Le chiffre d'affaires du secteur des assurances en Algérie peut être multiplié par cinq d'ici à 2020 pour passer de 1,2 milliard de dollars/an (90 milliards de DA) actuellement à 5 milliards de dollars (près de 400 milliards de DA) en 2020, a prédit mercredi à Alger le président de l'Union des assureurs et réassureurs (UAR), Amara Latrous. Cet accroissement potentiel du marché des assurances, possible selon lui grâce à la diversification accrue des intervenants en Assurance et à l'émergence de la bancassurance, porterait la prime d'assurance mensuelle par habitant à 3.000 DA (40,5 dollars) en 2020, un montant "supportable", selon M. Latrous qui intervenait lors d'un séminaire sur les assurances des particuliers. Vingt trois (23) compagnies d'assurance dont sept d'assurance de personnes activent actuellement en Algérie. Le secteur a réalisé en 2011 un chiffre d'affaires de 87,3 milliards de DA en hausse de 7% par rapport à 2010. Revenant sur le thème du séminaire, M. Latrous également PDG de la SAA, a mis l'accent sur la nécessité de développer les assurances des particuliers en Algérie. Cette nécessité permettra surtout de contenir les effets du ralentissement, ces trois dernières années, de la croissance des assurances, notamment celles relatives aux entreprises, simultanément avec le ralentissement des investissements étatiques en Algérie. Aussi, les assurances des particuliers s'avèrent moins "risquées" par rapport aux assurances destinées aux entreprises, selon M. Latrous. "Un assureur risque plus de perdre sur une grosse affaire d'une seule entreprise que sur des milliers de petits contrats de particuliers", a-t-il argué. Les assurances des particuliers sont celles qui couvrent directement les personnes physiques ou leurs biens. Il s'agit notamment de toutes les assurances de personnes, de l'assurance automobile et de la Cat-Nat (contre les effets des catastrophes naturelles). De son côté, le P-DG de la CCR, Hadj Mohamed Seba a soutenu que l'assurance des particuliers était "un marché naissant qui recèle des potentialités importantes en Algérie". Selon lui, 53% du chiffre d'affaires du secteur des assurances en 2011, soit 46 milliards (mds) de DA sur 87 mds de DA, ont été engendrés par l'assurance des particuliers dont 26 mds de DA pour l'assurance automobile, 16 mds de DA pour l'assurance du patrimoine, 520 millions de DA pour la CAT-NAT et 2,7 mds de DA pour le reste des couvertures. Mais le développement des assurances des particuliers et du secteur des assurances en général restera tributaire du développement du marché financier lui même, de l'émergence de la bancassurance, qui semble bien avancer, parallèlement à un gros travail de communication, a préconisé M. Seba. Le patron de la CCR a par ailleurs indiqué à la presse que sa compagnie avait réalisé un chiffre d'affaires de 12,4 mds de DA au cours des 9 premiers mois de 2012. Unique réassureur en Algérie, la CCR a réalisé un chiffre d'affaires de 13,3 milliards de DA en 2011, en hausse de 36% par rapport à 2010. Le Directeur des assurances au ministère des Finances, M. Kamel Marami a pour sa part précisé que les assurances des particuliers, hors l'assurance automobile, représentaient 15% du marché des assurances en Algérie. Au cours du séminaire, des assureurs venus de France, d'Allemagne, de la Malaisie, du Liban et du Maroc ont exposé leurs expériences notamment en matière d'assurances de personnes et de bancassurance (commercialisation des produits d'assurance via les banques). Par ailleurs, M. Latrous, a fait savoir lors d'un point de presse tenu en marge du séminaire que l'accord conclu l'été dernier entre les assureurs pour plafonner les remises sur l'assurance automobile, jugées excessives par les assureurs privés, allait être appliqué "progressivement", soulignant que ça n'allait tout de même pas interdire carrément ces remises. Quant à la demande adressée cette année par les assureurs à l'autorité de régulation (ministère des Finances) relative à l'augmentation du tarif d'un des composants de l'assurance Auto, à savoir la "Responsabilité civile - RC" actuellement estimée à 1.500 DA, il a assuré que cette démarche, en cours de finalisation, ne fera quand même pas augmenter les prix de l'assurance automobile. Interrogé sur les cas de fraude enregistrés dans les déclarations de sinistres, le responsable a fait savoir que, sur les dix dernières années, les compagnies d'assurance ont "pu récupérer 800 millions de DA grâce à la détection des cas de fraude". La majorité de ces incidents "ont été réglés à l'amiable même si certains ont été signalés à la Justice", a-t-il précisé.