La polémique enfle entre les voix qui dénoncent les pénuries de médicaments et les versions officielles qui rassurent et assurent de la disponibilité des médicaments dans les hôpitaux. Tout est parti d'informations, rendues publiques le 25 août dernier, faisant état de la pénurie de plusieurs médicaments au niveau des pharmacies et les professionnels d'évoquer une liste de 200 produits introuvables dans les officines. Des médicaments comme le Lévothyrox (ou levothyroxine) pour le traitement du goitre, le Zyloric 300, destiné au traitement des hyperuricémies symptomatiques primitives ou secondaires comme l'hémopathie, la néphropathie et l'hyperuricémie iatrogène ou encore l'Areva 20 mg indispensable dans le traitement du rhumatisme chronique, sont indisponibles au grand dam des malades obligés de recourir aux relais en France pour ramener un médicament au prix fort. En outre, les médicaments pour les maladies lourdes, tel le cancer, connaissent aussi de fréquentes pénuries. On parle également du Zanitra (acidefolique), du Maxilase (comprimé) ou encore le Gaviscon (maux d'estomac) et la pommade Mycocide, destinée au traitement des maladies de la peau, l'Extensiline indiquée en cas d'infections dues aux germes définis comme sensibles ou encore le sirop Histagon (traitement des manifestations allergiques) introuvables dans les pharmacies. Les premières réponses officielles sont venues du côté de la tutelle par le truchement de la directrice des produits pharmaceutiques au ministère de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, Mansouria Nebchi, qui a affirmé que tous types de médicaments, produits localement ou importés, sont disponibles dans les officines pharmaceutiques à travers le territoire national. « Les stocks de tous types de médicaments vont jusqu'à février 2014 », précisera-t-elle. Elle niera toute pénurie des médicaments destinés au traitement des rhumatismes chroniques, de l'anémie, de l'allergie et des maladies gastriques, alors que la réalité du terrain est tout autre. Les témoignages des malades en butte à des médicaments introuvables mettent à mal les déclarations des responsables de la santé en Algérie. De son côté, le directeur général de la pharmacie centrale des hôpitaux (PCH), Dr Chérif Delih, a indiqué, hier, que les médicaments sont disponibles jusqu'à février 2016. Cette disponibilité, la PCH la doit aux « mesures prises par l'Etat depuis 2012 et au nouveau statut de la pharmacie lui permettant de lancer des appels d'offres trimestriels au lieu d'annuels », expliquera-t-il. « Les hôpitaux ont versé préalablement 50% du montant des médicaments, ce qui permettra à la PCH d'assurer la disponibilité de ces produits vitaux à long terme et même un stock pour certains d'entre eux d'une durée de 3 à 6 mois », précisera encore M. Delih. Quant aux produits disponibles, il dira que les préférences de la PCH vont au produit local bien qu'il soit de 25% plus cher que celui importé. Au cœur des dernières pénuries de médicaments à cause d'une trésorerie déficitaire, le gouvernement avait, début 2012, effacé les dettes de la PCH estimées à plus de 30 milliards de DA et dégagé une enveloppe d'un montant de 3,9 milliards de DA en plus de facilités liées au crédit documentaire, faisant passer son capital de 20 milliards de DA en 2009 à 55 milliards de DA au 31 décembre 2013. Rappelons que de janvier à juillet, les importations algériennes de produits pharmaceutiques se sont chiffrées à 1,09 milliard de dollars contre 1,34 milliard de dollars durant la même période en 2012, en baisse de plus de 250 millions de dollars, selon les chiffres du Centre national de l'informatique et des statistiques des douanes (CNIS). En volume, les quantités importées ont en revanche augmenté à 23.201 tonnes contre 20.118 tonnes durant la même période de l'année écoulée.