Pour la première fois depuis des années, la contrebande du bétail a baissé dans des proportions importantes. C'est le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Abdelwahab Nouri lui-même, qui l'a indiqué, la semaine dernière depuis Tiaret où il effectuait une visite d'inspection et de travail. Mais est-ce suffisant pour mettre le mouton à la portée de toutes les bourses et permettre à de nombreux Algériens de ne pas faire l'impasse sur une fête à la forte charge symbolique et spirituelle? En effet, la contrebande du bétail a régressé de 90% selon le ministre de l'Agriculture, avec un effet d'entraînement positif sur les prix des moutons, à quelques jours de l'Aïd El Adha. Lors d'un point de presse qu'il a animé en marge de sa visite dans la wilaya, Abdelwahab Nouri a expliqué que « l'Etat a déployé de grands efforts en matière de lutte contre ce phénomène qui menace l'économie nationale ( ), assurant que le marché du bétail est stable actuellement et connaît une abondance à l'approche de l'Aïd El Adha comparativement aux années précédentes». Le ministre a également indiqué que son département a mobilisé «les moyens nécessaires pour l'inspection vétérinaire et le contrôle des abattoirs à la veille de l'Aïd El Adha». Sur les marchés à bestiaux, à l'ouest du pays notamment, la tendance est effectivement à la baisse, après une certaine frénésie constatée dans certains souks, où une belle bête encornée a atteint jusqu'à 65.000 dinars. Cette année, les maquignons et autres spéculateurs risquent bien d'en prendre pour leur argent, pour au moins deux raisons : la disponibilité du bétail en grandes quantités (on parle de 26 millions de têtes au niveau national) et le comportement peu raisonnable du citoyen qui a appris à attendre le bon moment pour acheter son mouton. Même si les ventes n'ont pas réellement démarré, comme cela a été constaté ce samedi au marché à bestiaux à Tiaret, les prix, selon certains, devraient continuer à baisser jusqu'à la veille ou l'avant-veille du jour « J », où un bon antenais pourrait être acquis moyennant une somme raisonnable : autour de 15.000 dinars. Pour d'autres spécialistes de la question, le prix au détail des viandes rouges, jusqu'à 1300 dinars le kilogramme, n'est pas un bon indice pour aller tirer vers le bas les prix des moutons, à dix jours de l'Aïd. Dans une région, à la réputation un peu surfaite, celle d'y consommer la viande la moins chère du pays, le prix de l'ovin n'a pas encore baissé pour se mettre à la hauteur de la bourse du citoyen lambda. Surtout que la triche, encore et toujours, sévit avec ces faux éleveurs qui engraissent leur bétail aux hormones de croissance ou les nourrissent avec de l'aliment de volaille. L'importation de moutons malades du Maroc finit par rappeler la nécessaire vigilance du citoyen, qui risque bien d'être mangé à toutes les sauces. La semaine dernière, du côté des abattoirs municipaux de plusieurs villes de l'Oranie, les bouchers continuaient d'acquérir leurs ovins moyennant des prix assez stables. UN MOUTON POUR TOUS ! Pour les bourses les plus modestes, «cette année il y possibilité d'acheter un mouton pratiquement pour tout le monde, fatalement les prix vont continuer à baisser jusqu'au dernier jour» nous confie un éleveur, rencontré samedi au marché à bestiaux de Tiaret. Pour Khaled, un père de famille installé à son compte, il nous dit «attendre la veille de l'Aïd pour acheter, car les prix des moutons vont baisser sensiblement », croit-il mordicus. Pour le porte-parole de l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA), Hadj Tahar Boulenouar, même s'il est encore tôt pour parler de cherté des prix de l'ovin, les spéculateurs et autres intermédiaires «feront tout pour rendre la vie impossible au commun des citoyens». Pour ce représentant de l'UGCAA, «il n'est pas exclu que le prix du mouton soit plus cher cette année à cause également de la dévaluation du dinar, de l'improductivité du cheptel, comparé à un pays comme le Soudan qui compte 120 millions de têtes » selon lui. Pour le président de l'UGCAA, « il faut encourager la production de l'aliment de bétail pour pouvoir prétendre à une forte production de cheptel, et protéger les brebis des abattages ». Car, selon lui, si la production stagne depuis quelques années, c'est en raison de l'égorgement de brebis par des maquignons ou des intermédiaires qui commercialisent leur viande en tant que viande de mouton, c'est une question de profit » affirme-t-il. Les professionnels du domaine « l'exercent sans se soucier des conséquences, et c'est pour cette raison qu'il est nécessaire de renforcer le contrôle dans les abattoirs », souligne-t-il. Enfin, il est vrai que la rumeur a été exagérément amplifiée. Reste la fausse mercuriale des prix qui annonçait des hausses il y a quelques jours. A espérer enfin que la « bête « à sacrifier, ne sera pas - encore une fois - le modeste citoyen, déjà « essoré » jusqu'à la moelle par des dépenses incompressibles depuis le mois de Ramadhan, en août dernier.