Du côté des spéculateurs et autres intermédiaires, la chasse au moindre troupeau de cheptel a déjà commencé. Si certains sillonnent le territoire national, surtout les régions des Hauts-Plateaux, sur les traces de la transhumance, d'autres, aux carnets d'adresses pleins, passent à l'étape des contacts, histoire de marchander. Le mouton est devenu une affaire de gros sous qui incite même des médecins à se convertir en maquignons en pareille circonstance. Pour le porte-parole de l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA), Hadj Tahar Boulenouar, même s'il est encore tôt pour parler d'inflation du prix de l'ovin, les intermédiaires sont en train d'y spéculer. De ce fait, il n'écarte pas l'idée que le prix du mouton soit plus cher cette année à cause également de la dévaluation du dinar, de la contrebande et de l'improductivité du cheptel. « Cela fait des années que les professionnels tirent la sonnette d'alarme pour endiguer le fléau de la spéculation et de la contrebande qui porte atteinte au cheptel national. A vrai dire, les citoyens des pays voisins achètent à moindre coût la viande du mouton algérien que les Algériens. C'est insensé et il faut trouver une solution à cette saignée de l'économie nationale », souligne M. Boulenouar qui rappelle que le cheptel national oscille entre 20 et 22 millions de têtes d'ovin alors que le Soudan, « un pays qui n'a pas de moyens » compte 120 millions de têtes. Pour le président de l'UGCAA, il faut encourager la production de l'aliment de bétail pour pouvoir prétendre à une forte production de cheptel et ensuite protéger les brebis des abattages. Car, selon lui, si la production stagne depuis quelques années, c'est en raison de l'égorgement de brebis par des maquignons ou des intermédiaires qui commercialisent leur viande en tant viande de mouton. « C'est une question de profit. Les professionnels du domaine l'exercent sans se soucier des conséquences. C'est pour cette raison qu'il est nécessaire de renforcer le contrôle dans les abattoirs », souligne M. Boulenouar. Pour l'ex-président de l'Union libre des agriculteurs algériens, Kaïd Salah, les tueries anarchiques de brebis, l'absence de contrôle dans les abattoirs et la spéculation sont, entre autres, les facteurs de la baisse du nombre d'ovins en Algérie. Autre problème : « Comment peut-on avoir une forte production de cheptel et ignorer l'avancée du béton sur les terres de la Mitidja, des Hauts-Plateaux et des plaines d'El Taref ? », s'interroge-t-il.