On ne sait pas grand-chose des affaires à numéros de Sonatrach mis à part des communiqués vagues du parquet et des déclarations très générales du ministre de la Justice. Ce dernier a parlé pour Sonatrach 1 de découverte d'un «véritable réseau international de corruption dont les ramifications s'étendent à tous les continents». Et pour Sonatrach 2, Mohamed Charfi a affirmé que «90% de ceux qui y sont impliqués sont désormais connus», ajoutant que «certains sont entre les mains de la justice alors que d'autres font l'objet d'avis de recherche international». Il est manifeste que pour être informé de manière un peu plus précise, il faut lire la presse italienne qui relaie des informations de la justice de son pays. Là, on a des chiffres et des noms précis. Et s'il était déjà établi que des pots-de-vin ont été versés à des Algériens pour obtenir des contrats, les poursuites qui sont engagées contre Pietro Varone, la cheville ouvrière du système de corruption via Farid Bedjaoui, nous plongent dans un classique Nord-Sud : les commissions s'accompagnent le plus souvent de rétrocommissions. L'ancien directeur de la division ingénierie ne s'est pas contenté de verser des commissions, il en a reçu un «petit chouïa». Et il doit s'en expliquer devant la justice de son pays. Que fait la justice algérienne ? Ne préjugeons de rien car de toute façon on entend déjà la réponse : elle travaille suivant les règles et s'en tient au secret de l'instruction. Argument tout à fait respectable. Mais si les médias n'ont pas à connaître les «secrets de l'instruction», les actes officiels de la justice ne relèvent pas, ou ne devraient pas relever, du secret. En lisant la presse italienne, sans avoir entre les mains les papiers du parquet, on sait où en est la procédure et les personnes concernées par l'affaire et ceux qui pourraient être concernés. On sait même que la justice italienne veut saisir l'argent présumé sale de Farid Bedjaoui, un Algérien établi à Dubaï titulaire d'un passeport français. Tout comme on apprend que la même justice italienne a lancé un mandat d'arrêt international contre ce «neveu du système», selon la boutade d'un avocat. On ne sait pas, jusqu'à présent, si la justice algérienne a engagé des poursuites contre Farid Bedjaoui et s'il fait l'objet d'un mandat. On ne sait pas non plus si la justice algérienne a l'intention d'entendre l'ancien ministre de l'Energie Chakib Khelil, ni même si son nom figure dans les affaires à numéros de Sonatrach ! On dira, une fois de plus, que le «secret de l'instruction» prime. DANS LES MEDIAS ITALIENS QUI S'INFORMENT AUPRES DE LA JUSTICE, ON SAIT QUE L'ACTE D'ACCUSATION CONTRE LE SIEUR PIETRO VERONE NE FAIT PAS MYSTERE DES GENS QUI ONT PROFITE DU SYSTEME DE CORRUPTION MIS EN PLACE. ON A DES NOMS ITALIENS, BIEN SUR, LE NOM DE «L'INTERMEDIAIRE» ET «L'AMI NECESSAIRE» FARID BEDJAOUI, MAIS ON A AUSSI LE NOM DE CHAKIB KHELIL. PERSONNE NE PEUT DIRE QUE LA JUSTICE ITALIENNE N'A PAS DE RESPECT POUR LE PRINCIPE DE PRESOMPTION D'INNOCENCE. PERSONNE NE PEUT DIRE QU'ELLE N'AVANCE PAS, NI QU'ELLE N'INFORME PAS. POUR L'INSTANT EN ALGERIE ON A DES AFFAIRES A NUMEROS. ON ATTEND TOUJOURS L'INFORMATION POUR SAVOIR CE QUI SE FAIT DANS CETTE HISTOIRE OU DE DROLES DE «NUMEROS» ONT MIS A PROFIT LEURS POSITIONS DE CARREFOURS STRATEGIQUES DU SYSTEME POUR SE SERVIR. ON ATTENDRA SURTOUT DE SAVOIR L'AMPLEUR DU PREJUDICE QUE CES AFFAIRES ONT COUTE A L'ECONOMIE ALGERIENNE. EN ATTENDANT, LISONS LA PRESSE ITALIENNE ET OBSERVONS L'IMAGE, PEU JOLIE, QU'ELLE REFLETE DU PAYS.