Le Président américain Barack Obama a montré, samedi, quelques signes d'hésitation en annonçant qu'une éventuelle intervention militaire contre le régime syrien, pour le punir d'avoir 'gazé'' sa propre population à Damas, est entre les mains du Parlement. C'est contre toute attente, et alors que le discours de son ministre des Affaires étrangères était orienté vers des frappes militaires ciblées, que le président américain a pratiquement fait machine arrière, et confié la décision d'une telle mesure au Congrès. La veille, le discours de John Kerry avait, en fait, déjà donné le ton et la mesure pour des frappes militaires américaines contre la Syrie. Entre temps, le 'no'' britannique, le 'nein'' allemand et celui de l'OTAN, principaux alliés de Washington, auront refroidi les ardeurs des Américains. Les déclarations de Vladimir Poutine, le président russe, y sont pour quelque chose, également, selon des observateurs. Poutine avait demandé samedi aux Etats-Unis de fournir la preuve que le régime syrien avait utilisé des armes chimiques. «Concernant la position de nos amis américains, qui affirment que les troupes gouvernementales (syriennes) ont utilisé (...) des armes chimiques et disent avoir des preuves, eh bien, qu'ils les montrent aux enquêteurs des Nations unies et au Conseil de sécurité», a-t-il dit à des journalistes. «S'ils ne le font pas, cela veut dire qu'il n'y en a pas», a-t-il ajouté. Juste après le discours d'Obama, la Maison-Blanche a formellement demandé au Congrès américain son autorisation pour mener des frappes militaires en Syrie, afin de permettre au Président Barack Obama de «faire cesser» et «prévenir» les attaques avec des armes chimiques. Le projet de résolution, envoyé aux parlementaires, indique que le soutien du Congrès «enverrait un signal clair de l'attitude résolue de l'Amérique» sur cette question. «Le président est autorisé à utiliser les forces armées des Etats-Unis comme il l'estime nécessaire et approprié, en relation avec l'utilisation d'armes chimiques ou d'autres armes de destruction massive, dans le conflit en Syrie», prévoit le texte. Selon toute probabilité, une intervention militaire us contre la Syrie ne pourrait intervenir avant le 9 septembre prochain, alors que les preuves d'une éventuelle utilisation d'armes chimiques par le régime de Bachar Al Assad, contre la population d'un quartier de Damas, ne pourront être prouvées que dans une quinzaine de jours, selon un porte-parole de l'équipe des enquêteurs de l'ONU. Le recours à de telles armes représente «un défi au monde entier. Nous ne pouvons pas accepter un monde dans lequel des femmes, des enfants et des civils innocents sont gazés», affirmait encore M. Obama, vendredi, après avoir évoqué un nécessaire «coup de semonce» à venir contre le régime Assad. Quant aux échantillons recueillis par des experts de l'ONU sur des sites présumés d'attaque chimique à Damas, ils seront transmis aux laboratoires compétents à partir de lundi, a indiqué, hier, dimanche, l'ONU. «Les préparatifs pour répertorier les échantillons progressent et les échantillons vont commencer à être transmis aux laboratoires, demain», a ajouté le porte-parole de l'ONU Martin Nesirky. DAMAS DEFIE WASHINGTON Le report de frappes américaines que tous les experts présentaient comme imminentes a fait réagir le régime de Damas, hier dimanche. Le président Assad a annoncé que 'les menaces ne pousseront pas la Syrie à renoncer à ses principes et à sa lutte contre le terrorisme qui est soutenu par certains pays régionaux et occidentaux, au premier rang desquels les Etats-Unis». «Les grands perdants dans cette aventure, ce sont les Etats-Unis et leurs agents dans la région, en premier lieu, l'entité sioniste'', a-t-il ajouté. De son côté, l'opposition syrienne est «déçue» par la décision d'Obama de solliciter un vote du Congrès, avant des frappes contre l'armée syrienne, mais «pense que le Congrès va approuver» de telles frappes, a déclaré, dimanche, un responsable de l'opposition. Samir Nachar, membre de la direction de la Coalition nationale syrienne de l'opposition a affirmé qu' « on s'attendait à une frappe directe et imminente (...) mais nous pensons que le Congrès va approuver des frappes militaires ». « Nous avons ressenti une déception », a-t-il ajouté. « Mais, après le vote britannique, Barack Obama a voulu renforcer sa position et obtenir une couverture politique ». « Le rapport des services américains de renseignement contient des preuves irréfutables sur la responsabilité du régime dans cette attaque chimique », a-t-il ajouté. « Les membres du Congrès vont comprendre que le contexte est complètement différent de celui de l'Irak ». Au Caire, un conseil des ministres arabes extraordinaire s'est ouvert, dimanche, en début d'après-midi, avec au menu la question syrienne. C'est dans ce contexte que le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Saoud Al-Fayçal, a appelé les pays arabes à soutenir l'opposition syrienne. Et des frappes militaires punitives contre le régime syrien.