Alors que la France a mis un pied dans le conflit malien en ordonnant à ses troupes d'intervenir au Mali, l'Algérie, la Tunisie et la Libye se préoccupaient, hier samedi dans l'oasis libyenne de Ghadamès, de mieux sécuriser leurs frontières. La réunion tripartite de Ghadames, qui a regroupé les Premiers ministres d'Algérie, de Libye et de Tunisie, a réaffirmé la volonté des trois pays de mieux coordonner leurs actions pour sécuriser leurs frontières communes et de renforcer la sécurité de ces zones sensibles. Au cours d'une réunion de quelques heures, les trois responsables ont examiné les grandes questions de sécurisation de leurs frontières, la lutte contre le trafic d'armes et de drogue, ainsi que le grand banditisme et le terrorisme. La menace est d'autant réelle qu'elle s'est amplifiée à travers le conflit malien, avec des couloirs de transit d'armes de guerre remontant du nord du Mali vers les trois pays. Le Premier ministre, M. Abdelmalek Sellal, a réaffirmé au début des travaux de cette réunion tripartite le principe de la paix et la sécurité dans la région, gage du développement socioéconomique des trois pays. Il a surtout réaffirmé, au cours d'une conférence de presse à la fin de la réunion, que 'la sécurité dans les trois pays et principalement dans les zones frontalières est «un impératif». Devant ses homologues tunisien Hamadi Jebali et libyen Ali Zeidane, il a ainsi souligné la nécessité du 'recouvrement de la sécurité dans les pays de la région, quel qu'en soit le prix'', avant de préconiser une meilleure 'coordination'' entre tous les pays du Maghreb et du Sahel. 'L'Algérie est parvenue, après des années d'actes terroristes, à recouvrer paix et sécurité et à améliorer ses conditions économiques de manière remarquable'', a-t-il indiqué. Il a, en outre, rappelé la 'détermination de l'Algérie à protéger ses frontières» contre les dangers qui menacent la région 'en étroite coordination avec les pays voisins''. L'Algérie et la Tunisie ont déjà mis en place des mécanismes conjoints pour renforcer les systèmes de sécurité à leurs frontières communes, et le même dispositif a été déployé avec la Libye. M. Sellal a également annoncé la décision des trois chefs de gouvernement de tenir des réunions d'évaluation de la situation tous les quatre mois, ainsi que des réunions périodiques des responsables sécuritaires des trois pays 'pour mettre un terme aux menaces qui les guettent''. Il a également souligné l'importance de cette réunion, rappelant que 'plusieurs pays arabes et africains sont confrontés au terrorisme et au grand banditisme''. Les PM tunisien et libyen ont, de leur côté, souligné 'l'importance historique de cette rencontre, avant de relever la nécessité de la coordination des efforts des pays de la région pour faire face aux dangers du terrorisme et du banditisme, ainsi que des différents types de trafics, dont le trafic d'armes. D'autre part, les PM des trois pays ont, à l'issue de cette rencontre, annoncé la création de points de contrôle communs et de coordonner 'les patrouilles aux frontières pour assurer la sécurité et lutter contre le trafic d'armes et le crime organisé''. Les trois Premiers ministres se sont ainsi 'engagés à créer des points de contrôle communs aux frontières et à intensifier la coordination et la coopération dans le domaine sécuritaire, à travers des patrouilles en concomitance», indique un communiqué conjoint. Ils ont d'autre part convenu de tenir des rencontres périodiques sur la sécurité aux frontières, selon le même communiqué conjoint. Par ailleurs, le dossier malien a été également abordé au cours de cette réunion, d'autant que les effets de cette crise sont d'ailleurs ressentis par les trois pays, confrontés de fait à des problèmes sécuritaires à leurs frontières, dont l'Algérie. Sur cette question, les Premiers ministres algérien, tunisien et libyen ont souligné «la nécessité de trouver une solution politique à cette crise par le biais de l'incitation au dialogue entre les différentes composantes de la société malienne de manière à préserver la souveraineté et l'unité de son territoire». M. Sellal a précisé au cours du point de presse commun que «la situation au Mali est un phénomène qui a rendu nécessaire de nous rencontrer pour le prévenir et juguler ses conséquences». Mieux, selon lui, la crise malienne 'rend indispensable une coordination entre nos armées et nos services de renseignements pour empêcher tout ce qui peut influer sur notre sécurité, la circulation des personnes, des armes, de la drogue et la traite des personnes».