Sur les «les quelque 10.000 sites web» recensés en Algérie, «95% sont hébergés à l'étranger, du fait qu'ils trouvent une meilleure qualité des services proposés, à des tarifs plus intéressants», a déclaré Younès Grar, expert et consultant dans le domaine des technologies de l'information et de la communication (TIC), dans un entretien à l'APS. La bande passante est «sous-exploitée» en Algérie, ce qui pousse la majorité des sites à héberger à l'étranger où ils reçoivent un service «meilleur», a indiqué Grar. Mettant l'accent sur le rôle de la bande passante ainsi que l'importance du débit pour le lien, nécessaire pour assurer un service de qualité, ce spécialiste s'est interrogé sur l'état de ce domaine qui reste «limité» et «mal exploité» en Algérie, «malgré les moyens matériels humains et financiers dont dispose le pays». Grar a également relevé qu'à l'étranger, «avec l'utilisation de machines puissantes et de disques durs de grandes capacités, les serveurs sont hébergés en gigabits, soit une puissance mille fois plus que celle proposée en Algérie, où on en est encore avec le mégabits». «Plus la machine est puissante, plus la bande passante est disponible, et donc l'accès au site est plus facile, car le débit est très important pour le lien», a expliqué cet ancien P-DG de Gecos, provider de service internet. Selon lui, en Algérie, «la capacité d'une paire de fibre optique peut atteindre les 320 gigabits, sachant qu'un câble peut contenir jusqu'à une centaine de paires», a-t-il indiqué. «Mais ces capacités ne sont pas utilisées de manière optimale», a-t-il observé. Il a estimé, à ce propos, qu'»il s'agit là d'un problème lié à une mauvaise gestion, à une mauvaise planification et à un manque de savoir-faire», d'où la nécessité de prendre de «mesures urgentes», avec notamment «la mise en place de centres de données professionnels, fiables, et assurant la sécurité des données hébergées». Pour lui, le premier concerné est Algérie Télécom (AT) qui détient le monopole de l'ADSL. Elle a un rôle «assez important» à jouer pour se hisser au niveau des pays avancés dans ce domaine et être compétitive sur le marché. Et pour cela, elle doit, en premier lieu, se pencher sur les infrastructures, a-t-il recommandé. Selon lui, AT est appelée aussi à s'occuper des infrastructures lourdes, y compris les réseaux, le débit, la fibre optique, et de mettre en place des centres de données capables d'héberger un nombre important de bases de données. Et pour ce faire, l'Algérie ne manque pas de moyens, et possède les atouts pour y arriver à un niveau bien meilleur que l'actuel, à même d'attirer des serveurs à s'héberger dans notre pays, au lieu que les nôtres aillent à l'étranger, comme c'est le cas aujourd'hui, a-t-il relevé. Pour la directrice de la division réseau du CERIST, Mme El Maouheb, les hébergeurs privés, qui ont leurs infrastructures à l'étranger, «n'ont probablement pas les moyens de développer leurs propres infrastructures, parce qu'il faut disposer de locaux, de connexion Internet et aussi avoir un personnel technique compétent». Interrogée sur le contenu de la formation des cadres, techniciens et ingénieurs du CERIST, en relation avec le fonctionnement d'infrastructures d'hébergement, Mme El Maouheb a indiqué qu'ils faisaient plutôt de «l'autoformation». «Les hébergeurs privés qui disposent de leurs infrastructures en tant qu'hébergeurs pour offrir leurs services sont une minorité», a-t-elle souligné. «La majorité d'entre eux ne sont pas de vrais hébergeurs. Ils sous-louent leur matériel chez des étrangers», a-t-elle affirmé, relevant, en outre, qu'il existe «une minorité» parmi ces hébergeurs qui commence à développer une infrastructure et à y héberger des sites». Elle a toutefois souligné que «la formation n'est pas quelque chose d'inaccessible. Nous avons notre ligne de conduite qui fait que notre approche est d'introduire la technologie et de la maîtriser et de ne pas être de simples utilisateurs de la technologie». Pour elle, il est préférable d'augmenter le nombre d'hébergeurs de sites web afin, a-t-elle dit, de satisfaire la demande existante. «Le métier d'hébergeur doit se développer», a estimé Mme El Maouheb, appelant, cependant, à développer ce créneau avec des entités professionnelles qui œuvrent pour l'acquisition de l'infrastructure nécessaire et la formation de la ressource humaine, «au lieu des entités qui travaillent uniquement sur l'aspect commercial». A propos de la confidentialité et la sécurité informatiques des sites web, elle a indiqué qu'il existe des contenus qui sont confidentiels, et qu»'il serait «plus juste qu'ils soient hébergés en Algérie», sans donner d'autres détails sur les sites visés.