Pour le ministre algérien de la Communication, l'assaut mené par les forces spéciales de l'ANP contre les preneurs d'otages du site gazier de Tinguentourine était inévitable et a permis de sauver des centaines de vies : «Il n'y avait pas d'autres alternatives qu'une intervention rapide pour éviter que les terroristes ne prennent la fuite avec des otages, exécutent les captifs ou fassent exploser le complexe. Une véritable catastrophe a été évitée», a affirmé en substance Mohamed Saïd, hier matin, sur les ondes de la radio nationale, en exprimant sa crainte de voir les opérations de recherche et de sécurisation, toujours en cours hier, ne révèlent d'autres victimes. Jusqu'à hier, le bilan provisoire donné par le ministère de l'Intérieur faisait état de 23 otages algériens et étrangers décédés, 32 terroristes abattus, 24 blessés et près de 800 travailleurs libérés à l'issue de l'intervention de l'ANP. Quant à l'arsenal militaire récupéré (missiles, lance-roquettes, fusils mitrailleurs ), Mohamed Saïd estime qu'il traduit la volonté des terroristes de faire le maximum de dégâts : «Il faut observer aussi que sur les 32 terroristes impliqués, seuls 3 sont d'origine algérienne, le reste provenant de 6 pays arabes, africains et non africains», a-t-il souligné en évitant de nommer ces pays. Il y a lieu de signaler, à ce propos, que des sources citées la veille par la télévision algérienne avaient affirmé que ces terroristes étaient de nationalités libyenne, néerlandaise, tunisienne, syrienne, égyptienne, malienne, yéménite et canadienne. Pour le ministre de la Communication, le mécontentement exprimé par certaines capitales étrangères, notamment Londres et Tokyo, de n'avoir pas été informées de l'intervention «est compréhensible» mais, aujourd'hui, toutes «se sont rangées à la thèse algérienne», se rendant à cette évidence que l'assaut était inévitable et qu'il n'y avait pas d'autres options. «La discrétion est capitale dans ce genre de situation» a-t-il expliqué en notant, par ailleurs, qu'une telle décision «relève de la souveraineté nationale». Dans le même sillage, Mohamed Saïd a expliqué que le verrouillage médiatique, déploré par nombreux pays et médias, était nécessaire en raison de la gravité de la situation et de l'hypothèse que certains médias auraient pu être complices des criminels: «Certaines informations distillées par des médias étrangers étaient peut-être destinées à aider les terroristes à réajuster leur tactique sur le terrain. Des médias, on l'a vu en direct, étaient en contact avec les terroristes ( ) Nous avons privé l'opinion publique de l'information parce que la sécurité des otages était en jeu», a-t-il justifié en assurant toutefois que les (rares) informations données étaient vraies et vérifiées sur le terrain. Convaincu que l'attaque terroriste était une tentative de déstabilisation de l'Algérie, l'intervenant a rappelé que la position algérienne, par ailleurs adoptée par d'autres pays comme les USA, était la même: «Pas de négociations avec les terroristes ( ) pas de paiement de rançon et pas de capitulation devant le chantage» a-t-il martelé en assurant que «la lutte contre le terrorisme continue». Alors qu'on ignore toujours la manière avec laquelle les terroristes ont réussi à pénétrer dans le site gazier du Sahara, le ministre de la Communication a rassuré sur la sécurisation des frontières qui, a-t-il dit, «a commencé dès les événements survenus en Libye» et, encore davantage, avec la dégradation de la situation au Mali. Conflit auquel le même intervenant affirme que l'Algérie ne prendra jamais part : «Nous n'interviendrons pas dans le conflit malien», a-t-il asséné en rappelant que l'Algérie a toujours milité pour une solution politique.