Les accidents de la route constituent un casse-tête pour les assureurs qui ne savent pas vraiment comment en limiter la fréquence, à défaut de les juguler. C'est là le constat dramatique établi par le président de l'Union des assureurs algériens, M. Amara Latrous. Dans une intervention hier à la radio nationale, il a déploré la hausse des sinistres induits par les accidents de la route. Les sinistres liés aux accidents de la route ont coûté aux assureurs 43 milliards de DA en 2011et 35 mds de DA en 2010. «Hélas, ces montants auraient pu servir à d'autres financements ou au moins pour financer des campagnes de prévention des accidents», a regretté M. Latrous, selon lequel il y a eu 900.000 déclarations pour un montant de dédommagement de l'ordre de 46 milliards DA en 2012. « Une augmentation par rapport à 2011 et 2010». Ces dépenses sont pour le président de l'UAR très importantes et auraient pu servir au financement d'autres volets de développement telles les campagnes de sensibilisation et l'amélioration du cadre et des prestations de service dans la chaîne d'assurance et de réassurance. Il a également déploré le taux des accidents et « le plus grave, ce ne sont pas les pertes matérielles mais les vies humaines». Les accidents de la route, a-t-il révélé, sont en hausse et absorbent 80% du chiffre d'affaire des assureurs qui a atteint en 2012 100 milliards de DA, soit une augmentation de 12% par rapport à 2011 (82 milliards DA) et de 18% par rapport à 2010 (74 milliards DA). Par ailleurs, les primes d'assurance comptabilisées par les 23 compagnies d'assurances présentes sur le marché algérien des assurances sont en hausse de 12% à près de 100 milliards de DA en 2012, un chiffre qui pourrait quadrupler d'ici à 2020, selon M. Latrous. Le chiffre d'affaires du secteur était de 49,3 milliards (MDS) de DA durant le premier semestre de l'année et de 86 mds de DA en 2011 (+6%). «C'est un score que nous avons réalisé en 2012 à la suite de la séparation des activités des assurances dommages et de personnes, qui a donné lieu à une réorganisation du marché», a ajoute M. Latrous. Sur le projet de révision de la prime obligatoire de l'assurance automobile (RC), il a indiqué que l'Union des assureurs et le Conseil national des assurances (CNA) travaillaient, en collaboration avec l'université de Bab Ezzouar, sur la définition du montant réel que devrait avoir cette prime, jugée déficitaire par rapport à son coût. En fait, la responsabilité civile (RC), prime obligatoire de l'assurance auto, est sous-évaluée selon les assureurs: elle est estimée à 1.200 DA/an alors qu'elle avoisine les 3.000 DA dans les pays voisins et supérieure de 10 fois plus dans les pays développés. «On souhaite que le montant de la prime (RC) soit au moins doublé», a-t-il suggéré. Par ailleurs, les remboursements sont l'autre «casse-tête» des assureurs, notamment les délais trop longs et dénoncés par les assurés victimes de sinistres. Selon lui, les compagnies «visent à ce que les sinistrés soient réglés immédiatement et pourquoi pas dans les jours qui suivent l'accident». Sur le produit assurance «rapatriement corporel» offert par la SAPS, une filiale de la SAA spécialisée dans les assurances de personnes, il a reconnu que cette police n'a pas encore été adoptée pas les Algériens à l'étranger, en dépit de la modique prime, estimée à 25 euros par an et par personne. Quant aux assurances contre les catastrophes naturelles (CAT-Nat), qui avancent bien selon M. Latrous, elles doivent être renforcées par un nouveau produit, celui de l'assurance contre la sécheresse qui «sera probablement mise sur le marché en 2013 ou au plus tard en 2014». Selon M. Latrous, «le marché des assurances devrait frôler les 5 milliards de dollars à l'horizon 2020 et nous misons beaucoup sur la promotion des assurances facultatives et développer les assurances de particuliers comme celle des personnes, la santé, les résidences, les logements et l'immobilier qui n'est qu'à 15%». Sept compagnies seulement sont spécialisées dans l'assurance des personnes et font dans les produits d'épargne.