Le Premier ministre Abdelmalek Sellal rencontrera demain les walis en présence d'une dizaine de ses ministres pour préparer et le Ramadhan et la saison estivale. D'habitude un classique du genre, mais vu les circonstances exceptionnelles que traverse le pays, ce rendez-vous donne lieu à toutes les lectures envisageables. Sans revenir sur la maladie du président et ses conséquences en haut lieu, il serait naïf de croire que les décisions prises ces derniers mois sont dénuées de tout calcul et que le gouvernement, et à sa tête le Premier ministre, se sait surveillé par une opinion publique impatiente et un œil extérieur très intéressé. Cette rencontre ne constitue pas un événement exceptionnel en lui-même, cependant pris dans la conjoncture des derniers faits, il représente un jalon supplémentaire dans le processus d'un retour de Bouteflika aux affaires de l'Etat. Simple raccourci ou lecture biaisée de la scène politique domestique, il n'empêche que la visite de Sellal et de Salah Gaïd au chevet du président en France et surtout les déclarations du Premier ministre suggèrent un retour graduel du chef de l'Etat à son poste. La désignation d'un nouvel ambassadeur en France est encore un signe qui appuie cette hypothèse alors que cette réunion circonstancielle avec les walis et les ministres prépare certainement le lit à un prochain Conseil des ministres dont il faut encore arrêter la date et répond expressément à des directives présidentielles prises lors de la visite aux Invalides. Mais au-delà de ces considérations purement politiciennes, le menu du jour renvoie à un calendrier fortement redouté par les pouvoirs publics du moment qu'il coïncide avec une tension sociale «préfabriquée» par la mercuriale ramadhanesque et les coupures d'électricité qui touchent généralement les wilayas du Sud. Pourtant, et depuis des années et malgré tous les programmes mis en branle pour un été «tranquille», la rue a toujours grondé face à des hausses de prix inexpliquées que l'Etat n'a jamais pu enrayer. Pire, la tendance actuelle ces dernières années est au pourrissement et le citoyen, face à des commerçants sans foi ni loi, a cette fâcheuse impression qu'il est livré à lui-même en l'absence de tout contrôle de l'Etat. Si le mois du Ramadhan est celui de tous les excès, l'été, lui, fait sortir les gens du Sud dans des émeutes «électriques». Les délestages et les coupures intempestives restent le pire scénario qui puisse arriver ces tout prochains mois alors que la révolte des chômeurs couve toujours. Pour y remédier, 6.000 postes d'électricité ont été installés dans différentes wilayas, mais l'incertitude persiste. La présence des walis est aussi l'occasion de faire le point sur un dossier, «explosif» lui aussi, susceptible d'être le détonateur d'un soulèvement social. Le logement, éternel chantier de mécontentement, doit certainement être parmi les priorités des walis pour trouver des solutions dans les délais les plus courts si c'est possible. Force est de reconnaître que le gouvernement aura trois durs mois à passer à l'affût d'un quelconque signe de nervosité sociale pour préparer un retour dans la sérénité de Bouteflika.