Les «mouchards» seront installés «prochainement» dans les transports de voyageurs et de marchandises, une mesure préventive pour diminuer les accidents de la circulation. L'annonce est faite, récemment, par le directeur du Centre national de prévention et de sécurité routière (CNPSR), Hachemi Boutalbi, au micro de la Radio nationale. Attendue officieusement en octobre, la dotation des véhicules de transport de marchandises et de voyageurs de chronotachygraphes s'appuie sur les textes d'application de l'article 49 de la loi 2001-14 du 19 août 2001, relative à l'organisation, la sécurité et la police de la circulation. Ce texte de loi stipule que «tout véhicule de transport de marchandises dont le poids total autorisé en charge est supérieur à 3,5 tonnes et de transport de personnes de plus de 15 places doit être équipé d'un dispositif de contrôle et d'enregistrement de la vitesse». Le chronotachygraphe, appelé communément le mouchard, est un appareil qui, outre la vitesse, enregistre le temps de conduite et d'arrêt du véhicule, permettant ainsi de déterminer la responsabilité du conducteur en cas d'accident. Outre la pose de ces appareils de contrôle, M. Boutalbi préconise une formation supplémentaire pour les professionnels du volant en vue d'une plus grande prise de conscience de leur part. Ce danger des poids lourds et des bus s'est matérialisé en novembre dernier qui a vu une hausse enregistrée dans les accidents de la circulation. Le directeur du CNPSR l'impute en particulier aux transports en commun ainsi que certains poids lourds d'où l'importance de cibler cette catégorie de conducteurs et de la contrôler. Il donnera l'exemple de certains routiers qui avalent des milliers de kilomètres sans se reposer. «Le chronotachygraphe permettra de vérifier des paramètres comme la limitation de vitesse, le temps de conduite et le respect des périodes de repos obligatoires», dira-t-il et de souligner le caractère inopiné des contrôles de la part des agents de la circulation. Cette acquisition des chronotachygraphes, même si elle est officielle, devra prendre quelque temps pour permettre aux transporteurs de les installer sur leur véhicule. Le secrétaire général de l'Union nationale des transporteurs (UNAT), Mohamed Benkahla, avait déclaré que leur installation sur plus de 160.000 bus et près de 200.000 camions prendra « au moins trois mois». En outre, il explique que la conception de certains véhicules, notamment d'origine asiatique, rend difficile l'installation de ces appareils puisque leur tableau de bord n'offre pas d'espace à cet effet, ce qui nécessite de mener des recherches afin de trouver la technique de contrôle adéquate. En attendant, le texte réglementaire sera publié prochainement par le ministère des Transports, en consultation avec les secteurs concernés, contraignant les propriétaires de tous les véhicules ciblés à équiper leurs véhicules de chronotachygraphe. Par ailleurs, M. Boutalbi est revenu sur les statistiques macabres de la route affirmant que les chiffres sont en baisse par rapport à 2011, en particulier au cours des six derniers mois indiquant qu'il s'agissait d'une conséquence de l'application du code de la route en parallèle avec les campagnes de sensibilisation. Il soulignera que les accidents de la circulation en Algérie avaient baissé en 2010, avec mille morts en moins qu'en 2009, après des opérations de sensibilisation, avant de connaître de nouvelles hausses en particulier dans le nombre de décès en 2011. L'application stricte du code de la route accompagnée par une meilleure prise de conscience chez les conducteurs a fait des six derniers mois de 2012 le semestre le plus clément sur les routes d'Algérie. Le mois d'août a connu une diminution du nombre des morts alors qu'on a enregistré, en décembre dernier, le meilleur résultat avec moins de 19% de décès par rapport au même mois de 2011. Il a été également enregistré moins de 7% du nombre d'accidents et 5,34% de blessés. M. Boutalbi a aussi évoqué l'obligation d'un certificat d'aptitude professionnelle pour les conducteurs des bus et des poids lourds après une formation de base. Une mesure qui s'appliquera dès cette année. Rappelons que l'Algérie est classée à la 13e place dans le classement des routes les plus meurtrières selon le nombre d'habitants dans le monde arabe d'après l'Organisation de prévention routière internationale (PRI). Elle est à la 15e place dans le classement des routes les plus meurtrières du monde arabe selon le nombre de tués et à la 29e place du classement international de l'OMS, selon le nombre d'habitants et se tient à la 93e place du classement international de l'OMS des routes les plus meurtrières.