Le président américain Barack Obama pourrait décider de lancer une opération militaire contre le régime syrien même sans avoir obtenu l'aval du Congrès, a annoncé, hier, la chaîne télévisée Fox News. Malgré les déclarations du président qui avait annoncé son intention d'obtenir du Congrès le feu vert, il se réserve le droit de lancer une opération militaire en Syrie même en cas de vote négatif, a indiqué à Fox News, une source haut placée au sein du département d'Etat américain. Selon la source, le président Barack Obama, tout en annonçant sa décision, a souligné qu'il disposait de pouvoirs lui permettant d'entamer les actions militaires sans l'aval du Congrès, mais que le soutien des parlementaires "rendrait le pays plus fort". Samedi, le chef de l'Etat américain a soumis au Congrès une résolution ad hoc qui devrait être votée par la Chambre des représentants et le Sénat le 9 septembre au plus tôt.
L'opposition syrienne "déçue" par Obama L'opposition syrienne est "déçue" par la décision du président américain Barack Obama de solliciter un vote du Congrès avant des frappes contre l'armée syrienne, a déclaré, hier, un responsable de l'opposition. Par ailleurs, l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques a indiqué que l'analyse des échantillons prélevés en Syrie pourrait durer trois semaines. "Nous nous attendions à une frappe directe et imminente, a expliqué Samir Nachar, membre de la direction de la Coalition nationale syrienne de l'opposition. "Nous avons ressenti une déception", a-t-il ajouté. "Mais, après le vote britannique, Barack Obama a voulu renforcer sa position et obtenir une couverture politique". Le président américain a surpris samedi en annonçant sa décision de principe de frappes contre la Syrie, mais pas avant un feu vert du Congrès, écartant ainsi une action militaire à court terme. L'issue du débat est incertaine, de nombreux parlementaires restant sceptiques. Appui de la Ligue arabe "Le rapport des services américains de renseignements contient des preuves irréfutables sur la responsabilité du régime dans cette attaque chimique", a ajouté M. Nachar. "Les membres du Congrès vont comprendre que le contexte est complètement différent de celui de l'Irak". La Ligue arabe, qui se réunit dimanche, "va apporter un soutien très fort au recours à des frappes", a-t-il assuré. "La position turque est aussi très importante. Washington a besoin de ce soutien", a poursuivi M. Nachar. Le Premier ministre turc s'est déclaré insatisfait vendredi d'une possible action militaire limitée contre la Syrie, estimant que toute intervention devait avoir pour objectif un changement de régime dans ce pays. Laboratoires politiquement neutres. Par ailleurs, les experts de l'ONU envoyés en Syrie pour récolter des échantillons sont rentrés samedi à La Haye, aux Pays-Bas. L'équipe était arrivée le 18 août en Syrie pour enquêter sur plusieurs sites où régime et rebelles s'accusaient d'avoir eu recours à des armes chimiques. "Les échantillons doivent être envoyés dans une demi-douzaine de laboratoires à travers le monde, dans des pays qui ne sont pas impliqués politiquement", a expliqué le porte-parole de l'OIAC, Michael Luhan.
Poutine appelle les USA à se rappeler leurs opérations d'autrefois Avant de décider de frapper la Syrie, les Etats-Unis devraient se rappeler leurs opérations d'autrefois qui n'ont réglé aucun problème dans le monde, a estimé la veille devant les journalistes à Vladivostok (Extrême-Orient) le président russe Vladimir Poutine. "On doit se souvenir des événements de ces dernières décennies, se rappeler combien de fois les Etats-Unis ont pris l'initiative de conflits armés dans différentes parties du monde", a déclaré M. Poutine vouloir dire, si possible, par téléphone à son homologue américain, en s'adressant à lui non comme au président des Etats-Unis, mais comme au prix Nobel de la paix. "Est-ce que cela a résolu au moins un seul problème? En Afghanistan, en Irak, il n'y a pas d'apaisement, pas de démocratie tant recherchée par nos partenaires, il n'y a même pas de paix civile la plus élémentaire ni équilibre", a-t-il ajouté. Le président russe a appelé les Etats-Unis à bien réfléchir avant de décider des frappes aériennes qui ne manqueraient certes pas de faire des victimes, notamment parmi la population civile.
