblés, hier matin, à l'intérieur du siège national du parti à Alger. Soutenus par des élus et des militants du FLN, ces derniers passent à l'action et annoncent le retrait de confiance à Abdelaziz Belkhadem et à son bureau politique, accusé «de trahison». «Belkhadem dégage !», «Belkhadem à la poubelle de l'histoire» et… «Dégage avant d'être dégagé», scandaient en chœur les contestataires, dont des ténors du parti et des figures du mouvement de redressement de 2003. Parmi eux, l'on a remarqué la présence des anciens ministres Boudjemaâ Haichour, Abderachid Boukerzaza et Mohamed Seghir Kara, qui est aussi l'un des meneurs du mouvement de redressement et de l'authenticité conduit par Salah Goudjil. L'ancien chef du groupe parlementaire du parti, Abbès Mikhalif, l'ex-sénateur Abdallah Boussenane, l'ancien membre de la direction et député Abdelkrim Abada, et le député Abdelhamid Si Affif sont aussi aux premiers rangs de la contestation. Abdelaziz Belkhadem qui fait encore le dos rond devant cette forte contestation a, semble-t-il, très peu de chances d'échapper à cette tempête. Il a réussi à monter tout le monde contre lui : les militants de la base et les cadres du FLN. «Notre revendication était le départ de Belkhadem et son exécutif et il est naturel que nous rejoignions aujourd'hui ce mouvement», lance Mohamed Seghir Kara, en affirmant qu'il «ne cherche pas une place sur une liste de candidature aux législatives». «J'ai constitué une liste indépendante à Bouira et j'ai placé à sa tête un jeune. Moi je ne suis pas candidat», déclare-t-il aux journalistes. Un peu plus loin, Boudjemaâ Haïchour multiplie les déclarations à la presse dans lesquelles il s'attaque aussi à Belkhadem : «Il a déstabilisé l'establishment. C'est un traître. Deux personnes ont pris en otage le parti», lance-t-il, en faisant allusion aux ministres Amar Tou et Rachid Harraoubia qui, selon les contestataires, «sont à l'origine de l'exclusion des vrais militants de la course aux législatives». Les femmes contestent également les choix de Belkhadem. Le placement de l'ex-femme d'Al Qardaoui sur la liste du parti à Alger n'est toujours pas digéré par les militantes du FLN. «Elle n'est même pas militante du FLN. J'aurais aimé voir des militants convaincus sur les listes du parti», dénonce Mme Lardjane, élue du FLN à l'APW d'Alger. «Nous n'acceptons pas le choix fait par Belkhadem qui est au détriment de la femme militante», tonne de son côté Mme Khochen Fatiha. Les jeunes s'estiment également marginalisés. «Nous regrettons Ali Benflis et nous avons compris aujourd'hui sa stratégie de rajeunissement du parti. Nous demandons son retour par la grande porte», affirme Badis Boulouidnine, coordinateur du mouvement des jeunes du FLN qui proteste aussi contre les choix de la direction actuelle du FLN. Des jeunes demandent le retour de Benflis Dans un communiqué lu à l'issue de ce rassemblement, les membres du CC demandent «la convocation dans les plus brefs délais d'une réunion extraordinaire du CC pour officialiser sa sortie… par le petite porte». «Nous exigeons la convocation d'une session extraordinaire du comité central, et ce, dans les plus brefs délais afin de pouvoir dans le cadre de la légalité et de la démocratie sauver le parti et corriger sa trajectoire par l'élection d'une nouvelle direction pour la gestion de ses affaires», précisent-ils. Le communiqué énumère tous les griefs retenus contre Abdelaziz Belkhadem. Pour eux, le retrait de confiance au SG et au bureau politique du parti «intervient en réponse à la grande préoccupation et à l'inquiétude grandissante des militants, des cadres et des sympathisants du parti quant aux pratiques irresponsables et aux violations flagrantes des statuts du parti et des résolutions du comité central par le secrétaire général et son bureau politique». Ils imputent à Abdelaziz Belkhadem l'entière responsabilité de l'élaboration des listes «sur la base du népotisme, des allégeances et de l'influence de l'argent, lesquels ont suscité des foyers d'anarchie et de division dans les rangs du parti». Les contestataires menacent de désigner une direction politique pour la gestion des affaires du parti si Belkhadem refuse de convoquer la réunion du CC. «Les signatures de 220 membres du comité central ont été collectées, ce qui autorise, selon le règlement intérieur du parti, le retrait de confiance au secrétaire général et au bureau politique», assure Mohamed Bourzane.