L'attitude de la Russie affaiblit le rôle de l'ONU (Merkel) Dans une interview accordée au quotidien régional " Augsburger Allgemeine ", la chancelière allemande Angela Merkel a regretté l'attitude adoptée par la Russie et la Chine dans la crise syrienne, leur reprochant d'affaiblir le pouvoir de l'ONU. "Il est très regrettable que la Russie et la Chine refusent depuis un certain temps une position commune sur le conflit syrien. Cela affaiblit considérablement le rôle des Nations unies à l'heure actuelle", a déclaré la dirigeante allemande. Or, Mme Merkel a réaffirmé que l'Allemagne ne pouvait participer à une intervention militaire qu'avec un mandat des Nations unies, de l'Otan ou de l'Union européenne. "Par conséquent, la question d'une participation de la Bundeswehr ne se pose pas maintenant", a martelé la chancelière. La Russie et la Chine, qui font partie avec les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni des cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU, ont bloqué à plusieurs reprises des projets de résolution du Conseil condamnant le régime de Bachar el-Assad. Ces deux pays sont opposés à une intervention militaire en Syrie. La situation en Syrie s'est aggravée le 21 août, date à laquelle certains médias hostiles au président Bachar el-Assad ont fait état de l'attaque chimique lancée par les troupes gouvernementales dans une banlieue de Damas. Selon les rebelles, cette attaque présumée pourrait avoir fait 1 300 morts. Des pays occidentaux, dont les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la France, ont profité de cette information non confirmée pour appeler ouvertement à une intervention militaire en Syrie sans l'aval du Conseil de sécurité de l'ONU. Les autorités syriennes ont démenti cette allégation, déclarant que l'armée n'avait jamais recouru aux gaz de combat. Moscou a estimé pour sa part qu'il s'agissait d'une provocation planifiée. Washington a toutefois rejeté la responsabilité de l'attaque sur le régime et engagé les préparatifs d'une intervention militaire en Syrie. Le porte-parole de la diplomatie russe Alexandre Loukachevitch a indiqué samedi que la menace américaine d'usage de la force contre la Syrie était inadmissible, et toute action militaire unilatérale, même limitée, sans l'aval du Conseil de sécurité de l'ONU était tout aussi inacceptable.
Le commandement de l'armée prêt à riposter à tout moment Le commandement militaire syrien est prêt à repousser une agression à tout moment, rapportent, avant-hier, les médias internationaux en référence à un haut responsable des services de sécurité du pays. "Nous nous attendons à une frappe occidentale à tout moment, et nous sommes prêts à riposter également à tout moment", a déclaré le responsable.
Réunion ministérielle de la Ligue arabe Les chefs de diplomatie des pays de la Ligue arabe se sont réunis, hier, 1er septembre au Caire, pour se pencher sur la situation en Syrie. Selon le secrétaire général adjoint de la Ligue Ahmed Ben Helli, initialement cette rencontre ministérielle était prévue demain, mais elle a été avancée à dimanche, à la demande de plusieurs Etats arabes, en raison des développements sur le dossier syrien. La Ligue arabe fait porter au régime syrien "l'entière responsabilité" de l'attaque chimique présumée dans une banlieue de Damas et estime que les coupables doivent comparaître devant la justice internationale.
La Jordanie submergée par des réfugiés Les autorités jordaniennes ont de plus en plus de difficultés pour accueillir et héberger des réfugiés syriens, dont l'afflux augmente sur fond de craintes d'une intervention étrangère quasi imminente en Syrie, rapporte samedi Radio Vatican en référence à l'ONG Caritas Internationalis. "Si des réfugiés affluent à de telles cadences, la situation risquera d'échapper à tout contrôle et dégénérer en catastrophe humanitaire", a déclaré Paolo Beccegato, représentant de cette ONG catholique qui a visité les camps pour réfugiés syriens en Jordanie. Et d'ajouter qu'il y avait à présent dans ce pays plus de 1,3 million de Syriens, près de 500 000 réfugiés irakiens et plus d'un million d'Egyptiens. Selon M. Beccegato, les femmes et les enfants constituent plus de 80% de tous les Syriens ayant trouvé refuge en Jordanie.